COMMANDITÉ
La balle de golf

Bientôt tous dans le même panier !

Le 4 février 2020, la USGA et la R&A déposaient un rapport de 102 pages sur la distance au golf. L’augmentation graduelle des distances franchies concernant tous les secteurs du jeu est, selon eux, inquiétante. Ce rapport signalait que des changements potentiels dans les règles d’équipement se devaient d’être appliqués au cours des prochaines années. Cependant, on proposait un délai important pour la recherche et l’évaluation avant de passer à l’action. Quatre ans plus tard, soit en décembre dernier, les instances ont tranché : la balle de golf sera modifiée pour tout le monde afin de réduire les distances parcourues. Qu’est-ce que ça veut dire pour le commun des mortels ?

Entrée en vigueur… en 2028 et 2030

Les prochaines générations de balles de golf qui seront produites par les fabricants voyageront moins loin. Elles seront obligatoires pour les professionnels à partir du 1er janvier 2028, puis deux ans plus tard pour les golfeurs récréatifs. C’est donc dire qu’il se peut que les balles que vous avez actuellement dans votre sac de golf ne soient plus conformes en 2030. Seront-elles toujours dans votre sac ? C’est une autre question. Selon la USGA, seulement 30 % des balles d’aujourd’hui seront toujours en conformité avec les prochains standards.

Comment sera appliqué ce changement ?

Afin de réduire la distance parcourue d’une balle de golf, les critères d’évaluation de conformité seront modifiés. Depuis 2004, pour qu’une balle de golf soit conforme, elle ne pouvait franchir plus de 317 verges (avec une marge d’erreur acceptée de 3 verges) avec une vitesse d’élan de 120 mi/h et des conditions d’envol bien précises : 10 degrés d’angle d’envol et 2520 tr/min (tours par minute) pour ce qui est de l’effet rétro produit. La nouvelle série de conditions sera de 125 mi/h (201,2 km/h), 11 degrés d’angle d’envol et 2200 tr/min. Cependant, la balle devra toujours franchir un maximum de 317 verges sous ces nouvelles exigences.

Affecté différemment

De prime abord, on croyait à un recul d’environ 5 % de la distance pour tous les golfeurs. Cependant, l’analyse des données de la USGA indique que l’impact sera plus nuancé selon les compétences des adeptes. Les golfeurs les plus puissants du circuit de la PGA verront une réduction entre 13 et 15 verges sur leurs coups de départ. Les golfeuses sur le circuit de la LPGA anticipent une réduction de 5 à 7 verges. Pour ce qui est des golfeurs et golfeuses au niveau récréatif, ils verront une perte de moins de cinq verges sur leurs coups de départ. On mentionne également que la perte de distance ne sera pas perceptible avec les fers moyens et courts.

Encore des changements

Ce n’est pas la première fois que les normes à propos de la balle de golf font l’objet de changements. Depuis la standardisation de la distance au golf en 1976, les conditions d’évaluation ont été changées à trois reprises, soit en 1980, 2002 et 2004. Avant 2004, la vitesse d’élan utilisée pour les tests était de 109 mi/h (175,4 km/h), ce qui représentait la moyenne des golfeurs les plus puissants du circuit à ce moment-là. Voilà donc un bond de plus 15 mi/h (24,1 km/h) au cours des 20 dernières années.

Pourquoi ce changement ?

Selon le rapport sur la distance publié en 2020, les instances ont constaté une augmentation moyenne d’une verge par année sur les circuits professionnels. Cela a un impact sur la préparation des parcours où se déroulent les tournois sur lesquels on doit déplacer des tertres de départ, des fosses de sable, des arbres et augmenter les ressources nécessaires en eau. Selon Martin Slumbers, directeur général de la R&A, il s’agit de l’un des principaux moyens pour assurer la pérennité du golf, protéger l’intégrité du jeu et assurer la responsabilité environnementale.

La bifurcation refusée

Depuis le dépôt du rapport sur la distance en 2020, la critique populaire est essentiellement fondée sur les différentes réalités entre les circuits professionnels et les golfeurs récréatifs. La possibilité d’une bifurcation dès 2026, c’est-à-dire avoir deux règles distinctes, l’une pour les professionnels et l’autre pour les amateurs, a été proposée par les instances en mars 2023. Les différents intervenants de l’industrie avaient jusqu’à la mi-août de la même année pour donner leurs commentaires. La réaction a été plus que majoritaire : non à la bifurcation !

Pour l’unité !

Selon la USGA, au cours de la période d’écoute et de commentaires, c’était sans équivoque, que les golfeurs et l’ensemble de la communauté ont souhaité maintenir un jeu unifié avec un seul ensemble de règles. Ce changement au niveau de la balle, qui comprend une réduction de la vitesse lors des tests, permet d’atteindre cet objectif, endiguer la tendance à l’augmentation de la distance de frappe chez les golfeurs les plus puissants, tout en ayant un impact minimal sur les golfeurs amateurs.

Une moyenne en constante progression

C’est en 1980 que l’on comptabilisa pour la première fois sur le PGA Tour la distance des coups de départ. Selon un article publié sur le site de l’association PGA of America, c’est Dan Pohl qui menait cette colonne statistique avec une moyenne de 274,3 verges. La moyenne du circuit était alors de 256,89 verges. John Daly fut le premier golfeur à franchir la barre des 300 verges pour ce qui est de la moyenne de ses coups de départ et l’exploit est survenu en 1997.

La saison 2023 fut la plus puissante jamais enregistrée avec une moyenne globale de 299,9 verges sur le PGA Tour. Rory McIlroy a terminé au premier rang avec une statistique de 326,3 verges par coups de départ enregistré. C’est donc dire que les meilleurs golfeurs au monde ont gagné en moyenne plus de 40 verges au cours des 45 dernières années.

Saviez-vous que…

Selon différentes sources, 1,2 milliard de balles de golf sont produites chaque année à travers le monde. Le fabricant Titleist produit à lui seul plus d’un million de balles de golf par jour. En moyenne, un adepte perd entre trois et quatre balles par ronde.

Le diamètre d’une balle de golf conforme ne peut être inférieur à 42,67 mm, soit 1,68 pouce. Pour ce qui est de son poids total, elle ne peut peser plus de 45,93 grammes (1,62 once). Ces standards n’ont été appliqués à travers le monde qu’en 1990. Auparavant, du côté de l’Europe, une balle pouvait avoir moins de 1,68 pouce de diamètre, ce qui lui conférait un certain avantage étant donné sa plus faible résistance dans les aires.

On s’attaquera à la tolérance

Mentionnons que la USGA envisage de modifier au cours des prochaines années d’autres critères d’évaluation en matière de réactivité et de tolérance en ce qui a trait aux bois de départ. En plus d’étudier les performances lors des impacts décentrés, les instances désirent s’attarder plus spécifiquement au phénomène du « Driver Creep » où certains bois de départ viennent à dépasser les limites fixées en raison d’une utilisation constante et régulière. Sur le PGA Tour, Xander Schauffele et Rory McIlroy ont d’ailleurs déjà dû changer de bois de départ ayant échoué des tests de conformités.

Un texte de Jean-Sébastien Légaré, rédacteur, magazine Au 19e.

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