Conférence sur la biodiversité

Plaidoyer pour que les chefs d’État viennent à Montréal

Les chefs d’État et de gouvernement de la planète doivent s’impliquer directement pour que la conférence de Montréal sur la biodiversité accouche en décembre d’un accord « ambitieux et transformateur », plaident les architectes de l’Accord de Paris sur le climat.

« Le monde s’est réuni en 2015 pour garantir l’Accord de Paris ; nous exhortons les dirigeants à faire de même maintenant pour livrer un accord frère solide » sur la biodiversité, affirment les signataires, parmi lesquels figurent l’ancien premier ministre de la France Laurent Fabius, qui présidait la COP21 de Paris, et Laurence Tubiana, qui était alors ambassadrice de la France pour les changements climatiques.

« Les agendas du climat et de la nature sont étroitement liés », affirment-ils dans leur appel lancé mardi à la 27conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP27), en Égypte, soulignant qu’il sera impossible de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C sans protéger et restaurer la nature.

« Les changements climatiques deviennent rapidement l’un des principaux moteurs de la perte de biodiversité, tandis que notre destruction accélérée de la nature sape sa capacité à fournir des services cruciaux, dont l’atténuation et l’adaptation de ces changements climatiques.  »

– Extrait de l’appel des architectes de l’Accord de Paris

Montréal accueillera du 7 au 19 décembre 2022 la 15conférence des parties (COP15) à la Convention sur la diversité biologique des Nations unies, mais il n’est pas prévu que des chefs d’État et de gouvernement y participent, les COP sur la biodiversité se déroulant traditionnellement au niveau ministériel.

L’urgence de la situation exige toutefois que les chefs d’État et de gouvernement s’impliquent, cette fois, plaident les architectes de l’Accord de Paris, qui estiment que la COP15 de Montréal sera une « occasion sans précédent » de renverser la tendance de la perte de biodiversité.

« Nous ne pouvons pas nous permettre de la manquer, disent-ils. Un leadership audacieux est nécessaire. »

La COP15 doit déboucher sur une entente qui, comme l’Accord de Paris, devra inciter les pays à « s’engager et à intensifier leur action à la mesure de l’ampleur du défi », plaident-ils.

Cette attente devra aussi prévoir le soutien financier et technique nécessaire, garantir un mécanisme de mise en œuvre solide, reconnaître le rôle des solutions basées sur la nature et tenir compte des connaissances et des droits des peuples autochtones, énumèrent-ils.

Le plus important sommet de la décennie

L’appel des architectes de l’Accord de Paris tombe à point pour créer « une impulsion » en prévision de la conférence de Montréal, qui sera « le plus important sommet de la décennie » en matière de biodiversité, estime Eddy Pérez, directeur de la diplomatie climatique internationale au Réseau Action Climat Canada et chargé de cours à l’Université de Montréal.

« On parle des gens qui ont réfléchi, élaboré, participé au processus diplomatique qui nous a menés à l’Accord de Paris », dit-il.

Des gens comme Laurent Fabius saisissent bien « l’importance de se donner tous les moyens diplomatiques pour définir un accord sur la biodiversité qui est ambitieux, équilibré et qui demande la plus haute attention possible pour qu’il soit adopté », estime M. Pérez, que La Presse a joint à Charm el-Cheikh, où il participe à la COP27.

La COP15 devra réussir à « créer un nouveau paradigme où on va réellement essayer de répondre à la crise actuelle [de la biodiversité] avec des objectifs beaucoup plus ambitieux », croit Eddy Pérez.

Et un tel objectif ne saurait être atteint sans une implication au plus haut niveau de l’État.

« Parfois, un ministre [de l’Environnement] tout seul, qui ne réussit pas à discuter avec son collègue des Finances ou de l’Énergie, ne peut pas prendre une décision sur le tas, lors d’un sommet qui dure 10 jours », illustre-t-il.

« Ça vaut le coup d’avoir des dirigeants sur place, ils représentent tout le gouvernement et on peut prendre des décisions tout de suite », poursuit-il.

À trois semaines de la COP15, il n’est pas trop tard pour orchestrer la participation des chefs d’État et de gouvernement, estime Eddy Pérez, qui souligne qu’il est possible de se joindre aux évènements virtuellement, comme l’avaient fait les participants au Sommet des dirigeants sur le climat organisé par le président états-unien Joe Biden, au printemps 2021.


EN SAVOIR PLUS

1992
Année de la signature de la Convention sur la diversité biologique, lors du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro, au Brésil

Source: Source : Convention sur la diversité biologique

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