Le vapotage en baisse chez les jeunes

Le vapotage a diminué chez les jeunes pendant la pandémie, selon une étude menée par des chercheurs de trois universités canadiennes. Entre contraintes sanitaires et prise de conscience des dangers du vapotage, l’usage occasionnel de la cigarette électronique chez les adolescents est moins répandu depuis 2020.

La pandémie de COVID-19 aurait-elle ralenti l’épidémie de vapotage ? C’est ce qu’affirme une équipe de chercheurs canadiens dans un article publié la semaine dernière dans la revue Nicotine and Tobacco Research. Plus de 7000 adolescents du Québec et de l’Ontario ont été interrogés sur leur consommation de vapotage entre 2018 et 2020. En hausse constante sur les deux premières années, celle-ci a connu une baisse subite dès les premiers mois de la pandémie.

Des vapoteurs occasionnels moins nombreux

Cette décrue a surtout touché les consommateurs occasionnels, soit ceux en faisant usage une fois par semaine ou par mois. La proportion d’adolescents qui vapotaient chaque mois est passée de 32 % en 2019 à 23 % en 2020, et de 19 % à 14 % pour ceux qui déclaraient vapoter au moins une fois par semaine. « C’est une question de contexte », avance Richard Bélanger, chercheur associé au Centre de recherche Vitam et coauteur de l’enquête.

« Beaucoup de jeunes vapotent en groupe, donc le début de la pandémie a amené un court-circuit par rapport à cela. » Les mesures sanitaires ont en effet réduit l’usage social de la cigarette électronique, qui constituait l’une des principales pratiques de consommation des jeunes vapoteurs occasionnels.

Le confinement a également réduit la disponibilité des produits de vapotage, d’après les conclusions de l’étude. « Parmi les vapoteurs occasionnels, beaucoup consomment des produits avec leurs amis et utilisent les produits de leurs amis », explique le DBélanger. Selon le rapport 2021 du projet COMPASS sur la santé des adolescents au Québec, 63 % des jeunes vapoteurs se fournissent par l’entremise du don ou de l’achat par un proche. La rupture temporaire de ces « réseaux proximaux » pendant la crise sanitaire explique alors la baisse du nombre de consommateurs occasionnels.

Les consommateurs quotidiens peu touchés

La proportion de jeunes qui vapotent quotidiennement est néanmoins restée constante pendant la crise sanitaire. « Malgré les enjeux liés à la pandémie, ces jeunes ont continué à vapoter de manière journalière », indique le pédiatre, qui cible cette population comme une priorité dans la lutte contre le vapotage. « Ce sont les jeunes dont on s’inquiète le plus du comportement, ceux qui vont avoir moins de perception de nuisances, qui vont consommer plusieurs produits et qui pourraient être à risque de transiter vers la cigarette visuelle », alerte-t-il.

Une meilleure connaissance des dangers liés au vapotage

Si la sensibilisation aux risques du vapotage reste un défi majeur, Richard Bélanger se montre optimiste : « La connaissance des jeunes quant aux nuisances du vapotage sur la santé s’est améliorée ces dernières années. » Une hypothèse confirmée par les résultats du rapport COMPASS 2021, selon lesquels 83 % des adolescents québécois pensent que l’usage assidu de la cigarette électronique expose à un risque modéré ou grand pour la santé. Cette proportion était de 67 % avant la pandémie.

La crise sanitaire a donc livré des enseignements précieux qui pourront nourrir les politiques de prévention autour du vapotage. « Cela permet d’indiquer au législateur et aux intervenants de santé publique qu’il faut continuer de diffuser l’information sur les risques du vapotage pour les jeunes, particulièrement les jeunes du secondaire », estime le DBélanger, qui considère que « les politiques de sensibilisation ont eu un impact réel sur la baisse du niveau de consommation ». Ces évolutions sont particulièrement utiles pour comprendre les pratiques de consommation des adolescents, dans une période marquée par une profonde instabilité et une résurgence des problèmes de santé mentale chez les jeunes.

Quant à savoir si les évolutions liées à la pandémie sont amenées à se maintenir, les résultats du dernier rapport COMPASS semblent aller dans ce sens, en indiquant une nouvelle baisse du nombre de consommateurs occasionnels et une stagnation du nombre de consommateurs journaliers au Québec pour l’année 2021.

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