Grande entrevue Madeleine Paquin, PDG de Logistec

La constance dans la durée

Active dans le transport maritime depuis 71 ans et dans les solutions environnementales depuis 30 ans, Logistec a été en mesure de traverser la crise de 2020 sans trop de heurts même si ses activités ont été perturbées par la rupture de la chaîne d’approvisionnement mondiale en raison de la pandémie. L’entreprise vient de réaliser la plus importante acquisition de son histoire et sa PDG, Madeleine Paquin, nous explique les raisons de cette constante longévité.

Logistec a fait l’acquisition il y a deux semaines de FMT, la division des terminaux maritimes de l’entreprise montréalaise Fednav, elle aussi active dans le transport maritime depuis plus de 70 ans.

Cette transaction de 105 millions US permet à Logistec d’acquérir 11 terminaux maritimes dans autant de ports au Canada et aux États-Unis et de porter à 90 le nombre de ses sites de transbordement de marchandises internationales.

« C’est notre plus grosse acquisition, qui nous ouvre les portes à sept nouveaux ports où on n’était pas présents et qui va renforcer nos équipes. On est très contents de l’avoir réalisée, surtout que l’on connaît bien Fednav avec qui on fait affaire depuis des décennies », souligne Madeleine Paquin.

Depuis son entrée en Bourse, l’entreprise a toujours généré des bénéfices et n’a jamais enregistré une année déficitaire.

C’est son père, Roger Paquin, qui a fondé Logistec en 1952 et qui l’a inscrite à la Bourse en 1969. Madeleine Paquin a pris la relève en 1996 et la famille Paquin détient encore aujourd’hui 45 % des actions de l’entreprise.

« Depuis 1996, on n’a jamais fait de nouvelles émissions d’actions. On a financé notre croissance par endettement et avec nos liquidités », insiste la PDG.

La Caisse de dépôt et placement est devenue un important actionnaire de Logistec en 2015 et a toujours soutenu l’entreprise dans ses projets d’expansion, mais l’institution n’a pas participé au financement de la dernière acquisition. « On s’est entendus avec nos partenaires bancaires, la Banque de Montréal et la Banque TD, on n’a pas eu besoin de la Caisse », précise Madeleine Paquin.

Une entreprise à deux têtes

Si on connaît mieux Logistec pour ses activités maritimes et sa forte présence au port de Montréal, sa division de services environnementaux Sanexen occupe une place de plus en plus importante au sein du groupe.

« On a fait l’acquisition de Sanexen, qui faisait la gestion des BPC, il y a 30 ans, c’était un investissement de 700 000 $. Par la suite, le groupe s’est diversifié dans la restauration de sites contaminés et s’est lancé dans l’eau potable.

« On a développé des solutions et des technologies pour purifier l’eau des contaminants à proximité des sites industriels ou des sites d’enfouissement. Notre technologie permet de s’attaquer aux composés perfluorés, les PFAS dont on a beaucoup entendu parler récemment. On prévoit des développements de ce côté en 2023 », explique Madeleine Paquin.

Sanexen a longtemps été gérée de façon indépendante, mais Logistec, qui en contrôlait 70 % des actions, a racheté les 30 % restants au comité de gestion en 2016.

« Aujourd’hui, on a 100 % de Sanexen. Le groupe réalise près de 350 millions des 900 millions de revenu qu’on a fait l’an dernier. Notre objectif, c’est que chacune de nos deux divisions enregistre des revenus de 1 milliard. »

— Madeleine Paquin

Un objectif réaliste d’autant que l’acquisition de FMT, conclue il y a deux semaines, va permettre au groupe d’afficher des revenus totaux de 1 milliard.

Depuis que Madeleine Paquin en a pris la direction en 1996, le groupe s’est toujours donné comme objectif de doubler de taille tous les cinq ans, ce qu’il a réussi à faire trois fois sur quatre, souligne la présidente.

Des hommages en cascade

Au cours des dernières années, Madeleine Paquin s’est illustrée sur la scène des entreprises canadiennes, comme en témoignent les nombreux hommages dont elle a été l’objet.

En 2019, Mme Paquin a été admise au sein du Cercle des grands entrepreneurs du Québec, en compagnie de Jean Coutu (Groupe Jean Coutu), Guy Laliberté (Cirque du Soleil) et des frères Alain, Laurent et Bernard Lemaire (Groupe Cascades).

En 2021, Madeleine Paquin a reçu le Grand Prix de l’Entrepreneur EY du Canada. L’an dernier, elle a obtenu le prix des Grands bâtisseurs de l’économie du Québec de l’Institut sur la gouvernance (IGOPP) pour souligner l’audace, l’innovation et le mérite exceptionnel.

Enfin, au mois de mai prochain, Madeleine Paquin sera honorée lors de son intronisation au sein du Temple de la renommée de l’entreprise canadienne 2023. Ça fait beaucoup d’hommages en peu de temps !

« Je suis toujours surprise de recevoir de tels honneurs. Ça nous permet de voir le chemin parcouru, de revenir sur l’évolution de notre entreprise, de repenser aux gens qui nous ont aidés. On n’est pas très connus, mais on connaît bien nos métiers. Je suis contente, mais je suis surtout fière de nos équipes, des prix comme ceux-là, ça énergise tout le monde », souligne Madeleine Paquin.

Même si elle est toujours bien occupée à superviser le développement des activités de Logistec, Madeleine Paquin aime bien encore aller visiter les sites où le groupe est en activité.

À la fin du mois, elle se rendra au port de Sept-Îles pour participer aux cérémonies qui vont souligner les 50 premiers millions de tonnes de minerai de fer qui ont transité au nouveau quai multifonctionnel de la municipalité de la Côte-Nord. Les débuts d’une longue et constante activité portuaire.

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