Mon clin d’œil

Les oreilles du roi Charles III vont lui siler, aujourd’hui.

Continuons à parler de la ménopause

Le 18 octobre est la Journée mondiale de la ménopause. Ce sujet a, enfin, occupé une place de choix dans les médias. Or, la Fondation canadienne sur la ménopause a récemment publié un sondage national. Celui-ci a révélé un manque de connaissances des femmes sur la ménopause, des faiblesses en matière d’équité en santé et en milieu de travail. Prenons le temps de parler de ce sujet important qui concerne toutes les femmes du Québec.

Le bal a été lancé par la diffusion du documentaire Loto-Méno qui a généré une large couverture médiatique et a contribué à mettre le sujet au premier plan. Malgré cela, à titre d’obstétricien-gynécologue ayant fait une formation spécialisée en ménopause (fellowship), je constate que les informations médicales présentées dans les médias ne sont pas assez nuancées. Néanmoins, le débat a mis à l’avant-scène un sujet peu séduisant, à première vue, mais si important et qui touchera chacune des femmes.

Désormais, les femmes du Québec ont accès à deux options thérapeutiques supplémentaires, maintenant couvertes par la RAMQ, ce qui doit nous réjouir. Cependant, il faut encore élargir cette couverture aux autres modalités thérapeutiques disponibles pour les femmes qui en ont besoin.

Ces deux médicaments ne constituent pas l’unique et l’idéale modalité thérapeutique. Ils ne sont pas sans risque pour toutes les femmes ; c’est pourquoi le dicton anglais one size fits all ne peut s’appliquer ici.

Dans l’article Normalising menopause, publié le 15 juin 2022 dans The British Medical Journal, les auteurs écrivent que « la manière de traverser la ménopause est façonnée par des facteurs socioculturels et biologiques ». Ils sont aussi d’avis que la médicalisation de la ménopause par les médias (comme étant un problème nécessitant un traitement) « nourrit des attentes négatives » auprès des femmes et les « prépare à s’attendre au pire ». Ma perception et mon expérience clinique abondent dans ce sens depuis la diffusion du documentaire.

Mes collègues médecins et moi-même n’avons jamais eu autant de patientes qui demandent d’entreprendre un traitement, de le modifier ou de le reprendre en faveur d’un traitement bio-identique, qu’elles soient symptomatiques ou non, et même ménopausées ou non. Le traitement de la ménopause doit reposer sur des données probantes, comme le soulignait la DJeanne Bouteaud dans un article publié au début du mois dans La Presse1. Malheureusement, des femmes dépensent des fortunes en tests diagnostiques ou de surveillance sans preuve scientifique. D’autres investissent beaucoup d’argent pour toutes sortes de traitement dont certains sont non approuvés, voire risqués.

Une chose est évidente et va bien au-delà du seul sujet de la ménopause. Les médias doivent être conscients de leur influence sur la population et les gouvernements, et doivent véhiculer des propos justes et responsables.

Nos gouvernements doivent aussi investir massivement et prioriser activement la santé de la femme dans son ensemble de façon équitable (accès à la physiothérapie, à la psychothérapie, support infirmier spécialisé par exemple). Ils doivent inclure les acteurs principaux et directement impliqués dans leurs soins, et ce, à toutes les étapes de leur vie. Depuis le début de ma pratique, je ne cesse de constater le contraire. Comme société, nous devons à nos femmes une médecine de qualité basée sur des données scientifiques.

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