Éric Chacour dans la première sélection
Retenu la semaine dernière dans la première liste du prix Renaudot pour son premier roman, Ce que je sais de toi, le Québécois Éric Chacour s’est retrouvé mardi dans celle du Femina.
« Le Renaudot et le Femina en sélection, c’est assez incroyable. C’est invraisemblable », s’est confié à La Presse l’auteur, joint en France, où il se trouve actuellement pour la tournée de promotion de son livre.
Ce que je sais de toi raconte le destin de Tarek, médecin dans Le Caire des années 1980 qui sera poussé à l’exil ; il a été publié en janvier au Québec chez Alto et il est arrivé troisième dans les romans les plus vendus dans le cadre du mouvement Le 12 août, j’achète un livre québécois. En France, il est paru le 24 août chez l’éditeur Philippe Rey et il en est déjà à sa troisième impression. Il a par ailleurs remporté le prix Première Plume en France, il y a deux semaines, qui vise à mettre en avant les auteurs émergents, et s’était retrouvé parmi les cinq finalistes du Prix du Roman Fnac, en août.
« L’histoire que je raconte se passe dans l’Égypte de mes parents, a souligné Éric Chacour au bout du fil. Ils ont vécu une forme d’exil, tout comme une grande partie de leurs amis, et ça a été une forme d’inspiration. Mais moi-même, quand je suis parti [de Montréal] à 10 ans et que je suis venu vivre en France, où j’ai vécu plusieurs années, j’ai connu ce sentiment de déracinement. Et je crois que j’avais envie de raconter cette fragilité-là, le fait, à un moment dans sa vie, de se sentir étranger partout – l’endroit d’où l’on vient, mais aussi l’endroit où l’on arrive. »
La magie des autres
De passage dans bon nombre de salons du livre en Europe, Éric Chacour raconte que son livre doit une grande partie de son succès aux libraires ainsi qu’au bouche-à-oreille. « Parfois, j’ai un peu l’impression que c’est un tour de magie et les gens pensent qu’au prétexte que je suis l’auteur, je suis aussi le magicien. Mais la vérité, c’est que je n’en sais rien ; j’assiste au tour de magie comme les autres [rires]. »
« Je pense que chacun est touché par des thèmes différents ; certains ne me parlent que de la thématique de l’exil et je devine qu’ils entretiennent une certaine intimité avec la question, d’autres sont très touchés par la relation d’amour homosexuelle ou vont me parler de la filiation. »
— Éric Chacour
L’auteur, qui travaille en finance, mais qui dit avoir toujours aimé écrire, depuis les chansons sans musique qu’il écrivait en rêvant que quelqu’un les chante, confirme que ces sélections lui donnent assurément envie de continuer à écrire. « De tout lâcher, non ; je pense que c’est important de faire travailler plusieurs parties du cerveau et j’aime beaucoup le métier que je fais. Mais je suis sûr que la place de l’écriture dans ma vie va être sans doute plus importante. Le premier m’a pris quand même quelques années à écrire ; maintenant, je pense que je vais être un peu plus studieux dans mes plages d’écriture », a-t-il ajouté.
Il est le troisième Québécois à figurer dans des listes de prix littéraires en France, cet automne, après Louis-Daniel Godin, nommé par le jury du prix Wepler – Fondation La Poste pour son premier roman, Le compte est bon, et Kevin Lambert, qui s’est retrouvé la semaine dernière dans la première sélection des prix Goncourt et Décembre pour son troisième roman, Que notre joie demeure.
Les deuxième et troisième sélections du prix Femina seront annoncées les 3 et 24 octobre, tandis que le prix sera décerné le 6 novembre, soit la veille du Renaudot et du Goncourt.