Une détresse répandue

Maggie Dona Cleary

18 ans

Obedjiwan

6 juillet 2007

Pendue

Maggie Dona Cleary a été trouvée pendue dans le cabanon derrière la maison d’un ami. À 18 ans, elle était déjà mère de trois enfants. Après avoir vécu quelques mois avec le père de ses enfants, elle était retournée vivre chez ses parents. Comme ceux-ci avaient des problèmes de consommation d’alcool et de drogues, elle avait ensuite déménagé chez sa grand-mère. La jeune femme avait elle-même des problèmes de consommation. Sa meilleure amie s’était suicidée deux mois plus tôt et Maggie avait écrit qu’un « bon jour » elle allait la rejoindre.

GRANDE ENQUÊTE LE DRAME IGNORÉ DES ENFANTS AUTOCHTONES

Une détresse répandue

Manawan est loin d’être la seule réserve à avoir été secouée par des suicides d’adolescents. Des tragédies similaires sont survenues dans plusieurs autres communautés autochtones au Québec. En voici quelques-unes.

Une détresse répandue

Timothy Ottokie

14 ans

Ivujivik

Suicide avec une arme à feu

23 juin 2004

Avant de se tuer, le garçon avait déclaré son amour à une jeune fille, qui lui avait répondu qu’elle préférait qu’ils restent des amis. L’ado de 14 ans n’avait pas de diagnostic de maladie psychiatrique parce que, souligne le coroner, « le service psychiatrique n’existe pas dans cette région éloignée ». Il s’est tiré une balle dans la tête, caché dans une cabane derrière sa maison.

Lydia-Paula Awashish

11 ans

Obedjiwan

Pendue

3 janvier 2002

« Encore un suicide chez une jeune Amérindienne », écrit d’entrée de jeu le coroner Mendoza Côté. Avant son suicide, l’enfant avait révélé qu’elle avait été agressée sexuellement par un membre de sa famille. Elle avait déjà fait d’autres tentatives. Un signalement avait été fait à la DPJ un an auparavant. Une travailleuse sociale l’avait rencontrée une première fois avec sa mère, mais sans parler des agressions sexuelles. Cette intervenante avait ensuite tenté à deux reprises de la rencontrer seule pour aborder la question, sans succès. La travailleuse sociale avait deux territoires à couvrir – Obedjiwan et La Baie – qui se trouvent à 500 km l’un de l’autre. La jeune travailleuse sociale avait remis son rapport au directeur des services sociaux d’Obedjiwan environ deux semaines avant le suicide de l’enfant. La petite a été trouvée pendue dans la remise attenante à la maison familiale.

Une détresse répandue

Alashuak Ivillaq

16 ans

Puvirnituq

Pendu

27 janvier 2001

L’adolescent était alcoolique et toxicomane. Après s’être disputé avec deux de ses frères, qui l’accusaient de leur voler des objets pour les revendre, il s’est enfermé dans sa chambre. Il a été trouvé pendu dans le placard. Sa mère s’est mise à crier : « Pas encore une autre fois ! » La sœur de l’adolescent s’était pendue deux ans plus tôt.

Une détresse répandue

David Fleming

18 ans

Kuujjuarapik

Suicide avec une arme à feu

28 mars 2004

Le jeune homme a mis fin à ses jours dans la maison familiale avec une arme à feu de calibre 12. Il avait déjà fait une tentative de suicide à 14 ans, mais il n’en avait jamais reparlé par la suite. C’est à cet âge qu’il a présenté les premiers signes de schizophrénie. Sa famille et lui-même avaient beaucoup de difficulté à comprendre les implications de ses problèmes de santé mentale. Il a été hospitalisé à plusieurs reprises pour des épisodes psychotiques. Habituellement, quand ses parents quittaient la maison pour une longue période, ils avertissaient le service social et celui-ci plaçait David temporairement. Cette fois-ci, ses parents n’avaient pas averti le CLSC qu’ils partaient pour deux semaines. Quelques heures après s’en être pris physiquement à l’un de ses frères, David s’est suicidé.

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