Quatre mots pour comprendre

La poudre pour bébé au banc des accusés

La poudre pour bébé, un produit considéré comme inoffensif jusqu’à tout récemment, est maintenant au banc des accusés. Le géant Johnson & Johnson vient d’être condamné à payer 72 millions US à une femme morte des suites d’un cancer des ovaires attribué à son usage de la poudre pour bébé qui porte son nom. Une histoire à suivre.

La poudre pour bébé, un produit considéré comme inoffensif jusqu’à tout récemment, est maintenant au banc des accusés. Le géant Johnson & Johnson vient d’être condamné à payer 72 millions US à une femme morte des suites d’un cancer des ovaires attribué à son usage de la poudre pour bébé qui porte son nom. Une histoire à suivre.

Précédent

Le jury d’un tribunal américain a condamné le géant pharmaceutique Johnson & Johnson à payer 72 millions US à la famille d’une femme morte des suites d’un cancer des ovaires attribué à l’usage de la poudre pour bébé bien connue. Jackie Fox avait saupoudré ses sous-vêtements de poudre pendant des années en se fiant à la publicité et à la bonne réputation de ce produit en vente depuis 1894 et destiné d’abord aux bébés. Johnson & Johnson a par la suite vendu une version de son produit spécifiquement à des fins d’hygiène féminine sous le nom de Shower to Shower, une marque achetée par Valeant en 2012.

Doutes

Les premiers liens entre l’usage du talc, le principal ingrédient de la poudre pour bébé, et le cancer des ovaires remontent aux années 70, mais ils n’ont jamais été prouvés hors de tout doute. Johnson & Johnson affirme que le talc n’est pas plus cancérigène que la viande rouge ou le café, qui sont aussi régulièrement associés au développement de la maladie. En 1999, la Société américaine du cancer a toutefois conseillé aux femmes de choisir des produits à base de fécule de maïs. Johnson & Johnson a aussi mis sur le marché une version de sa poudre pour bébé contenant de la fécule de maïs plutôt que du talc, mais la version originale est toujours en vente.

Talc

Le coupable présumé est un élément naturel, le silicate de magnésium, qui est utilisé depuis des siècles à des fins cosmétiques. Il est l’ingrédient principal de la version originale de la poudre pour bébé Johnson & Johnson, qui est considérée comme un produit cosmétique et, par conséquent, n’a pas à être approuvé par l’autorité américaine en matière de santé, la Food and Drug Administration. Johnson & Johnson, qui a déjà retiré tous les composants chimiques controversés de ses produits pour bébé, comme le formaldéhyde et le triclosan, n’estime pas nécessaire de prévenir ses clients des risques possibles du talc avec un avis sur le contenant de sa poudre pour bébé. Le seul avertissement concerne les risques associés à l’inhalation du produit.

Poursuites

Johnson & Johnson fait face à plus d’un millier de poursuites de la part de victimes du cancer qui ont utilisé ses produits, soit la poudre pour bébé et Shower to Shower. L’entreprise, qui a fait savoir son intention d’en appeler du verdict rendu dans le cas de Jackie Fox, est habituée de se défendre devant les tribunaux. Depuis 2013, elle a dépensé 5 milliards US pour régler des poursuites intentées contre un des nombreux produits qui portent son nom. La poudre pour bébé a généré des revenus annuels de 374 millions US en 2014, une maigre part de ses revenus totaux de 70 milliards US. Mais il s’agit du produit qui a lancé Johnson & Johnson et a contribué à en faire un leader du marché des produits pour bébé, dont les ventes s’élèvent à 2 milliards US par année.

— Avec Bloomberg

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.