Grande entrevue  Mario Plourde, PDG de Cascades

Consolider l’entreprise pour les 50 prochaines années

KINGSEY FALLS — Mario Plourde ne s’en cache pas. Depuis son entrée en poste comme PDG de Cascades, il y aura bientôt trois ans, l’entreprise a connu une bonne séquence en enregistrant notamment des résultats records au cours de son dernier exercice financier, tandis que la valeur de son titre s’est appréciée de plus de 80 % au cours de la seule dernière année. Mario Plourde, faut-il le rappeler, est le premier plus haut dirigeant de Cascades à ne pas être issu de la célèbre fratrie des Lemaire au cours des 50 ans d’existence de l’entreprise.

Originaire de Danville, localité située à 10 kilomètres du siège social de Cascades, il a commencé sa carrière au début des années 80 à Kingsey Falls, à titre d’étudiant alors qu’il poursuivait des études en comptabilité.

À 25 ans, après avoir fait un stage universitaire d’un an aux États-Unis, il se fait offrir par Laurent Lemaire le poste de directeur de l’usine Plastiques Cascades à Kingsey Falls. Après que Mario Plourde eut réalisé différents mandats, dont le redressement en vue, ultimement, de la vente du groupe papiers fins, Alain Lemaire le nomme, en 2011, chef de l’exploitation du groupe.

« Alain m’avait convoqué, mais les trois frères étaient dans le bureau. C’est là qu’ils m’ont dit qu’ils souhaitaient que je fasse deux ans comme chef de l’exploitation pour ensuite devenir le PDG du groupe.

« Je leur ai demandé une semaine pour y réfléchir et pour en discuter avec ma famille, mais quatre jours plus tard, Bernard Lemaire m’a rappelé pour me demander quelle était ma décision. Bien évidemment, j’ai dit que j’y allais », m’explique Mario Plourde dans son bureau du siège social de Cascades à Kingsey Falls.

ASSAINIR LE PORTEFEUILLE

Mario Plourde a profité de ses deux années passées comme chef de l’exploitation pour bien comprendre les opérations de Cascades dans les secteurs des cartons-caisses et des papiers sanitaires, en visitant les usines du groupe et en rencontrant leurs dirigeants.

Dès son entrée en fonction comme PDG, il a alors entrepris d’assainir le portefeuille d’actifs du groupe en le délestant des activités où les marges n’étaient pas au rendez-vous ou qui présentaient de faibles possibilités de croissance.

Mario Plourde avoue qu’il était moins lié émotivement aux actifs du groupe Cascades que les frères Lemaire pouvaient l’être, et c’est pourquoi il a décidé de faire le ménage.

« On a vendu nos activités dans les papiers fins à Saint-Jérôme au groupe H.I.G. Capital pour 40 millions. On a fermé notre usine de papier kraft d’East Angus et on a vendu nos activités dans le carton plat en vendant nos sept usines à Graphic Packaging pour 45 millions », résume le PDG.

« Depuis 20 ans, on observait une baisse de 4 à 6 % par année de nos volumes dans le secteur des papiers fins. J’avais eu le mandat de sortir de ce secteur. Pour ce qui est du carton plat, on n’a jamais eu de succès dans ce type de produits et c’est pourquoi on a sollicité des acquéreurs stratégiques », explique le PDG.

Mario Plourde estime que le ménage chez Cascades est maintenant réalisé à plus de 90 % et que la prochaine étape est d’investir dans la modernisation des usines les plus âgées du groupe.

Cascades exploite 90 unités de production en Amérique du Nord et en Europe où l’entreprise fabrique des cartons-caisses (1,2 milliard de revenus annuels), des papiers sanitaires (1 milliard), des produits d’emballage spécialisés (600 millions) et du carton ondulé (700 millions) dans ses six usines européennes.

RENTABILITÉ ET AVENIR

L’épuration des activités du groupe et la conjoncture favorable des dernières années ont permis à Cascades d’afficher une rentabilité record en 2015, une situation qui devrait se poursuivre en 2016, estime Mario Plourde.

« Le prix du vieux papier, notre matière première, et celui du gaz naturel, notre principale source d’énergie, sont bas et on profite d’un taux de change extrêmement favorable.

« Le marché comprend mieux notre histoire et il reconnaît aussi les efforts que l’on fait pour améliorer notre opération », soumet Mario Plourde pour expliquer « la belle ride » que vient d’enregistrer la valeur de l’action de Cascades, qui s’est appréciée de 80 % en 2015.

Le PDG entend bien poursuivre les initiatives entreprises par le groupe pour améliorer ses marges et se rapprocher de ses marchés.

Le groupe a investi 430 millions dans la construction d’une usine super-moderne dans l’État de New York qui produit 540 000 tonnes de cartons-caisses par année avec le même nombre d’employés que dans une usine qui en produit habituellement 240 000 tonnes.

Cascades a également investi dans le réaménagement d’une usine de papiers sanitaires en Caroline-du-Nord qui lui permet dorénavant de desservir le marché du sud-est des États-Unis et de réduire considérablement ses coûts de transport.

« Mon but ultime est de solidifier toutes les bases de Cascades pour assurer sa pérennité pour les 50 prochaines années », explique Mario Plourde.

Le PDG considère que les six usines que Cascades exploite en Europe pourraient éventuellement servir de levier pour réaliser une transaction en Amérique du Nord.

De la même façon que la participation de 27 % que détient Cascades dans le producteur d’énergie renouvelable Boralex pourrait être elle aussi utilisée pour financer une éventuelle acquisition.

« Notre placement dans Boralex nous rapporte 6 millions par année en dividendes, on ne veut pas toucher à cela à court terme. Pour l’instant, on veut profiter de notre bonne rentabilité pour réduire notre endettement et être bien positionné pour poursuivre notre croissance future », entrevoit le PDG.

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