D’un tunnel à l’autre

La circulation dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine sera toujours au ralenti, mais ce sera bientôt au tour de l’autoroute Ville-Marie d’entraîner de nouvelles entraves. Le chantier de réfection commencera d’ici quelques mois, ce qui aura un impact sur les voies de circulation jusqu’en 2026, a appris La Presse.

Autoroute Ville-Marie

Des entraves jusqu’en 2026

Les automobilistes qui doivent traverser Montréal sont loin d’être au bout de leurs peines. Le chantier de réfection de l’autoroute Ville-Marie passera à la vitesse supérieure cet hiver, ce qui entraînera de nouvelles entraves jusqu’en 2026, a appris La Presse. Mince consolation : le début de la reconstruction de l’autoroute Métropolitaine, plus au nord, apparaît encore loin sur la ligne d’horizon.

Le ministère des Transports du Québec (MTQ) a entamé à la mi-septembre des travaux préparatoires sur les deux ponts d’étagement qui surplombent l’autoroute Ville-Marie, au niveau du boulevard Saint-Laurent et de la rue Saint-Urbain. Le vrai chantier commencera d’ici quelques mois, ce qui aura un impact sur les voies de circulation situées sous ces structures pendant au moins trois ans.

« Il va y avoir des entraves, mais en ce moment, on est encore en train de finaliser les plans de mobilité dans le secteur », a indiqué mercredi Sarah Bensadoun, porte-parole du MTQ.

Systèmes mécaniques, parois des tunnels Viger et Ville-Marie, murs de soutènement, chaussée : la structure bétonnée sera pratiquement reconstruite à neuf d’ici 2030. Ce chantier situé en plein cœur du centre-ville de Montréal est évalué à 2 milliards de dollars.

Selon l’expert en planification des transports à l’Université de Montréal Pierre Barrieau, la fermeture de voies du tunnel Ville-Marie risque de « créer encore plus de congestion au centre-ville, via l’axe Bonaventure ». « C’est quelque chose à quoi il faut s’attendre, forcément », dit-il.

Le casse-tête sera d’autant plus grand que le chantier de l’autoroute Ville-Marie est situé non loin du pont Jacques-Cartier, qui deviendra une option populaire auprès des automobilistes pendant la fermeture partielle du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, qui durera jusqu’à la fin de 2025. La fréquentation du pont a bondi de 18 % le week-end dernier, juste avant le début des travaux.

Sursis pour la Métropolitaine ?

Un autre chantier d’envergure se profile à l’horizon dans le cœur de Montréal. Le MTQ rénovera de fond en comble les structures surélevées de l’autoroute Métropolitaine, sur une distance de 11,4 km, un chantier évalué à « quelques milliards » en 2017.

Les travaux seront divisés en deux phases : la partie est, sur une distance de 5,2 km entre les boulevards Saint-Laurent et Provencher, sera reconstruite en priorité par le MTQ. Ce tronçon se trouve tout près de la jonction de l’autoroute 25, qui relie la Métropolitaine au tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine.

Mercredi, la mairesse de Montréal, Valérie Plante, a qualifié les travaux actuels au pont-tunnel de « bon coup de pratique » pour ceux qui seront réalisés sur la Métropolitaine.

« Je ne veux pas faire peur à personne, mais la réalité c’est que nos infrastructures – on a fait Turcot, on a fait Champlain – arrivent à échéance pas mal toutes en même temps. »

— Valérie Plante, mairesse de Montréal

Le consortium retenu pour rénover la partie est de la Métropolitaine doit déposer ses plans et devis auprès du MTQ en 2023, à une date indéterminée. C’est seulement à ce moment que le Ministère aura une idée plus précise « des coûts et des échéanciers » du chantier, précise la porte-parole Sarah Bensadoun.

« On va prendre en considération les travaux qui sont en ce moment en cours dans le secteur du tunnel La Fontaine, donc il va y avoir une concertation, une coordination des travaux avec nos partenaires », affirme-t-elle.

Malgré son état de dégradation avancée, la structure de béton ne « présente pas de danger au niveau de la circulation » et ne requiert pas d’« intervention immédiate », souligne Mme Bensadoun. Il est cependant trop tôt pour dire si ce chantier pourrait être reporté de quelques années, afin de donner un peu de répit aux automobilistes et camionneurs déjà bloqués dans des bouchons.

Une fois la partie est terminée, le MTQ rénovera de fond en comble le tronçon ouest de la Métropolitaine, entre l’autoroute 520 et le boulevard Saint-Laurent. L’autoroute sera reconstruite presque à l’identique, au grand dam de certains groupes qui auraient préféré qu’elle soit transformée en boulevard urbain.

La « compétitivité » de Montréal en jeu

Qu’importe l’échéancier précis, les travaux sur la Métropolitaine seront pour le moins « complexes », prévoit la titulaire de la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal, Catherine Morency.

« C’est dans les segments les plus achalandés au Canada. Et quand on regarde la structure de ce réseau, il n’y a pas beaucoup de trajets alternatifs, la 15 et Décarie étant déjà très congestionnés. Donc, ça va prendre des mesures de mitigation très solides. Pour moi, c’est bien plus sérieux que le pont-tunnel. »

— Catherine Morency, titulaire de la Chaire Mobilité de Polytechnique Montréal

Pierre Barrieau est aussi d’avis que ce chantier changera la donne. « C’est un chantier dont on a peur depuis plusieurs années, mais dont on sait qu’il s’en vient, rappelle-t-il. Il faut vraiment voir pour remettre ça à après le pont-tunnel La Fontaine, et si c’est même possible, de faire des travaux mineurs en attendant que la ligne bleue soit construite. »

« Il n’y a qu’un certain nombre de projets autoroutiers qui peuvent être faits en même temps. C’est la compétitivité économique de Montréal, et du Québec, qui en dépend », conclut M. Barrieau.

— Avec la collaboration de Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

175 000

Nombre de passages automobiles enregistrés sur le pont Jacques-Cartier, dans l’axe de l’autoroute 20, samedi et dimanche derniers, ce qui représente une hausse de 18 % par rapport à la moyenne

Source : Les Ponts Jacques-Cartier et Champlain inc.

COP15

D’importantes perturbations à prévoir

La circulation risque d’être perturbée dans la région de Montréal pendant la durée de la COP15, au début de décembre, notamment en raison de la fermeture de la station de métro Place-d’Armes et de plusieurs voies de circulation autour du Palais des congrès.

La 15Conférence des parties (COP15) de la Convention sur la diversité biologique, qui accueillera entre 10 000 et 15 000 délégués à Montréal du 7 au 19 décembre, entraînera un important déploiement policier et des mesures de sécurité exceptionnelles.

Le périmètre autour du Palais des congrès sera délimité par de hautes clôtures, qui seront installées dès le 7 novembre. L’installation durera une vingtaine de jours. Ces clôtures retrancheront une voie de circulation sur chacune des rues entourant le lieu de la rencontre (Saint-Urbain, Viger, Saint-Antoine et place Jean-Paul-Riopelle).

De plus, pendant la phase d’installation, ces rues pourraient être fermées complètement à certains moments. Des policiers seront déployés dans le secteur pour assurer la fluidité de la circulation.

Du 1er au 20 décembre, la station de métro Place-d’Armes, située dans le Palais des congrès, sera fermée. Les rames de métro ne s’y arrêteront pas.

La fermeture du tunnel Ville-Marie, qui passe sous le Palais des congrès, n’est cependant pas prévue pendant la durée de l’évènement.

Ces informations ont été transmises aux médias mercredi, à l’occasion d’un breffage technique auquel ont participé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), la Sûreté du Québec (SQ), la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la Ville de Montréal et la Société de transport de Montréal (STM).

Les corps policiers, qui font partie du Groupe intégré en sécurité (GIS) de la COP15, ont indiqué que les préparatifs étaient en branle pour la mise en place des mesures de sécurité, qui seront les plus importantes des 20 dernières années à Montréal. Il a cependant été impossible de savoir combien d’effectifs seront déployés sur le terrain.

Normalement, la préparation des mesures de sécurité pour un évènement de cette ampleur s’échelonne sur 12 à 18 mois, alors que le GIS n’a eu que 3 mois pour les planifier.

Renforts

On a tout de même appris que des policiers de Québec, Laval, Longueuil et Gatineau viendront en renfort à Montréal pour la durée de la rencontre internationale, notamment pour participer à l’encadrement d’éventuelles manifestations qui pourraient avoir lieu à cette occasion.

Les forces de l’ordre ne savent pas encore quels chefs d’État seront présents à la COP15, mais ils s’attendent à devoir former quelques cortèges de sécurité entre l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau et le Palais des congrès pour accompagner des dignitaires.

Des mesures de sécurité devront aussi être prises dans les hôtels où logeront des chefs d’État et les délégués.

La caporale Tasha Adams, porte-parole de la GRC, souligne que, même si certaines informations sont toujours inconnues, les membres du GIS ont de l’expérience dans l’encadrement d’évènements d’envergure et connaissent les mesures de sécurité requises.

« C’est un évènement qui demande une planification immense, et vous pouvez comprendre qu’en ce moment, on doit s’assurer que toutes les mesures sont en place, mais il y a peut-être d’autres mesures qui seront décidées et mises en place dans les prochaines semaines avant l’évènement. »

— La caporale Tasha Adams, porte-parole de la GRC

On apprenait la semaine dernière que le SPVM a prévu des dépenses de 25 millions pour assurer la sécurité lors de la COP15, essentiellement pour payer les salaires des policiers qui y seront déployés. Ces sommes devraient être remboursées par le gouvernement fédéral, organisateur de l’évènement.

La SQ et la GRC n’ont pas estimé le montant de leurs dépenses dans le cadre de la COP15.

Les policiers du SPVM qui travailleront lors de la COP15 le feront sur une base volontaire, en heures supplémentaires. Si nécessaire, des agents de la SQ viendront combler le manque de ressources policières.

Louis-Hippolyte-La Fontaine

Plus d’une heure d’attente à l’approche du tunnel

Cela ne pouvait durer éternellement. Après des heures de pointe somme toute faciles malgré la fermeture du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine depuis le début de la semaine, les embouteillages sont finalement de retour. Dès 17 h mercredi, il fallait compter plus d’une heure pour gagner le tunnel en direction sud, sur l’île de Montréal.

Il fallait compter plus d’une heure pour franchir les 7 kilomètres séparant l’autoroute 40 à Anjou et l’entrée du tunnel. En comparaison, en direction inverse, seulement 11 minutes étaient nécessaires pour franchir les 22 km entre Belœil et le tunnel.

« Ce n’est pas surprenant, parce qu’on savait qu’en ayant cette configuration de deux voies vers Montréal et une voie vers la Rive-Sud, il allait y avoir des répercussions sur le temps de parcours et que ça pouvait être jusqu’à quatre fois supérieur aux temps que l’on connaissait précédemment », a expliqué mercredi la porte-parole du MTQ, Sarah Bensadoun, en entrevue.

Depuis le début de la semaine, la circulation demeurait relativement fluide, malgré la fermeture partielle du tunnel, alors que trois voies seront fermées jusqu’en 2025.

À 17 h mercredi, le temps d’attente pour se rendre au tunnel en direction sud sur l’île s’est élevé à 70 minutes, une première depuis lundi.

Le cabinet de la ministre Geneviève Guilbault a rappelé que les deux premières journées n’étaient pas représentatives. « On s’attendait à ce que le temps d’accès au tunnel soit un peu plus long », a indiqué à La Presse le porte-parole Louis-Julien Dufresne.

Appel à la prudence

Mardi, le conseiller au ministère des Transports (MTQ), Louis-André Bertrand, affirmait que « mercredi, la pointe d’après-midi, c’est notre plus grosse pointe de la semaine, suivie de près par celle du jeudi après-midi ». Ces derniers jours, des experts ont aussi appelé à la prudence dans La Presse, en expliquant que l’effet de la congestion pourrait mettre du temps à se manifester.

En matinée, la circulation était toutefois plus fluide. Il fallait en effet compter moins de 20 minutes pour franchir les 22 kilomètres séparant Belœil et l’île, par le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. C’était toutefois plus lourd en sens inverse au même moment.

Les automobilistes tentant de sortir de l’île mettaient alors un peu plus de 30 minutes pour parcourir les cinq kilomètres entre l’échangeur Anjou et l’entrée du tunnel. En voiture, La Presse a mis 22 minutes pour traverser le tunnel vers la Rive-Sud depuis Montréal, mais seulement à l’approche de l’avenue Souligny.

Pour revenir sur l’île de Montréal, La Presse a emprunté le pont Samuel-De Champlain qui était lui aussi relativement fluide, avec un temps de parcours d’environ 15 minutes. L’approche du pont Samuel-De Champlain était toutefois plus lourde que celles des ponts Jacques-Cartier et Victoria.

« Ce n’est rien d’exceptionnel encore, même que c’est plutôt similaire aux deux dernières journées », avait indiqué mercredi matin Mme Bensadoun. Elle reconnaît toutefois que des « temps de parcours allongés » ont été observés sur l’A25 Sud, notamment, en directions est et ouest. « On a aussi noté un peu plus de circulation du côté du pont Jacques-Cartier par rapport à la normale », a-t-elle dit.

Bref portrait dans le reste de l’île

Comme la veille, la circulation est demeurée dense dans le reste de l’île de Montréal. Comme à l’habitude, l’autoroute 40 était complètement paralysée en direction ouest sur les 17 kilomètres séparant l’échangeur Anjou et l’autoroute Décarie.

L’autoroute 15 était elle-même congestionnée en direction nord, de la sortie du pont Samuel-De Champlain jusqu’à l’A40. Au nord de l’île, les autoroutes 13 et 15 étaient également bien congestionnées en direction sud pour accéder à Montréal.

Notons que des accidents impliquant plusieurs véhicules sont survenus dès le début de la journée sur l’échangeur Turcot et l’autoroute 40, en direction est à la hauteur du pont Charles-De Gaulle, forçant dans les deux cas le retranchement d’une voie pour remorquer les automobiles accidentées, et ainsi certains ralentissements. La Sûreté du Québec ne signalait toutefois aucun accident majeur dans la région.

— Avec Pierre-André Normandin, La Presse

Varennes-Repentigny

Une entreprise veut livrer aux entrepôts par drone

Une entreprise québécoise, DroneTechnic, vient d’obtenir une autorisation de Transports Canada afin d’effectuer des tests de livraison par drone, entre Varennes et Repentigny, à l’est de Montréal. Elle affirme vouloir offrir une solution « peu coûteuse » aux entreprises ayant des « colis légers » à transporter d’une rive à l’autre, dans la foulée de la fermeture partielle du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Il faudra cependant encore du temps avant de pouvoir livrer des colis à des entreprises dans ce corridor. « Une fois que les tests seront faits, il nous faudra obtenir une deuxième autorisation, celle-là pour effectuer des opérations commerciales à proprement parler », dit le fondateur de l’entreprise, Michel Lizotte.

— Henri Ouellette-Vézina, La Presse

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