La victoire, et ça presse

Le coup salaud de Morgan Rielly fait oublier les ennuis des Maple Leafs

Le dangereux assaut de Morgan Rielly à l’endroit de Ridly Greig samedi, un violent double échec au cou passible d’une suspension de plus de cinq matchs, aura rendu service aux Maple Leafs de Toronto à au moins un chapitre : détourner l’attention des pénibles performances de l’équipe.

Cette défaite de samedi contre les Sénateurs d’Ottawa était la septième en 12 matchs pour Toronto. Les Maple Leafs sont toujours bien positionnés en prévision d’une participation aux séries éliminatoires, mais ils doivent se remettre à gagner, sans quoi la fin de saison provoquera des sueurs froides à l’organisation et à ses partisans.

Les Leafs ont déçu en séries éliminatoires ces dernières années, malgré leurs succès en saison. Ils ont toujours terminé dans le top 6 du classement général depuis 2020. Ils pointent au 13rang cet hiver, et la 16équipe au classement, les Blues de St. Louis, a seulement deux points de retard sur eux.

Tout peut survenir une fois en séries. Parlez-en aux finalistes de l’an dernier, les Panthers de la Floride, 17es au classement de la LNH, avec un point de moins que les Flames de Calgary, pourtant exclus des éliminatoires dans l’Ouest, mais on pouvait s’attendre à mieux de leur part, avec un noyau dans la force de l’âge.

Sans surprise, l’attaque ne pose pas problème. Les Maple Leafs se classent au quatrième rang au chapitre des buts marqués par match, avec une moyenne de 3,44, et au troisième rang pour l’efficacité en supériorité numérique, sous l’autorité de leur nouvel entraîneur spécialiste en la matière, Guy Boucher. Ils occupent toutefois le 22rang pour les buts accordés par match et le taux de succès en infériorité numérique.

On ne pouvait pas prévoir une telle déconfiture de leur gardien Ilya Samsonov après sa brillante saison l’an dernier. La recrue Joseph Woll a brillé, avant de se blesser au début de décembre. Le vétéran Martin Jones, embauché l’été dernier pour un an à 875 000 $, sauve les meubles.

Les autres acquisitions estivales ont constitué un coup d’épée dans l’eau pour la plupart. Heureusement, il s’agissait d’ententes à court terme. On aurait probablement gardé Ryan O’Reilly si celui-ci avait voulu rester, mais on s’est rabattu sur Max Domi et Tyler Bertuzzi à l’attaque.

Domi ne nuit pas au centre du troisième trio. Sa fougue et sa vitesse demeurent des atouts, mais sa compréhension du jeu collectif ne s’améliorera pas, à bientôt 29 ans. Il a marqué son cinquième but seulement de la saison samedi contre les Sénateurs. Il s’agissait aussi pour lui d’un troisième point seulement en 15 matchs. Il a récolté 25 points en 50 matchs. On s’attend à un peu mieux offensivement pour 3 millions par année.

Bertuzzi est encore plus décevant. On a payé plus de 5 millions pour l’obtenir. N’avait-il pas marqué 30 buts il y a deux ans ? Or, il a marqué un seul but de plus que Domi, même s’il a joui des meilleurs partenaires de trio possible. Bertuzzi a un seul but à ses 30 dernières rencontres. Ça va au-delà de la léthargie.

Le défenseur droitier John Klingberg a duré 14 matchs (désastreux), avant d’être placé sur la liste des blessés à long terme. Il soulage au moins la direction de 4,1 millions sur la masse salariale. Comme pour Domi et Bertuzzi, il a reçu un contrat d’un an seulement.

Le colosse Ryan Reaves, 37 ans, d’abord reconnu pour ses talents pugilistiques, n’apporte pas grand-chose sur une patinoire, seulement deux points en 25 matchs, à part la triste distinction de s’être façonné une fiche de - 12 en jouant seulement sept minutes par rencontre, mais il constitue un incontournable pour les médias dans le vestiaire. Il touchera 1,35 million à nouveau l’an prochain, et la saison suivante. C’est cher payé pour donner de bonnes histoires à nos confrères torontois et presque rien sur une glace…

L’embauche de l’attaquant de soutien David Kampf n’a pas beaucoup retenu l’attention. Il avait amassé 8 points en 46 matchs avant de tomber au combat. Kampf, 29 ans, touche 2,4 millions par saison. Il lui restera trois ans de contrat.

Le nouveau directeur général à Toronto, Brad Treliving, qui a laissé les Flames de Calgary dans un état lamentable, a accordé tous ces nouveaux contrats. Difficile cependant de mesurer son degré d’influence, avec la présence au-dessus de lui de l’omnipotent président Brendan Shanahan.

On blâmera sans doute l’entraîneur-chef Sheldon Keefe si la saison des Leafs se termine en queue de poisson. Ou encore chantera-t-on les louanges de la direction si Toronto se replace et surprend en séries, comme les Panthers de la Floride l’ont fait l’an dernier. Les joueurs et les dirigeants ont toujours le privilège d’avoir le dernier mot. Pour le meilleur et pour le pire.

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