Élections 2018

Nouvelle collision Legault-Couillard sur l’immigration

François Legault et Philippe Couillard ont eu une nouvelle prise de bec sur le thème de l’immigration hier, cette fois au sujet du pouvoir d’Ottawa quant à la fixation du nombre de nouveaux arrivants que le Québec accueille chaque année.

Les réponses hésitantes, voire erronées, du chef caquiste touchant les critères d’obtention de la citoyenneté canadienne ont par ailleurs donné des munitions au chef libéral, qui, pour la première fois de cette campagne, si l’on exclut le dossier de l’ALENA, a accordé un deuxième point de presse dans une journée.

Selon Philippe Couillard, le gouvernement canadien a un « droit de regard » sur le seuil d’immigrants économiques accueillis au Québec. Il émet ainsi des doutes sur la faisabilité de la promesse caquiste d’en accueillir moins chaque année, de façon temporaire.

« C’est tellement absurde, ça n’a aucun sens ! Il pourrait l’essayer, mais lisez l’entente comme moi », a dit le chef libéral à Québec.

Selon le libellé de l’accord Canada-Québec sur l’immigration, « le Canada établit chaque année les niveaux d’immigration pour l’ensemble du pays, en prenant en considération l’avis du Québec sur le nombre d’immigrants que ce dernier désire recevoir ». Le Devoir publiait hier un texte avançant que, selon des « sources gouvernementales », Ottawa a bel et bien le dernier mot sur les seuils d’immigration.

« C’est marqué dans l’entente [Québec-Ottawa] que le gouvernement fédéral a un droit de regard et que les objectifs fondamentaux [sont] de maintenir le poids démographique du Québec. »

— Philippe Couillard, premier ministre du Québec

« Qu’est-ce qui arriverait si le Québec décidait unilatéralement de baisser son nombre d’immigrants, alors que l’objectif de l’entente [est] de maintenir la démographie québécoise ? Le gouvernement fédéral n’a jamais eu de raisons de passer par-dessus les choix du Québec, et ils ne l’ont jamais fait. […] Peut-être que là, ça serait différent », s’est-il demandé.

LEGAULT RÉAGIT

François Legault se dit catastrophé par les déclarations du chef libéral. Il y voit même « un moment fort de la campagne ».

« Je n’en reviens pas ! a-t-il lancé, de passage à Cap-Santé, dans Portneuf. Sincèrement, je suis sous le choc d’entendre Philippe Couillard. »

« C’est la première fois que j’entends un premier ministre du Québec dire qu’il faudrait avoir l’accord du gouvernement fédéral pour réduire le nombre d’immigrants au Québec. C’est quand même incroyable d’entendre ça de la part de celui qui est supposé défendre la nation québécoise, défendre le français, défendre nos valeurs. »

— François Legault, chef de la Coalition avenir Québec

François Legault admet cependant que s’il est élu, il y aurait « peut-être une négociation à avoir » avec Ottawa au sujet d’un nouveau « certificat temporaire » qu’un gouvernement caquiste voudrait créer et délivrer aux nouveaux arrivants. Rappelons que ceux-ci n’auraient leur certificat de sélection du Québec que s’ils réussissaient un « test de base » de français et un « test de connaissance » des valeurs trois ans après leur arrivée.

M. Legault reconnaît également qu’il devrait négocier avec Ottawa pour réduire de 20 % le nombre d’immigrants accueillis en vertu du programme fédéral de réunification familiale.

Le chef caquiste estime cependant que le fédéral n’aurait d’autre choix que d’accepter ses demandes s’il obtient un « mandat clair » des Québécois. Comme il y aura des élections fédérales en 2019, « Justin Trudeau devra tenir compte de ce que les Québécois souhaitent », selon lui. Il croit possible d’abaisser le seuil d’immigration de 52 000 à 40 000 nouveaux arrivants dès 2019, même s’il se retrouvait à la tête d’un gouvernement minoritaire. « M. Lisée, il est rendu qu’il dit qu’il veut entre 35 000 et 40 000 immigrants. On aurait peut-être des appuis de ce côté-là », a-t-il fait valoir.

Sa conférence de presse a été une fois de plus monopolisée par des questions sur ses propositions en matière d’immigration. Et le chef caquiste a montré des signes d’agacement. « Vous parlez beaucoup d’immigration, mais pas les personnes normales », a-t-il lâché en réponse à une question en anglais. Selon lui, les « personnes normales » lui parlent davantage de Gaétan Barrette, par exemple.

SIGNES D’HÉSITATION

François Legault est devenu hésitant lorsqu’il a été questionné sur le processus menant à l’obtention de la citoyenneté canadienne. Il a entre autres répondu qu’un résident permanent devait avoir été « quelques mois » au pays pour devenir citoyen canadien. C’est en fait au moins trois ans au cours des cinq ans qui précèdent la demande.

Il a également eu beaucoup de mal à énoncer les conditions à remplir pour devenir citoyen. « D’abord, il y a une enquête de sécurité », a-t-il dit après un moment d’hésitation. Puis il a décrit comment se faisait la sélection des immigrants économiques au Québec, à savoir selon les besoins de marché du travail et les points accordés pour la connaissance du français. « C’est à peu près ça », a-t-il ajouté, affirmant que « c’est un peu flou ».

Aux yeux de Philippe Couillard, « François Legault ne comprend pas le système d’immigration ». « Il a intérêt à lire et à étudier l’entente [qui lie Québec et Ottawa] avant d’en parler », a martelé le chef libéral lors de sa deuxième mêlée de presse du jour.

Selon lui, les propositions de François Legault en termes d’immigration se modulent au gré du vent et des sondages. « M. Legault fait des propositions, il attend, il observe les sondages et les journaux [pour voir] dans quelle direction le vent souffle. Puis il réajuste et modifie [son plan]. S’il continue [à parler d’immigration de la sorte], c’est qu’il considère que c’est bon pour lui et que ça va lui donner des votes. C’est la seule explication que je peux voir », a affirmé le chef libéral.

Vendredi, François Legault assouplissait sa position en déclarant que des immigrants qui font preuve de bonne foi dans l’apprentissage de la langue pourraient rester au Québec même s’ils échouaient au test de français.

Écrits sur la communauté juive hassidique

Michelle Blanc refuse de s’expliquer

Michelle Blanc n’a pas pris ses distances de ses écrits litigieux sur la communauté juive hassidique et elle a refusé d’exprimer le fond de sa pensée sur le sujet, hier, alors que son chef Jean-François Lisée a défendu son droit de « critiquer une religion ».

La candidate dans Mercier a pris la parole aux côtés de M. Lisée pour présenter la politique numérique du Parti québécois. C’était sa première conférence de presse avec le chef depuis que le B’nai Brith lui a reproché un billet de blogue de 2007 dans lequel elle critiquait la communauté juive hassidique de Montréal.

Invitée à plusieurs reprises à livrer le fond de sa pensée, Mme Blanc n’a formulé ni excuses, ni explications, ni commentaires sur ses propos.

« Il y a un politicien que j’admire qui s’appelle Winston Churchill et qui avait une expression qu’il aimait beaucoup et qu’il utilisait très souvent : “Pas de commentaires” », a-t-elle résumé.

Elle a dit avoir elle-même choisi de garder le silence.

« Depuis deux semaines, je n’ai rien dit sur le sujet parce que M. Lisée l’a fait d’une façon incroyable. Et je pense qu’il y a des fois où c’est mon style d’être capable d’être réservée quand c’est le temps, c’est mon style d’être capable d’être froide quand c’est le temps. »

— Michelle Blanc, candidate péquiste dans Mercier

Jean-François Lisée a défendu la semaine dernière l’« humour noir » de sa candidate. Il a décrit la lettre du B’nai Brith comme une tentative d’« intimidation ».

Il s’est de nouveau porté à la défense de sa candidate, hier, affirmant que sa capacité de discipline devant la controverse était « admirable ».

Enfin, il a continué de défendre la liberté d’expression de Mme Blanc. « Nous croyons fermement au droit de pratiquer une religion et nous croyons fermement au droit de critiquer une religion », a dit M. Lisée.

Dans son entrée de blogue, intitulée « Suis-je raciste ? », Mme Blanc a écrit au sujet des Juifs hassidiques qu’il « serait tellement plus facile pour eux et pour moi, qu’ils disparaissent vraiment de ma vue ».

« Si les hassidiques veulent tellement se couper du reste du monde, pourquoi ne font-ils pas comme d’autres sectes extrémistes qui se réfugient dans le milieu des bois, à l’orée de la civilisation ? », écrivait-elle.

Ce texte a valu au Parti québécois une lettre du B’nai Brith demandant à M. Lisée de retirer la candidature de Mme Blanc.

L’organisme reproche aussi à la candidate d’avoir écrit sur Twitter en 2011 : « Merde, j’ai oublié de fêter l’anniversaire de Hitler la semaine dernière ! »

ÉLECTIONS PROVINCIALES

Un samedi sous le signe de l’environnement

Plus d’un millier de personnes ont manifesté dans les rues de Montréal hier afin de demander aux partis politiques d’inclure l’environnement et les enjeux climatiques dans leurs principaux engagements. En parallèle, des centaines de citoyens se sont joints à une initiative québécoise de nettoyage des cours d’eau, alors que se déroulait le premier World Cleanup Day. 

Au son de la musique, dans une atmosphère festive, de nombreux Montréalais ont battu le pavé du Vieux-Port jusqu’au parc du Mont-Royal pour réclamer que les formations politiques portent plus attention aux enjeux environnementaux, lors d’un rassemblement nommé « La planète s’invite dans la campagne ». « Nous voulons lancer un message clair aux partis politiques, leur dire que l’environnement, c’est ce qu’il y a de plus important », a expliqué Julien Langlais, un des organisateurs de l’événement.

Lui et dix autres citoyens ont lancé cet appel populaire, car « aucune énergie n’est envoyée vers l’environnement ». Or, les autres enjeux n’auront plus d’importance « lorsqu’il sera trop tard ». 

M. Langlais insiste sur l’urgence d’agir pour combattre la crise climatique. « On est en train d’endetter les générations futures, un endettement environnemental aux taux d’intérêt exponentiels, a-t-il illustré. Le réchauffement climatique, ça va de mal en pis. » 

« Repenser le système » 

« C’est une démarche citoyenne, donc je me suis reconnue là-dedans, a expliqué Marie Broudic, en marge de la manifestation. Je trouve important d’interpeller les politiques, et quand ça vient des citoyens eux-mêmes, je pense que ça a beaucoup plus d’impact, surtout en période électorale. » 

« C’est par le citoyen que ça se passe, car l’environnement n’appartient pas aux partis politiques ou à l’État, mais à l’ensemble de l’humanité », a déclaré le candidat de Québec solidaire (QS) dans Laurier-Dorion, Andrés Fontecilla, présent à la manifestation. Selon lui, les mesures de sa formation politique sont ambitieuses, mais « nécessaires » afin de « bousculer les choses et atteindre l’objectif d’avoir une planète vivable ». 

QS a présenté cette semaine les mesures qu’il comptait prendre d’ici 2030 pour réduire les gaz à effet de serre (GES) de 48 % par rapport à 1990. Le parti exproprierait en partie les mines de lithium de la province, interdirait la vente de voitures à essence d’ici 12 ans et nationaliserait les autocars interurbains, entre autres. 

« On est devant une crise et il faut prendre les moyens pour y faire face et changer beaucoup de choses de façon substantielle. »

— Andrés Fontecilla, candidat de Québec solidaire dans Laurier-Dorion

Le Parti québécois, en comparaison, prévoit un virage vert qui réduirait les émissions de gaz à effet de serre en 2030 de 23 % par rapport à 1990. La Coalition avenir Québec propose quant à elle de respecter « les grands objectifs de gaz à effet de serre » et le Parti libéral compte maintenir sa cible de 37,5 %. 

Nettoyer les cours d’eau pour sauver la planète

Avant que la marche ne se mette en branle hier après-midi, des centaines de citoyens se sont mobilisés dans une cinquantaine de lieux à travers la province pour une vaste opération de nettoyage des cours d’eau, à l’occasion du lancement de la Mission 100 tonnes. 

L’initiative vise à ce que 100 tonnes de déchets soient retirées des cours d’eau dans les prochains mois. L’événement s’est déroulé alors que dans 150 pays à travers le monde, des milliers de personnes se sont affairées à nettoyer leurs rues, plages et rivières pour le World Cleanup Day (« Grand Ménage mondial »). 

Plus d’une tonne de déchets ont déjà été enlevés aujourd’hui pour la Mission 100 tonnes, a affirmé Jimmy Vigneux, cofondateur de la Mission aux côtés de Lyne Morissette. Au printemps 2017, l’objectif était de retirer 10 tonnes des cours d’eau. Plus de 1500 personnes s’étaient mobilisées pour en enlever près de 13 tonnes. 

Alors que près de 300 000 tonnes de déchets flotteraient dans nos océans, un objectif de 100 tonnes peut sembler minime. Mais l’impact est surtout sur le plan de la sensibilisation, a indiqué M. Vigneux. « Ça conscientise les gens, de se réunir de cette façon, croit-il. Ça va faire en sorte qu’ils soient inspirés à prendre des initiatives personnelles et collectives. » 

Normes du travail

Québec solidaire veut protéger les jeunes athlètes

En point de presse devant le Centre Vidéotron, à Québec, le co-porte-parole Gabriel Nadeau-Dubois a promis d’abroger l’article 1 du « projet de loi 176 », adopté en juin, qui prive les jeunes athlètes aux études de la protection de la Loi sur les normes du travail. La formation de gauche s’engage à mettre sur pied un comité d’étude chapeauté par le ministère du Travail afin de se pencher sur la réalité des jeunes sportifs comme ceux de la Ligue de hockey junior majeure (LHJMQ). Ce comité consulterait les joueurs, leurs parents, les agents, de même que le milieu scolaire pour ensuite conseiller un gouvernement solidaire sur le plan législatif. — La Presse canadienne

CAQ

10 millions pour sauver ou convertir des églises

La Coalition avenir Québec s’engage à faire passer de 15 à 20 millions par année le budget pour la préservation des églises. Les caquistes reprochent aux libéraux une coupe faite il y a dix ans dans l’enveloppe pour la sauvegarde du patrimoine religieux. Elle était passée de 20 à 10 millions par an. Puis le gouvernement Couillard a haussé le budget à 12 millions en 2017-2018 et à 15 millions pour cette année. L’annonce a été faite le 5 août dernier. C’était, aux dires de la CAQ, « une annonce préélectorale ». La CAQ promet également de créer un fonds de cinq millions afin de soutenir des projets de « diversification des activités ou de transformation d’églises, permettant ainsi de maintenir une vocation au service de la communauté ». François Legault a fait son annonce devant l’église Sainte-Famille de Cap-Santé, dans Portneuf.

— Tommy Chouinard, La Presse

PQ

La fibre optique dans tous les ménages 

Un gouvernement du Parti québécois créerait une nouvelle filiale d’Investissement Québec chargée de brancher l’ensemble des ménages à la fibre optique, a promis Jean-François Lisée, hier. La nouvelle entité, NumériQuébec, serait dotée d’une enveloppe de 240 millions. Sa mission serait de former un consortium avec les distributeurs, Hydro-Québec et des municipalités régionales de comté (MRC) pour étendre à tout le Québec cette technologie beaucoup plus performante que le câblage de cuivre. M. Lisée a par ailleurs proposé de mettre sur pied un Conseil du numérique, une sorte de « comité de sages » composé de spécialistes de diverses disciplines. Sa candidate dans Mercier, Michelle Blanc, estime que cette mesure permettrait de répondre à un problème majeur. « Depuis des années, le gouvernement est en réaction aux Uber, Amazon et Netflix de ce monde au lieu d’être proactif, a relevé Mme Blanc. Depuis des années, on a de la misère à comprendre comment adapter la société à ces enjeux qui touchent absolument tout. »

— Martin Croteau, La Presse

PLQ

gratuité aux CÉGÉPIENS à temps partiel

Les libéraux estiment que la pénurie de main-d’œuvre est « le principal défi économique du Québec ». Pour s’attaquer à ce problème, la formation de Philippe Couillard propose d’accroître la gratuité scolaire au collège en abolissant les frais imposés aux élèves à temps partiel en formation technique. À l’heure actuelle, un élève qui n’est pas inscrit à temps plein dans une formation collégiale paie 2 $ par heure de cours. Un cours normal de 45 heures lui coûtera donc 90 $ et la facture totale peut s’élever jusqu’à 360 $ par session. Pour sa part, un élève à temps plein paiera en moyenne 160 $ par session. « Dans toutes les régions où je vais, les entreprises recherchent des employés, réduisent leurs heures d’ouverture, refusent des contrats et mènent des missions de recrutement à l’étranger. Aujourd’hui, au Québec, il y a 100 000 emplois à combler. Ce nombre s’élèvera à 1,3 million d’ici 10 ans. C’est une tendance qui va durer », a prédit Philippe Couillard lors d’un point de presse, hier.

— Hugo Pilon-Larose, La Presse

Légalisation du cannabis

Le chef du Bloc Pot dénonce la loi d’Ottawa

Le chef du Bloc Pot, qui présente une quarantaine de candidats aux élections québécoises, dénonce la manière dont Ottawa entend légaliser le cannabis le 17 octobre. Selon Hugô St-Onge, la législation fédérale entraînera plus d’infractions et de pénalités, soit l’inverse de la libéralisation que propose sa formation politique, alors qu’elle fait campagne en vue du scrutin du 1er octobre. En vertu de la législation fédérale, le cannabis sera étroitement réglementé et sa vente à des mineurs sera interdite par le Code criminel. M. St-Onge a confié avoir espéré que le cannabis serait complètement retiré du Code criminel afin que ceux qui en consomment ne soient plus stigmatisés. En entrevue avec La Presse canadienne, le leader a affirmé que les consommateurs de cannabis voulaient être traités comme des citoyens à part entière, et non comme des criminels ou des toxicomanes. Il a ajouté que les Québécois avaient été ostracisés parce qu’ils n’avaient pas participé à l’élaboration du projet de loi fédéral.

— La Presse canadienne

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