Prestation canadienne d’urgence

Les victimes de fraude ne devraient pas être pénalisées, dit l'Agence du revenu

Les victimes de fraude ne devraient pas être privées de leur Prestation canadienne d’urgence (PCU), assure l’Agence du revenu du Canada (ARC), qui n’explique cependant pas pourquoi des citoyens n’ont pu recevoir leurs chèques d’aide fédérale après avoir été ciblés par des escrocs qui ont usurpé leur identité.

« Nous voulons assurer toutes les victimes de vol d’identité qu’elles ne seront pas tenues responsables de l’argent versé aux fraudeurs qui ont utilisé leur identité », écrit Christopher Doody, porte-parole de l’ARC, dans une déclaration envoyée à La Presse lundi.

« De plus, les victimes d’usurpation d’identité qui sont admissibles à un paiement de prestation d’urgence continueront de recevoir ce paiement. Nous travaillerons avec eux pour nous assurer qu’ils ne seront pas affectés négativement au cours de la prochaine période de déclaration de revenus en raison des activités frauduleuses dans leur dossier. Des mesures seront également prises dans leur compte pour empêcher que d’autres paiements non autorisés ne soient émis. »

Or, des victimes de fraude ont relaté une tout autre expérience, dans un article publié lundi par La Presse.

Kathy Robinson et Jean-François Legentil sont privés de leur chèque de PCU depuis plusieurs mois, parce que des malfaiteurs ont touché l’aide fédérale en usurpant leur identité.

Tous deux racontent avoir passé de longues heures au téléphone avec des employés de l’ARC, sans réussir à faire rétablir le paiement de leurs prestations.

« Dès que l’Agence est informée d’un cas présumé de fraude d’identité, elle prend des mesures de précaution sur le compte du client, effectue un examen approfondi et contacte les victimes potentielles pour les informer de la situation. Le cas échéant, l’Agence collabore avec la Gendarmerie royale du Canada, le Centre antifraude du Canada (CAC) et la police locale pour enquêter sur l’incident », affirme Christopher Doody, dans sa déclaration.

Il souligne que les arnaques visant les contribuables sont en hausse, et assure que l’ARC adapte ses pratiques, notamment pour prévenir les fraudes liées à la PCU. « Dans certains cas, les demandeurs peuvent être invités à appeler le Service canadien de validation des prestations d’urgence et de protection de l’identité (SCVPUPI) de l’Agence avant de recevoir leur prochain versement. Également, l’Agence du revenu du Canada suspendra le traitement des demandes de PCU suspectes jusqu’à ce que le demandeur ait fourni des pièces justificatives pour prouver son identité », indique M. Doody.

Plus de fraudes au Québec

Autre mesure pour contrer la fraude : l’ARC permet maintenant aux contribuables de créer un numéro d’identification personnel (NIP) pour leur compte, afin de s’identifier rapidement et de façon plus sécuritaire, en accédant au service « Mon dossier » de l’ARC.

Le CAC avait reçu, en date du 31 juillet, 1333 signalements de fraudes liées à la PCU au pays, dont 623 au Québec. Les victimes ne font pas toujours un signalement au CAC, cependant.

Selon une source policière, les plaintes seraient plus nombreuses au Québec, en proportion de l’ensemble du Canada, en raison des importantes fuites de données personnelles chez Desjardins, il y a quelques mois.

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a reçu à lui seul 734 plaintes pour des fraudes liées à la PCU, depuis l’instauration du programme fédéral, révèle le porte-parole du corps policier, Manuel Couture.

Une quarantaine de ces plaintes sont traitées par le SPVM, « quand il y a des arrestations potentielles ou des enquêtes qui peuvent débloquer », explique l’agent Couture. Les autres sont transmises à l’ARC, ajoute-t-il.

L’ARC indique qu’elle poursuit son enquête, en collaboration avec la Gendarmerie royale du Canada (GRC), mais qu’elle n’est « pas en mesure de partager l’information concernant le nombre de victimes de fraude en ce moment afin de ne pas compromettre l’enquête ».

effet cardioprotecteur de la colchicine

« Des résultats comme ça, on voit ça une fois par siècle »

Des cardiologues de l’Institut de cardiologie de Montréal (ICM) ont présenté la fin de semaine dernière à un congrès européen de nouveaux résultats sur la colchicine, médicament contre la goutte qui est utilisé depuis longtemps et qui coûte trois fois rien.

« Des résultats comme ça, on voit ça une fois par siècle », explique Jean-Claude Tardif, cardiologue à l’ICM. « Un collègue hollandais qui présentait d’autres données impressionnantes sur la colchicine me disait qu’on change l’histoire de la médecine, qu’il faudra revoir toutes les lignes directrices. »

La colchicine a des effets cardioprotecteurs parce qu’elle diminue l’inflammation. Pour cette même raison, le DTardif a lancé en avril une étude sur la colchicine pour traiter la COVID-19, qui devrait donner des résultats préliminaires d’ici la fin de septembre.

L’étude hollandaise est importante parce qu’elle porte sur des patients ayant des antécédents de maladie coronarienne, contrairement à l’étude du DTardif parue l’an dernier, qui se penchait sur des gens qui venaient de faire une crise cardiaque. Chez les patients hollandais, donc certains n’avaient eu qu’une coronarographie à la suite de douleurs ou d’essoufflement, le risque de crise cardiaque ou d’AVC était diminué de 31 % dans les deux ans de suivi. La réduction est comparable à celle observée par le DTardif.

Les trois études présentées au congrès de la Société européenne de cardiologie par le DTardif portaient sur l’administration plus rapide, dans les trois jours après une crise cardiaque, de colchicine, sur l’impact pour les patients recevant une endoprothèse, ainsi que sur les facteurs génétiques prédisposant à des réactions négatives à la colchicine. Dans les deux premiers cas, l’effet cardioprotecteur de la colchicine est encore plus important. Et les – rares – effets secondaires négatifs de la colchicine, essentiellement gastro-intestinaux, semblent liés à un gène aussi impliqué dans la maladie de Crohn, qui est auto-immune et vise aussi le système gastro-intestinal.

« Ce sont des résultats très importants pour les cliniciens, dit le DTardif. Nous allons maintenant nous pencher sur l’impact cardioprotecteur chez les patients atteints de diabète de type 2, qui ont un risque accru d’évènement cardiaque. »

L’étude de patients ayant un haut taux de cholestérol, actuellement traités avec des statines, des médicaments causant des douleurs musculaires chez une proportion non négligeable de patients, est aussi au menu.

Le risque de cardiopathie est élevé chez les patients ayant déjà eu un évènement ou faisant de l’athérosclérose. Dans l’étude hollandaise, 9,6 % des patients du groupe placebo ont eu un évènement cardiaque dans les deux ans de suivi, contre 6,8 % pour les patients traités avec la colchicine.

Étude Colcorona sur la COVID-19

L’étude Colcorona sur la COVID-19 a-t-elle été compliquée par les autorisations prématurées de médicaments aux États-Unis, sous la pression du président Donald Trump ? « On avait peur, mais il ne l’a pas mentionnée, dit le DTardif. On a des participants aux États-Unis, on commence dans deux jours au Brésil, la semaine prochaine en Colombie, on est en Espagne et en Afrique du Sud, on commence bientôt en Israël. »

Le DTardif est sorti ébranlé de sa lecture du document récent de l’Agence pharmaceutique américaine (FDA) qui autorisait le plasma convalescent pour traiter la COVID-19. « Il n’y avait pas de groupe contrôle, je n’ai jamais vu ça. Ça me rappelle les débuts du sida, quand il y avait des manifestations contre les études avec groupe contrôle. Si on ne fait pas ça de manière rigoureuse, on n’aura jamais les réponses. »

Procès du Hells Angel Claude Gauthier

Le juge pourra entendre toutes les conversations

Le Hells Angel Claude Gauthier, dont le procès pour gangstérisme et complot pour trafic de stupéfiants se poursuit à Montréal, a échoué lundi matin dans sa tentative visant à faire exclure de la preuve des dizaines de conversations dans lesquelles il est impliqué et qui ont été interceptées par les policiers.

Dans une décision détaillée de 25 pages, le juge Claude Leblond, de la Cour du Québec, conclut même « que la réputation d’une organisation criminelle à laquelle appartient une personne peut être prise en considération par un juge autorisateur [qui autorise un mandat] car il ne s’agit pas alors de décider de la culpabilité ou de l’innocence de cette personne ».

Il s’agit d’un second revers en cour pour les Hells Angels en quelques semaines ; au début du mois, la juge Hélène Di Salvo, de la Cour supérieure, a confirmé une décision de première instance voulant que les vestes et les bijoux des Hells Angels pouvaient être confisqués, non pas parce qu’un crime avait été démontré, mais parce que ces biens sont teintés par la criminalité.

agent turbulent, mais fiable

Au cours de l’enquête Orque à l’issue de laquelle l’Escouade nationale de répression du crime organisé a démantelé un réseau de trafiquants de stupéfiants qui exerçait ses activités notamment dans la région de Saint-Jean-sur-Richelieu, les enquêteurs ont installé une caméra clandestine chez Gauthier à Nicolet, des micros dans ses véhicules et ont écouté ses conversations téléphoniques et celles de ses présumés complices.

La défense, assurée par Me Mylène Lareau et Me Annie Lahaise, voulait faire exclure ces conversations, notamment parce que les motifs qui avaient permis leur interception contrevenaient, selon elles, à la Charte canadienne des droits et libertés.

Un coaccusé et membre des Hells Angels déjà condamné dans Orque, Pascal Facchino, s’est rendu à 20 reprises chez Gauthier durant l’enquête.

Les registres téléphoniques indiquent que plusieurs coaccusés ont appelé Gauthier, et celui-ci l’a fait plusieurs fois également.

Le juge a également tenu compte des antécédents en matière de trafic de stupéfiants des personnes qui communiquaient avec Gauthier, ou avec qui ce dernier communiquait, et l’appartenance de certaines à une organisation criminelle.

Durant les débats sur la requête, la défense a fait valoir que le juge qui avait autorisé les mandats ne pouvait se servir de la connaissance judiciaire que les Hells Angels sont une organisation criminelle, car la rencontre avec le policier qui rédige les déclarations sous serment se fait ex parte, c’est-à-dire en l’absence d’autres parties.

La poursuite, représentée par Me Marie-France Drolet et Me Isabelle Poulin, a plaidé que les Hells Angels avaient une réputation en tant qu’organisation criminelle au cœur du trafic de drogue au Québec. Le juge Leblond leur a donné raison.

Il a statué que la source était fiable, que le juge autorisateur avait « un tableau assez réaliste de la malhonnêteté de l’ACI [agent civil d’infiltration] » et qu’il pouvait autoriser les mandats.

Pour joindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, poste 4918, écrivez à drnaud@lapresse.ca ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.

Montréal

Le campement Notre-Dame n’a pas bronché

Les tentes n’avaient pas bougé, lundi soir, en bordure de la rue Notre-Dame, dans le quartier Hochelaga. Les occupants, qui se sont multipliés depuis le 1er juillet, font la sourde oreille à la demande de la Ville de Montréal et du MTQ, qui voulaient qu’ils quittent les lieux avant la fin du mois. Tel que promis, la Ville n’a pas eu recours à la force pour les disperser. « La police est venue, et ils nous ont dit qu’ils ne nous achaleraient pas, qu’il n’y a aucune plainte et qu’on ne dérange pas », a dit Guylain Levasseur, lundi soir, au campement de fortune. « Personne ici n’a l’intention de partir. » Lundi soir, il y avait même de nouveaux arrivants qui s’y installaient, fraîchement évincés de leur appartement au 1er septembre. Le campement, qui a commencé à prendre forme cet été, est composé notamment de locataires évincés de leur appartement au 1er juillet. La Ville de Montréal, qui a toléré leur présence durant plusieurs semaines, faute de ressources, demande maintenant aux occupants de quitter les lieux et de se diriger dans les nouvelles ressources d’hébergement pour itinérants annoncées la semaine dernière. Un premier centre d’urgence ouvrait ses portes lundi, dans l’arrondissement de Mercier–Hochelaga-Maisonneuve. Or, les occupants du campement n’ont pas l’intention de s’y rendre. En entrevue au 98,5, lundi soir, la mairesse Valérie Plante a réitéré qu’elle « n’enverrait pas la police », mais que la situation n’était pas viable « sur le long terme ». — Audrey Ruel-Manseau, La Presse

pont Jacques-Cartier

La piste multifonctionnelle ouverte pendant l’hiver

Les piétons, coureurs et cyclistes de la grande région de Montréal profiteront désormais de la piste multifonctionnelle du pont Jacques-Cartier peu importe la saison. La piste et le trottoir du pont seront ouverts aux usagers cet hiver pour favoriser le transport actif. « Pour le gouvernement du Canada, le transport actif est au cœur de nos priorités. Il répond aux besoins et aux attentes des citoyens qui veulent se déplacer tout en améliorant leur santé et leur bien-être et sans produire d’émissions », s’est réjouie Catherine McKenna, ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, lors d’un point de presse lundi. « Il y a aussi une pandémie climatique, c’est pourquoi il faut des moyens de transport plus sains. » La piste multifonctionnelle et le trottoir seront accessibles tous les jours, de 6 h à 22 h. Des équipes s’occuperont de l’entretien préventif de la piste et du trottoir pendant la nuit afin de minimiser les fermetures durant les heures d’exploitation. On prévoit des fermetures les fins de semaine à l’occasion pour les opérations de déneigement plus importantes.

— Mayssa Ferah, La Presse

Ontario

Le torchon brûle entre Ford et les syndicats d’enseignement

Le conflit s’intensifie entre le premier ministre de l’Ontario et quatre principaux syndicats d’enseignants de la province, qui comptent intenter une action judiciaire contre le gouvernement de Doug Ford et présenter une requête à la Commission des relations de travail de l’Ontario (CRTO). La semaine dernière, les syndicats d’enseignants avaient demandé au ministère du Travail d’émettre une série d’ordonnances sur les lieux de travail afin de fixer des normes de sécurité dans les écoles, alors qu’ils déplorent le manque de mesures sanitaires dans les écoles et allèguent que le plan de réouverture des écoles de la province viole ses propres lois sur la sécurité au travail. Ils donnaient jusqu’à vendredi au gouvernement pour agir. Le premier ministre ontarien a réagi, lundi après-midi, en conférence de presse, disant qu’il ne « voulait pas se battre », qu’il « voulait avancer ». Le premier ministre s’est défendu en notant que son gouvernement avait donné le pouvoir aux conseils scolaires de prendre des décisions pour assurer que la rentrée soit sécuritaire. Si la situation sanitaire dans les écoles dégringole, il n’hésitera pas à fermer des établissements scolaires.

— La Presse, avec La Presse Canadienne

Loi 101

Le Bloc déposera son propre projet de loi

Profitant de l’intention annoncée par le gouvernement caquiste d’assujettir les entreprises de compétence fédérale à la loi 101, le Bloc québécois annonce qu’il fera écho à cette initiative à Ottawa en déposant son propre projet de loi. Ce n’est pas la première fois que le Bloc veut solidifier la place du français avec un projet de loi pour que les entreprises fédérales au Québec – comme les banques et les entreprises de télécommunications – soient obligées de respecter la Charte de la langue française, communément appelée loi 101. Celle-ci exige notamment que le français soit la langue d’usage au sein des entreprises du Québec comptant plus de 50 employés. Mais cette fois-ci, les conditions sont plus propices, a déclaré le chef bloquiste Yves-François Blanchet, lundi en point de presse à Montréal, devant le buste de Camille Laurin, qui a guidé l’adoption de la loi 101 alors qu’il était ministre péquiste. Interrogé lundi à savoir s’il est favorable à étendre la loi 101 aux entreprises de compétence fédérale au Québec, le premier ministre Justin Trudeau a été évasif. « Nous allons toujours être là pour défendre la particularité de la langue française au Québec et partout au pays et pour défendre nos langues officielles, plus particulièrement ceux qui vivent des situations minoritaires », a-t-il dit lors d’une conférence de presse à Montréal.

— La Presse Canadienne

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