La sécurité et la défense nationale du pays en péril

Le Canada est doté d’abondantes ressources naturelles, d’une population diversifiée, respectueuse des lois et pacifique, et d’une qualité de vie qui se classe constamment parmi les meilleures. Les Canadiens ont un profond sentiment de sécurité grâce à la géographie enviable du Canada, à ses trois océans et à la présence d’une grande puissance amicale et voisine, ce qui permet d’éviter les problèmes de sécurité qui touchent malheureusement de nombreuses nations.

Cependant, le Canada n’existe pas dans une bulle. Sa sécurité et sa prospérité ne sont garanties que par des accords de sécurité collective et des systèmes de défense qui fonctionnent uniquement si les pays respectent les idéaux de la Charte des Nations unies, se conforment à un système international de règles et respectent les lois, les traités et les accords.

La sécurité et les libertés du Canada ne peuvent être tenues pour acquises. Avec plus de 100 000 morts dans les grandes guerres du XXe siècle, le Canada doit être prêt et disposé à utiliser tous les éléments de la puissance nationale, y compris la force militaire, pour dissuader les adversaires et défendre son territoire, ses ressources vitales et son pouvoir national, où et quand ils sont menacés.

Cet impératif s’accompagne de la responsabilité de partager le fardeau de ces efforts avec les États-Unis en Amérique du Nord, les alliés de l’OTAN en Europe et toutes les autres nations sur la planète qui partagent les mêmes idéaux que nous. Le Canada a de la chance d’avoir des relations étroites et productives avec un grand nombre d’alliés, mais même nos relations importantes avec les pays du « Five Eyes » exigent que nous investissions suffisamment pour gagner notre place à la table.

Le gouvernement fédéral a la responsabilité de protéger la sécurité de ses citoyens, de défendre la souveraineté du Canada et de maintenir l’intégrité de notre territoire. Cependant, au cours des dernières décennies, les questions de sécurité et de défense nationale ont rarement été traitées comme une priorité, sauf en cas de grand péril.

Des années de restrictions, de réduction des coûts, de diminution des effectifs et de report des investissements ont entraîné une atrophie des capacités de défense du Canada. Nos capacités militaires sont dépassées et terriblement inadéquates pour protéger notre masse continentale et nos espaces maritimes. Nous n’avons pas non plus contribué de manière significative au partage des charges pour la défense et la sécurité collectives de nos alliés et partenaires.

Alors que nous sommes témoins des évènements horribles qui se déroulent en Ukraine et que nous suivons les tensions actuelles entre les États-Unis et la Chine, les Canadiens ne se sentent peut-être pas directement menacés. Cela est compréhensible. Les gouvernements élus concentrent leur attention sur d’autres enjeux – l’emploi, la santé, l’éducation, l’environnement et la sécurité publique. Néanmoins, le fait de se concentrer sur ces enjeux internes importants ne doit pas se faire au détriment d’investissements suffisants dans la sécurité nationale et la défense.

Malheureusement, le récent budget fédéral a été en grande partie un résumé des annonces précédentes, sans reconnaître que le gouvernement doit accélérer les programmes de dépenses et débloquer d’importants fonds supplémentaires pour remédier aux déficits de longue date en matière de capacités et de préparation militaires.

Depuis plusieurs décennies, les gouvernements ont multiplié les annonces et les engagements pour renforcer la défense nationale dans le cadre de politiques telles que la Stratégie de défense Le Canada d’abord (SDCD) et l’initiative Strong Secure Engaged (SSE). Les récentes annonces de la ministre de la Défense, Anita Anand, sur l’acquisition de remplaçants pour la flotte de CF-18 vieille de 40 ans et sur la modernisation du NORAD sont des pas dans la bonne direction.

Dans le contexte actuel de la sécurité, il faut faire beaucoup plus et les résultats obtenus par le gouvernement du Canada pour suivre le rythme de ces évolutions sont loin d’être à la hauteur des attentes. Il est essentiel que le gouvernement investisse dans l’amélioration de la capacité du ministère de la Défense à dépenser son budget de manière rapide et opportune.

La prochaine mise à jour de la politique de défense est tardive et intervient à un moment de grand péril pour la paix et la sécurité mondiales, compte tenu des menaces posées par la Chine et la Russie. La guerre d’agression brutale de la Russie en Ukraine, premier conflit majeur en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, ainsi que l’expansion continue des arsenaux militaires des régimes autoritaires prêts à recourir à la force pour réaliser leurs politiques revanchardes auraient dû entraîner une réévaluation majeure de notre position de défense.

Le Canada ne peut pas se permettre de continuer à faire comme si de rien n’était. Nous encourageons vivement le premier ministre Justin Trudeau et son cabinet à prendre les devants et à agir avec un sentiment d’urgence pour réaliser l’appel du secrétaire général de l’OTAN de traiter l’objectif du 2 % du PIB comme un plancher et non un plafond en matière de dépenses.

Le gouvernement doit accélérer les délais et achever le travail critique nécessaire pour remédier à l’état médiocre des capacités et de la préparation de notre nation en matière de défense. À condition d’être correctement expliqué, nous pensons que cela pourrait être réalisé sur une base non partisane et avec un large soutien du public.

Il n’y a pas de responsabilité plus importante pour le gouvernement fédéral que celle de protéger les Canadiens contre toutes les menaces, qu’elles soient étrangères ou internes. Le moment est venu d’honorer pleinement les engagements que nous avons pris à l’égard de nos alliés et partenaires en partageant le fardeau de la sécurité collective, qui est essentielle pour préserver notre paix, notre prospérité et notre mode de vie.

Co-signataires

Membres honoraires de l’Institut de la Conférence des associations de la défense (CAD)

La très honorable Beverley McLachlin, ancienne juge en chef de la CSC L’honorable Peter MacKay, ancien ministre de la Défense nationale L’honorable David Pratt, ancien ministre de la Défense nationale Général (ret) Raymond Henault, ancien président du comité militaire de l’OTAN, chef d’état-major de la Défense Yves Brodeur, ancien ambassadeur auprès de l’OTAN Deborah Lyons, ancienne représentante spéciale des Nations unies pour la Mission d’assistance de l’ONU en Afghanistan Dick Fadden, ancien conseiller à la sécurité nationale et sous-ministre de la Défense nationale Blake Goldring, ancien colonel honoraire de l’armée canadienne, président exécutif AGM Management Chiko Nanji, fondateur et PDG, Metro chaîne d’approvisionnement

Anciens ministres et sénateurs

L’honorable Anne McLellan L’honorable John Manley L’honorable Perrin Beatty L’honorable David Collenette L’honorable John McCallum L’honorable Jason Kenney L’honorable Andrew Leslie L’honorable Peter Harder L’honorable Colin Kenny L’honorable Dan Lang L’honorable Joseph Day

Anciens chefs d’état-major de la Défense, sous-ministres, ambassadeurs et fonctionnaires séniors

Mel Cappe, ancien greffier du Conseil privé Général (ret) Paul Manson Général (ret) John de Chastelain Amiral (ret) John Anderson, ancien ambassadeur à l’OTAN Général (ret) Jean Boyle Géneral (ret) Maurice Baril Général (ret) Rick Hillier Général (ret) Walter Natynczyk Général (ret) Tom Lawson Ambassadrice (ret) Sabine Nölke, ancienne ambassadrice aux Pays-Bas et représentante permanente à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques Ambassadrice (ret) Lucie Edwards, ancienne haut-commissaire du Canada en Inde et en Afrique du Sud Ambassadeur (ret) Robert Fowler, ancien conseiller aux affaires étrangères, sous-ministre de la Défense nationale Ambassadeur (ret) Chris Shapardanov, ancien ambassadeur en Finlande Jim Mitchell, ancien fonctionnaire sénior Margaret Bloodworth, ancienne sous-ministre associée de la Défense nationale, sous-ministre de la Sécurité publique et conseillère à la sécurité nationale auprès du premier ministre Daniel Jean, conseiller à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre et sous-ministre des Affaires étrangères Vincent Rigby, ancien conseiller à la sécurité nationale et au renseignement auprès du premier ministre Ward Elcock, ancien directeur du SCRS, sous-ministre de la Défense nationale Margaret Purdy, ancienne vice secrétaire au Cabinet (sécurité et renseignement) et sous-ministre associée de la Défense nationale John Forster, ancien chef du CST et sous-ministre de la Défense nationale Roland Paris, ancien conseiller (affaires étrangères et défense nationale) auprès du premier ministre James Paul, ancien directeur général de Construction de défense Canada

Membres du conseil d’administration et membres de l’exécutif de la CAD

Lieutenant-général (ret) Guy Thibault, ancien vice-chef de l’état-major Ambassadeur (ret) Gordoin Venner, ancien sous-ministre associé sénior de la Défense nationale Ambassadeur (ret) Kerry Buck, ancienne ambassadrice à l’OTAN Michael Hamilton, vice-président sénior, RBC Assurances Naresh Raghubeer, partenaire principal, Sandstone Group Renée Filiatrault, ancienne agente du service extérieur Docteur Stéfanie von Hlatky, professeur, Université Queens HCol Jeff Westeinde, président Zibi Canada Lieutenant-général (ret) Marquis Hainse, ancien commandant de l’armée canadienne VAm (ret) Drew Robertson, ancien commandant de la marine royale canadienne VAm (ret) Darren Hawco, ancien représentant militaire à l’OTAN VAm (ret) Mark Norman, ancien vice-chef de l’état-major VAm (ret) Robert Davidson, ancien représentant militaire à l’OTAN VAm (ret) Denis Rouleau, ancien président de la CAD et vice-chef de l’état-major Major-général (ret) Steve Noonan, ancien commandant du support opérationnel Major-général (ret) Michel Lalumière, ancien chef, capacité des chasseurs Docteur Youri Cormier, directeur général de l’Institut de la CAD et professeur adjoint au Collège militaire royal du Canada

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