Écoute sélective

Avec classe, Corneille, Aya Nakamura et Trinix

Deux décennies après avoir connu la célébrité avec son album Parce qu’on vient de loin, Corneille revisite sa chanson Avec classe en compagnie de l’immensément populaire Aya Nakamura et du tandem français Trinix. L’adaptation, partagée entre la chanteuse et le chanteur, rééquilibre les rôles dans cette opération de séduction qui se veut raffinée et où les voix sont hyper trafiquées. — Alexandre Vigneault, La Presse

Floating on a Moment, Beth Gibbons

On ne peut pas dire que Beth Gibbons abuse : depuis le dernier de Portishead (Third, 2008), elle n’a participé qu’à un album consacré à la Symphonie no 3 de Gorecki. Floating on a Moment, fort beau morceau misant sur sa voix gracile et des chœurs d’enfants, annonce la sortie prochaine de son premier album solo le 17 mai.

— Alexandre Vigneault, La Presse

20k heures de solitude, Peter Peter

Les fans de Peter Peter seront contents : non seulement l’auteur-compositeur-interprète québécois annonce la sortie d’un nouvel album en avril, Ether, mais dans le premier extrait, 20k heures de solitude, il renoue aussi avec les synthés qu’il avait délaissés sur son précédent EP. La chanson avance au rythme trépidant de la musique électronique, mais la voix toujours aussi éthérée du chanteur y diffuse encore cette espèce de spleen qui a fait sa marque. — Josée Lapointe, La Presse

Beyries

Un supplément d’âme

Soigné et sensible, le premier album en français de Beyries révèle un auteur et presque une nouvelle artiste.

Ce n’est pas tant l’univers musical de Beyries qui surprend sur Du feu dans les lilas. Elle est loin d’être la seule à faire du folk d’atmosphère où les guitares sont délicates et les orchestrations généreuses malgré leur économie. Non, ce qui retient l’oreille, c’est d’abord la poésie, cette chose fuyante et irrésistible qui naît ici de la fusion parfaite des mots et de leur interprétation.

Beyries, qui a surtout chanté en anglais jusqu’ici – ce qui lui permettait de se cacher, dit-elle –, offre pour la première fois un album tout en français. Il est composé de 10 chansons dont les textes sont pour la plupart signés Maxime Le Flaguais. L’acteur est un vieil ami de la chanteuse et, visiblement, le bon traducteur pour ses états d’âme. Partant de fragments de poèmes à lui, il a, en étroite collaboration avec son amie, écrit des textes d’une beauté rare.

La seconde compte quelques lignes fabuleuses sur le désir et la vulnérabilité, puis ces quelques mots : « Le temps veut s’écouler / Je couche le sablier ».

Du temps compte celles-ci : « J’ai cessé de me méprendre / Sur la saveur d’un baiser / Sur une erreur qu’un mot tendre / Saurait effacer ». Et plus loin : « J’ai décidé de me rendre / Je ne peux plus résister / Je ne fais que me défendre / Contre toi qui veux m’aimer ».

On trouve un peu partout sur l’album de ces images fortes, de ces pépites poétiques donnant presque l’impression d’entendre parler d’amour pour la première fois dans une chanson.

Ce qui n’est pas un mince exploit… Osons dire qu’on a le sentiment d’assister à l’émergence d’un parolier au talent rare.

Une belle plume, c’est bien, mais ça ne suffit pas en chanson. Il lui faut les mélodies, les timbres, les rythmes pour leur servir d’écrin. Il lui faut aussi une voix. Beyries affiche ici une fragilité et une élégance extraordinaires tout au long du disque. De la force, aussi. Sa lumière irradie, comme filtrée par un nuage sur ce beau disque réalisé par Joseph Marchand, qui finit en force avec un morceau aux arrangements particulièrement épatants (La promesse, avec François Lafontaine au piano et aux synthés) et Le phare, chanson où rôde la mort, dont la finale soulevée par un chœur délicat.

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