Ne tenons jamais l’eau pour acquise

Quand j’étais jeune, j’aimais faire des ricochets sur l’eau d’un lac, en regardant silencieusement les cercles s’élargir de plus en plus à partir de chaque point d’impact. Il me semblait que le lac entier se transformait progressivement, un rebond à la fois.

Lorsque j’ai créé la Fondation One Drop il y a 15 ans, je sentais au plus profond de moi que l’accès à l’eau allait être l’un des défis les plus importants du XXIsiècle. Rapidement, la Fondation One Drop a commencé à générer des effets d’entraînement — comme les cercles dans le lac où je jouais quand j’étais petit — en portant des actions collectives pour garantir un accès durable à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène dans les communautés du monde entier. Grâce à notre réseau, nous avons amélioré les conditions de vie de 1,7 million de personnes et sommes en voie d’en toucher 1 million de plus.

C’est avec une grande fierté que je constate des répercussions positives du travail de One Drop depuis 2007. Cependant, alors que la fondation fête ses 15 ans cette année, je réalise qu’il reste beaucoup de chemin à faire.

La situation actuelle est plus critique que jamais. L’état de l’accès à l’eau sur notre planète bleue me brise le cœur.

Comment les membres d’une communauté au Burkina Faso peuvent-ils se protéger des pandémies et des maladies alors que nombre de leurs établissements de santé ne disposent pas d’équipements appropriés pour le lavage des mains ? Comment les femmes des zones rurales de l’Inde peuvent-elles mieux résister aux changements climatiques alors que les sécheresses les privent de leur seule source d’eau ? Pourquoi tant de communautés d’Amérique latine sont-elles aux prises avec une crise de l’eau alors que leur région dispose de la plus grande quantité d’eau douce par habitant au monde ? Même au Québec et partout dans le Grand Nord, il y a d’innombrables communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits qui n’ont toujours pas accès à de l’eau potable et à des services d’assainissement. C’est ahurissant.

Tant que chaque personne sur la planète n’aura pas accès à de l’eau potable, nous ne pouvons pas abandonner. Nous devons retrousser nos manches et redoubler d’efforts — ensemble.

Au cours des 15 dernières années, trois priorités à notre portée m’ont donné de bonnes raisons de demeurer, somme toute, optimiste.

Eau et changements climatiques

Premièrement, si nous avons la moindre chance de parvenir à la santé mondiale, à l’égalité des genres, à la résilience climatique et à de meilleures conditions de vie pour les communautés locales, nous devons d’abord nous attaquer aux problèmes liés à l’eau. L’accès à l’eau potable, à des installations sanitaires et d’hygiène adéquates, permet aux gens — en particulier aux femmes et aux filles qui ont souvent la responsabilité dans leur communauté d’aller chercher de l’eau — de mener une vie saine, en toute sécurité. En gérant la disponibilité et la durabilité des ressources en eau, nous aidons les communautés à devenir plus résilientes face à la crise climatique et être en mesure de s’adapter. Lorsque nous comprenons les liens entre l’eau et les problèmes les plus urgents dans le monde, nous réalisons l’impact que peut avoir l’accès à l’eau potable.

Deuxièmement, pour changer les choses, il faut une approche systémique qui s’appuie sur le pouvoir de la collectivité. Tout comme il faut plus d’un artiste pour monter un spectacle de cirque, il faut tout un système pour rendre un projet d’accès à l’eau durable. Nous avons besoin d’acteurs qui se mobilisent dans tous les secteurs, de gouvernements et d’ONG qui reconnaissent l’urgence d’agir, de philanthropes qui sont prêts à se vouer à la cause, et de membres de la communauté qui ont les moyens de leurs ambitions.

Troisièmement, nous devons puiser dans notre énergie créative et mettre en œuvre des solutions innovantes et durables qui donnent la priorité aux communautés locales : des solutions qui touchent directement le cœur des gens, qui les inspirent et les motivent, qui leur donnent envie de changer — et de changer le monde.

Une tempête se prépare à l’échelle mondiale, et l’eau est au cœur de la crise. C’est difficile à imaginer, mais à l’heure actuelle, plus de 2 milliards de personnes n’ont pas d’eau potable à la maison. Le temps presse.

En tant qu’éternel optimiste, je crois en notre capacité collective à prendre soin de nos concitoyens sur cette planète. Aujourd’hui, je vous invite à prendre des mesures concrètes. Informons-nous mutuellement sur l’importance de l’accès à l’eau potable et soutenons les organisations qui proposent des solutions durables et originales. Des millions de personnes partagent mon rêve de rendre le monde meilleur. J’invite chacun et chacune d’entre vous à faire des ricochets de bonnes actions afin qu’ensemble, nous puissions déclencher des ondes de changement.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.