Cannabis médicinal et crime organisé

Le fédéral doit remettre de l’ordre

Un article de Daniel Renaud publié le 26 septembre dans La Presse⁠1 nous a appris que le programme fédéral de production de cannabis médicinal est fréquemment l’objet d’un détournement par le crime organisé.

Alors que le fédéral procède actuellement à une révision de la loi, il est temps de faire le ménage : comme pour tout autre médicament, la production du cannabis à des fins médicales doit se faire uniquement par les producteurs autorisés, et la distribution doit passer par les pharmaciens. C’est une question de protection du public.

Cela fait maintenant près de 20 ans que l’usage du cannabis à des fins médicales est réglementé au Canada. Un patient peut se faire prescrire ce type de produits, notamment lorsque les autres options n’ont pas démontré leur efficacité, par exemple dans des cas de douleurs chroniques ou de certaines formes d’épilepsie. Il s’agit habituellement d’une option de dernier recours.

Dane le système actuel, une fois la prescription de cannabis obtenue, le patient est littéralement laissé à lui-même et doit trouver une façon pour obtenir son produit.

Pour résumer les choses simplement, il peut se diriger vers un producteur autorisé par Santé Canada, un fournisseur privé ou faire une demande de certificat d’inscription auprès de Santé Canada pour faire pousser des plants de cannabis à la maison.

Le rôle du pharmacien

La qualité du produit repose donc entre les mains de fournisseurs et de leurs intermédiaires, dont certains ont parfois des relations nébuleuses. Ensuite, aucun suivi régulier n’est réalisé par le pharmacien pour s’assurer que le traitement est sécuritaire et qu’il répond aux objectifs thérapeutiques, puisque les pharmaciens ne peuvent pas distribuer de cannabis médicinal. En particulier face à un patient qui prend d’autres médicaments, l’intervention du pharmacien est pourtant essentielle.

La consommation non médicale du cannabis relève de choix individuels, au même titre que l’alcool ou le tabac, et les produits à cette fin sont disponibles dans les magasins de la Société québécoise du cannabis (SQDC). Mais lorsqu’il est question d’une utilisation du cannabis comme traitement d’un problème médical, le pharmacien doit être mis à contribution dans le circuit de distribution afin d’assurer la sécurité du patient et son suivi, une recommandation par ailleurs formulée dans un récent rapport de Santé Canada sur l’examen du cannabidiol (autrement appelé CBD).

Chose certaine, la production et la distribution de cannabis médicinal sous ses formes actuelles ne peuvent tenir, pour la sécurité du patient, qui a droit à un traitement sécuritaire et efficace. La production doit être mieux encadrée et l’avenir de la distribution se passe en pharmacie. Ne laissons pas d’ouverture au crime organisé et utilisons nos professionnels pour mieux soigner la population comme nous le faisons déjà pour les médicaments traditionnels. Ça tombe sous le sens.

1. Lisez le texte de Daniel Renaud : « Cannabis médicinal : le programme fédéral détourné par le crime organisé »

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