IMV

Derrière le financement de la recherche

Trouver du financement pour poursuivre la recherche en vue de la découverte d’un vaccin – dans ce cas-ci contre la COVID-19 –, voilà un défi de tous les instants auquel sont confrontées les sociétés biopharmaceutiques québécoises. Étude de cas.

Frédéric Ors, président et chef de la direction d’IMV, l’affirme sans détour : « Les investisseurs en biotechnologies prennent des risques et [pour les minimiser], ils souhaitent travailler avec des équipes en qui ils ont confiance. »

L’entreprise qu’il dirige vient d’annoncer la clôture d’un placement privé de 25,1 millions de dollars. Ce placement est codirigé par le Fonds de solidarité FTQ, qui a injecté à lui seul près du tiers de cette somme, soit 7,5 millions, les autres étant Lumira Ventures et Altium Capital.

Cette somme devrait permettre à la biotech, dont l’équipe de direction se trouve à Québec – mais qui a ses installations en Nouvelle-Écosse –, de développer « une nouvelle classe d’immunothérapies ciblées en oncologie ».

« Le Fonds a fait preuve de leadership lors de cette ronde de financement, tient à souligner Frédéric Ors. Ce financement va nous aider à aller plus rapidement tout en nous permettant de continuer d’opérer avec une certaine sérénité, une tranquillité d’esprit, en fait. »

Prendre les devants face à l’urgence

Didier Leconte, vice-président aux investissements, sciences de la vie et gestion des fonds, au Fonds de solidarité FTQ, confirme l’importance de la démarche financière permettant « d’accompagner » les chercheurs d’IMV.

« On a pris les devants, dit-il. On estimait que c’était le moment propice. On a répondu présent devant l’urgence de la situation. Et il est bien certain que la COVID-19 a ajouté à notre intérêt, sachant que le monde est engagé dans une course pour trouver un vaccin. »

Autre élément significatif : selon lui, la participation du Fonds envoie « un signal positif et significatif » au marché investisseur.

Investissements « très à risque »

Il faut comprendre que le fonds de travailleurs n’en est pas à sa première injection de capitaux dans IMV.

« Il s’agit de notre troisième investissement en autant d’années [totalisant 18 millions] au sein de cette entreprise, relève Didier Leconte. On connaît bien les dirigeants, on sait ce qu’ils font [pour le traitement du cancer de l’ovaire au stade avancé], et ce placement s’inscrit dans notre mission. »

Le vice-président du Fonds ne cache pas que, dans ce secteur d’activité, les investissements sont « très à risque ». D’où l’importance, ajoute-t-il, de savoir bien cibler les entreprises – et les projets porteurs d’espoir.

« Nous investissons 100 millions par année auprès d’entreprises québécoises dans les sciences de la vie. Et nous faisons en sorte d’être le plus performants possible, malgré les risques inhérents. »

— Didier Leconte, du Fonds de solidarité FTQ

Confiance et obligations

Frédéric Ors, qui a longtemps œuvré au sein de la biotech Médicago – vendue en 2013 à des intérêts japonais – avant de passer chez IMV, fait état des deux faces du financement.

« C’est rassurant de savoir que, si nous avons besoin d’argent pour poursuivre nos travaux, dit-il, nous pouvons aller cogner à leur porte sans gêne, parce qu’ils savent que nous tenons promesse, que nous progressons au rythme souhaité. »

Mais il ne cache pas que les dollars versés par les partenaires associés aux succès – et aux échecs – viennent avec certaines obligations de rendement.

« Pour ce qui est de la COVID-19, pour vous donner un exemple, met-il en perspective, on nous a demandé si ça avait du sens. On leur a expliqué [aux investisseurs] qu’on travaillait déjà sur un virus similaire au niveau respiratoire et qu’on avait des données cliniques en appui. C’est là que c’est devenu pertinent. »

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