Petite Italie

« Marco Bijoux »

Salut, Marco, ça va ? Marco, as-tu entendu ça ? Savais-tu que… ?

Marco Miserendino, ou « Marco Bijoux » pour les intimes, copropriétaire (avec sa sœur Paola) de la luxueuse Bijouterie italienne, sise rue Saint-Zotique, angle Dante, au cœur de la Petite Italie, ne peut pas faire deux pas dans le quartier sans qu’on l’apostrophe.

Pas pour lui parler de Rolex, cela dit. Ni des derniers produits Gucci. Mais plutôt d’enjeux bien terre-à-terre. Archi pratico-pratiques.

Des soucis de stationnement aux questions de sécurité en passant par les bisbilles entre commerçants ou les ruptures de canalisation, c’est souvent à lui qu’on se confie. Pour cause : il est de tous les comités, toutes les associations et autres regroupements de commerçants (en plus d’être au C.A. de la SDC Petite Italie). Moins connu du grand public que Stefano Faita, certes, le chic bijoutier a néanmoins, on le comprend, plusieurs précieux contacts dans sa manche. Et sur le terrain, tout le monde le sait.

C’est « ponctuellement » qu’on se confie à lui, corrige l’homme, rencontré plus tôt cet automne, qui ne veut pas passer pour le type qui se « pète les bretelles » qu’il n’est pas. En fait, il a tout simplement à cœur son quartier, nuance-t-il. Un quartier qui l’a vu naître, où son père a atterri fraîchement d’Italie (dans le temps où c’était « le quartier le moins cher où habiter ! »), pour y implanter (il y a plus de 60 ans maintenant) un petit atelier d’horlogerie. Disons que l’entreprise familiale (née en diagonale de son adresse actuelle, et reprise par Marco et sa sœur dans les années 1990) a plutôt bien tourné.

« J’ai un sentiment de devoir. Qui a nourri l’entreprise toutes ces années ? C’est la communauté, et elle a des besoins. »

— Marco Miserendino, copropriétaire de la Bijouterie italienne

Vu de l’extérieur, Marco Miserendino a tout l’air d’un homme d’affaires qui a réussi. Et c’est un fait. Rasé de près, le cheveu gominé bien placé, avec son complet ajusté, il pourrait passer quasi inaperçu dans la Petite Italie. Sauf que non. Parce que tout le monde le connaît, ici, on l’a dit. Et ça paraît.

À preuve : au café d’en face, au Panino Pazzo, où Marco a ses habitudes, le propriétaire nous a tout bonnement donné son numéro de cellulaire, de mémoire, par-dessus le marché.

« Dans le quartier, ils ont tous mon numéro de cellulaire ! », rit le principal intéressé. Mais attention. « Ce n’est pas un concours de popularité ! », insiste notre homme. « Je l’aime, ce quartier ! » Et ça aussi, ça paraît.

« J’ai une fierté de dire que je viens d’un beau quartier, un fleuron de Montréal, d’Amérique du Nord, je suis fier de ça, mais pour que ça continue, il faut y mettre les bases ! Ça n’arrive pas tout seul ! »

— Marco Miserendino, copropriétaire de la Bijouterie italienne

Alors, tous les matins, Marco fait carrément la tournée des cafés, et Dieu sait s’il y en a (« dans une journée, j’en bois de cinq à dix ! », dit-il, mais ne le dites pas à son médecin !) : Caffè Italia, San Gennaro, San Simeon, et autres Conca d’Oro, il n’en rate pas un. « Je fais la tournée des grands ducs, sourit-il, je m’intéresse aux gens, à la vie de la communauté. » Et ce faisant, il apprend toutes les petites et grandes histoires du quartier. Ce qui va, et ce qui ne va pas.

Rebelote le midi, où il va tantôt chez Lucca, à la Bottega ou à la Gema Pizzeria – « et tout le monde vient me voir : t’as entendu ça ? »

« Mais je ne suis pas une vedette de cinéma, répète-t-il. Je connais les gens du quartier et je m’intéresse à eux. C’est tout ! »

C’est tout ? « La Petite Italie, c’est quelque chose d’unique, conclut-il. Il y a une culture de village où tout le monde se connaît. Pas juste moi. Entre eux ! Il y a un souci de l’autre. Du voisin. […] Un sentiment de proximité. […] Je travaille de neuf à cinq, mais j’ai un ami en face, […] j’ai du plaisir à venir ici, y travailler, y vivre. Et ça, ce n’est pas donné à tous les quartiers. Il y a quelque chose dans ce quartier qui permet un équilibre entre le travail et la vie. Et… c’est magique ! »

Et ça s’entretient…

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