Rivière Magpie 

Un joyau à protéger du développement hydroélectrique

En campagne électorale cet automne, le premier ministre François Legault annonçait son intention de construire de nouveaux barrages pour répondre à l’augmentation de la demande énergétique anticipée au Québec et ailleurs en Amérique du Nord.

Sans nier l’importance des enjeux énergétiques et climatiques qui sont à la base de cette réflexion, nous sommes d’avis que cette proposition soulève une certaine inquiétude quant à l’avenir des rivières du Québec, en particulier celui de la rivière Magpie, en Minganie.

La rivière Magpie est reconnue mondialement comme un cours d’eau exceptionnel pour la pratique d’activités en eaux vives comme le rafting, le canot et le kayak.

Elle figure d’ailleurs parmi les 10 meilleures rivières au monde en la matière selon le prestigieux magazine National Geographic.

Par son caractère sauvage et majestueux, elle est aussi un symbole important de la beauté et de la richesse du territoire québécois. À l’heure où le contact avec la nature et les activités de plein air suscitent un grand intérêt ici comme à l’international, il nous semble important de protéger la rivière Magpie pour les générations actuelles et futures.

Engouement pour le plein air

En effet, on observe ces dernières années un fort engouement des Québécoises et des Québécois pour le plein air. Bien que les mesures sanitaires aient favorisé une reconnexion avec la nature, il semble qu’on assiste à plus qu’une tendance passagère. Selon de récents sondages, 52 % des personnes sondées avaient l’intention de pratiquer une activité récréative extérieure en contexte de voyage au Québec à l’été 2022⁠1 (on parlait de 39 % avant la pandémie de COVID-19) et 46 % recherchaient une expérience de plein air sportif⁠2.

Par ailleurs, sur les marchés touristiques internationaux, notre vaste territoire et les possibilités qu’il offre aux adeptes de plein air sont des éléments distinctifs du Québec, qui se classe parmi les destinations les plus prisées pour le tourisme de nature et d’aventure.

À titre de rivière de classe mondiale, la rivière Magpie attire des clientèles internationales.

Sa mise en valeur récréotouristique représente un immense potentiel pour générer des retombées économiques importantes au Québec et sur la Côte-Nord, en plus de diversifier l’économie de la région.

Dans ce contexte, nous croyons qu’il est légitime de vouloir protéger certains de nos joyaux naturels du développement hydroélectrique. Nous croyons aussi que le gouvernement du Québec et Hydro-Québec doivent écouter le message de l’Alliance Muteshekau-shipu, formée de municipalités, de communautés autochtones et de groupes citoyens et environnementaux qui réclament depuis plus de 10 ans la protection de la rivière Magpie.

C’est pourquoi nous proposons au gouvernement du Québec de reconnaître la valeur exceptionnelle de certaines rivières, dont la Magpie, en leur attribuant un statut « d’aire protégée » qui en garantirait la préservation pour les générations actuelles et à venir.

En vue de la COP15 sur la biodiversité, qui aura lieu à Montréal en décembre prochain, il s’agirait d’une belle manière de faire rayonner l’engagement du Québec à créer des aires protégées dans une perspective de développement durable.

Une rivière qui coule naturellement continuera de procurer des bénéfices – économiques, sociaux, culturels ou même spirituels – aux générations actuelles et à venir.

Protégeons la rivière Magpie/Muteshekau shipu sans plus attendre.

1. Consultez les données de l’Enquête sur les intentions de visite des Québécois

2. Consultez l’étude des Intentions de voyage des Canadiens, des Américains et des Français à l’été 2022

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