Soupçons d’ingérence de la Chine au Québec

Les organismes visés offrent leur collaboration

Les deux organismes soupçonnés par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) d’être des « postes de police chinois » clandestins à Montréal et à Brossard disent être étonnés de se voir ainsi ciblés. Ils assurent être prêts à collaborer avec les autorités canadiennes et maintiennent qu’ils condamnent tout comportement qui pourrait s’assimiler à du harcèlement et à de l’intimidation.

La semaine dernière, la GRC avait confirmé publiquement la tenue d’une enquête sur le Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud, deux organismes identifiés par Le Journal de Montréal. Les deux organismes, qui partagent les mêmes dirigeants, sont soupçonnés par les policiers de participer à une campagne d’ingérence étrangère au profit du régime du Parti communiste chinois.

« On parle de pressions, de menaces voilées ou pas voilées. Il semble même qu’il pourrait y avoir un climat de terreur qui règne dans la diaspora pour certaines personnes. C’est pour ça qu’en cours d’enquête, on corrobore et, surtout, on demande l’aide du public. On a besoin de l’information des gens qui subissent des pressions », avait déclaré le sergent Charles Poirier, porte-parole de la GRC.

Cette sortie publique en cours d’enquête, une stratégie rarissime pour le corps policier fédéral, a surpris les organismes visés, selon leur avocate, MVirginie Dufresne-Lemire.

« Ces deux organisations souhaitent collaborer à cette enquête dans le respect de l’exercice de leurs droits fondamentaux. Elles condamnent les comportements s’assimilant à du harcèlement et de l’intimidation et invitent toute personne victime à dénoncer ces agissements », a-t-elle déclaré dans un communiqué mardi.

Présomption d’innocence

Les dirigeants des deux groupes n’ont pas souhaité accorder d’entrevue, mais ils ont réitéré leur confiance envers leur présidente, la conseillère municipale de Brossard Xixi Li.

« Nous tenons à rappeler l’importance de la présomption d’innocence. Ainsi, pendant que l’enquête est en cours, nous invitons la population ainsi que les médias à faire preuve de prudence et à faire attention aux amalgames, particulièrement suivant le contexte de pandémie où la communauté chinoise a été fortement stigmatisée. Conclure à la culpabilité de ces organisations dans le vide factuel actuel risque de causer des dommages irréparables à ces deux organisations », affirme MDufresne-Lemire.

Service à la Famille Chinoise du Grand Montréal et le Centre Sino-Québec de la Rive-Sud sont des organisations qui ont comme mission officielle de promouvoir le bien-être de la communauté chinoise et asiatique du Québec, et de participer à l’intégration des nouveaux arrivants dans la société québécoise.

Du côté de la GRC, le sergent Charles Poirier a confirmé à La Presse que depuis la publication des premiers articles sur l’enquête ciblant les deux organismes, les policiers avaient déjà reçu « 15 signalements sérieux » de membres du public concernant les actes qui font l’objet d’une enquête.

« Nous procédons à l’étape d’analyse de ces signalements, et nous encourageons encore une fois toutes les victimes et témoins d’activités illégales, et tous les individus qui subissent des pressions, de l’intimidation et des menaces à nous contacter. La GRC réitère une fois de plus qu’elle prendra tous les moyens nécessaires pour contrer l’ingérence étrangère au Québec et au Canada », a déclaré le porte-parole.

— Avec la collaboration de Lila Dussault, La Presse

Élève exploitée sexuellement

Québec déclenche une enquête sur la gestion du centre de services scolaire

Une enquête administrative a été déclenchée par le ministre de l’Éducation pour comprendre comment une adolescente a pu être « en couple » avec une éducatrice spécialisée de son école alors que la situation était connue. La « gestion » du centre de services scolaire sera évaluée.

L’enquête portera sur la « gestion des évènements par le centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île », confirme Florence Plourde, attachée de presse du ministre Bernard Drainville.

Cette enquête survient à la suite de la reconnaissance de culpabilité enregistrée la semaine dernière par Véronie Campeau, 41 ans. Elle était accusée de contact sexuel sur une mineure de moins de 16 ans, d’incitation à des contacts sexuels et d’exploitation sexuelle.

Pendant des années, elle a formé « officiellement » un « couple » avec une élève vulnérable dans une école secondaire de l’est de Montréal. « C’était connu », a résumé MGary Martin, avocat de l’accusée.

Dans sa déclaration aux policiers, l’élève a raconté avoir confié en 2014 à une enseignante de l’école Antoine-de-Saint-Exupéry qu’elle formait un « couple » avec Véronie Campeau.

La critique libérale en matière d’éducation, Marwah Rizqy, avait réclamé la tenue d’une telle enquête dans une lettre adressée au ministre Drainville, la semaine dernière.

« Est-ce que l’enseignante a signalé cette dénonciation à la DPJ ? À la direction d’école ? Si c’est le cas, comment cette dénonciation a-t-elle cheminé, ou plutôt, n’a-t-elle pas cheminé ? Si aucun signalement n’a été fait à la DPJ et/ou à la direction, pourquoi ? », a écrit la députée.

Cette enquête s’ajoute à celle annoncée lundi par la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ), qui veut « vérifier si les faits allégués sont véridiques et si les droits de l’adolescente ont été respectés ».

— Avec la collaboration de Vincent Larin, La Presse

Arrestations de masse illégales

Valérie Plante présente ses excuses sur Twitter

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, s’est excusée sur Twitter mardi pour les torts subis par les personnes arrêtées en masse par le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) dans la dernière décennie. Le matin même, des représentants des actions collectives remportées en février contre la Ville en avaient fait la demande expresse en conférence de presse.

« Le droit de manifester est fondamental et nous le défendrons toujours, a assuré la mairesse, mardi sur Twitter. C’est pourquoi je réitère les excuses de la Ville de Montréal envers les personnes qui ont manifesté en 2012 et dont les droits ont été brimés par l’ancien règlement P6, abrogé par notre [administration].1 »

Des excuses publiques plus « sincères » avaient été demandées le matin même par des représentants des actions collectives contre la Ville de Montréal lors d’une conférence de presse tenue à l’Université du Québec à Montréal.

« Nous ne voulons pas d’excuses au rabais », avait alors lancé Sandrine Ricci, représentante de l’une des 16 actions collectives qui a eu gain de cause face à la Ville de Montréal par une entente à l’amiable le 22 février.

Elle demandait des excuses publiques collectives plus visibles que celles jointes sur le site de la Ville de Montréal dans un communiqué2 d’un paragraphe difficile à trouver.

L’administration municipale a réitéré à La Presse sa reconnaissance du droit de manifester.

Le règlement P6, qui obligeait notamment les manifestants à fournir leur itinéraire et les empêchait de se couvrir le visage (adopté par l’administration de Gérald Tremblay), a d’ailleurs été abrogé par l’administration Plante, rappelle-t-on au cabinet.

« J’avais peur »

« Ce soir-là, c’est entre autres mon droit à la sûreté et mon droit à l’intégrité qui ont été bafoués, mais aussi notre droit à la liberté d’expression et de réunion pacifique, et d’association, qui ont été brimés », a témoigné mardi Isabel Matton. Le 20 mai 2012, celle qui était alors éducatrice en garderie a participé à une manifestation nocturne à l’angle des rues Sherbrooke et Saint-Denis, à Montréal, dans le cadre du printemps érable.

Devant les médias, Mme Matton a affirmé qu’elle vit toujours des séquelles de l’arrestation illégale subie ce soir-là. « J’avais peur. […] J’ai reçu des coups de bouclier alors que je criais, en larmes, aux policiers d’arrêter de me faire mal », décrit-elle.

« On a été détenus pendant des heures, poursuit-elle. On s’est fait dire qu’on méritait comment on était traités. »

Aujourd’hui, elle fait encore des cauchemars.

Une gestion antidémocratique

Les six représentants de différentes actions collectives ont décidé de prendre la parole mardi, car ils estiment que la Ville de Montréal doit aussi faire état des changements apportés par son administration pour s’assurer que le SPVM modifie ses pratiques.

Rappelons qu’en vertu de l’entente signée en février, près de 3200 personnes se partageront 6 millions de dollars, soit une indemnisation d’environ 1500 $ par personne.

Au-delà de la somme d’argent, c’est la portée symbolique de cette victoire juridique qui importe, expliquent plusieurs représentants rassemblés à l’UQAM.

« L’objectif du recours collectif n’était pas de réduire nos droits fondamentaux à une somme d’argent, mais d’amener la Ville à assumer pleinement les conséquences de sa gestion antidémocratique des manifestations », ont-ils indiqué dans un communiqué de presse.

Le SPVM a réagi de son côté en soulignant « l’évolution constante » de ses pratiques afin « d’augmenter son expertise ». « Et ce, toujours dans le même but : maintenir le juste équilibre entre le respect des droits et des libertés individuels de notre société démocratique et le respect de la paix et de la sécurité publique dans les espaces urbains collectifs au profit de la jouissance paisible des lieux par l’ensemble de la population. »

Organisation internationale de la Francophonie

Québec propose Caroline St-Hilaire comme administratrice

Le gouvernement Legault a proposé la candidature de l’ex-mairesse de Longueuil Caroline St-Hilaire pour occuper les fonctions d’administratrice de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF).

Une autre candidature, celle-là du gouvernement fédéral, mais dont le nom n’est pas connu, a également été soumise à la secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, selon une source citée par le quotidien Le Devoir qui a d’abord rapporté la nouvelle de la nomination de Caroline St-Hilaire, mardi.

« Le gouvernement du Québec a été sollicité par le gouvernement fédéral pour contribuer au processus visant à pourvoir le poste d’administrateur de l’OIF. C’est Ottawa qui a la responsabilité de soumettre une liste de candidats à l’Organisation internationale de la Francophonie », s’est limité à dire le cabinet de la ministre québécoise des Relations internationales et de la Francophonie, Martine Biron.

Pour sa part, la ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, n’a pas souhaité faire de commentaire au sujet des candidatures qu’elle comptait mettre de l’avant à l’OIF.

Le besoin de nommer un nouvel administrateur, le deuxième poste en importance au sein de l’OIF, est dû au départ dans d’obscures circonstances du précédent représentant du Canada, Geoffroi Montpetit, en poste depuis mars 2021, et dont le contrat n’a pas été renouvelé1.

Deux départs controversés

Le poste d’administrateur de l’OIF est réservé au Canada pour la durée du mandat de la secrétaire générale, Louise Mushikiwabo, lequel a été renouvelé pour un autre cycle de quatre ans en novembre dernier au sommet de Djerba, en Tunisie.

La nomination de M. Montpetit découlait elle-même du départ précipité de sa prédécesseure, Catherine Cano, une ancienne cadre du secteur des médias. Nommée en 2019, cette dernière avait subitement démissionné, environ un an et demi plus tard, causant une commotion dans les cercles diplomatiques québécois et canadien2.

Ce deuxième départ précoce avait fait insinuer à une source consultée par La Presse que « la question se pose à savoir si le problème est vraiment l’administrateur ou l’administratrice », une critique à peine voilée du mode de gestion de Louise Mushikiwabo.

Quant à Caroline St-Hilaire, son nom avait déjà été évoqué l’automne dernier pour un poste de déléguée du Québec à Barcelone, une hypothèse dévoilée par Le Journal de Québec. Cette possibilité avait toutefois valu au gouvernement plusieurs critiques des partis de l’opposition, qui y voyaient une nomination partisane.

Rappelons que Caroline St-Hilaire a porté les couleurs de la Coalition avenir Québec lors des dernières élections dans la circonscription de Sherbrooke. Elle n’avait finalement pas été élue.

— Avec Mélanie Marquis, La Presse

Condamné à sept ans d’emprisonnement

Armes, silencieux et munitions partout dans la maison

Un ancien complice de l’ex-tueur à gages Frédérick Silva, qui aurait fabriqué des silencieux et des armes, et chez qui les policiers ont trouvé des éléments de preuve partout dans la maison, a été condamné à sept ans d’emprisonnement, lundi à Montréal. Dans les faits, toutefois, cette peine n’a pas d’impact direct pour Giovanni Presta, car elle est concurrente à une peine à vie, sans admissibilité à une libération conditionnelle avant 25 ans, qu’il purge depuis décembre, après avoir été reconnu coupable du meurtre de Sébastien Beauchamp, commis en 2018. Le jour où Frédérick Silva a été arrêté, après deux ans de cavale, en février 2019, les enquêteurs de la Division du crime organisé du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) ont fait une perquisition chez Presta, à Terrebonne. Ils ont trouvé des carcasses d’armes à feu, des chargeurs, des crosses, des canons, des silencieux usinés, une imprimante 3D, des documents servant à la fabrication d’armes à feu et de silencieux, des armes prohibées et des munitions, tout cela disséminé dans la maison.

— Daniel Renaud, La Presse

Saint-Laurent

Un commerce visé par un incendie criminel

Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) enquête sur un incendie criminel survenu dans un commerce de Saint-Laurent dans la nuit de lundi à mardi. Les agents du SPVM se sont rendus sur place vers 1 h 30 pour un incendie dans un commerce situé sur le chemin du Bois-Franc, près de la rue du Miniac. Au moins un suspect aurait fracassé une fenêtre de l’établissement pour y mettre le feu avant de prendre la fuite, a précisé l’agente Caroline Chèvrefils, porte-parole du corps policier. Aucun objet incendiaire n’a été trouvé à l’intérieur du commerce. Le bâtiment a subi d’importants dommages, mais on ne déplore aucun blessé. — Mayssa Ferah, La Presse

Prix Killam

Un psychologue québécois honoré

Un psychologue de l’Université Laval, Charles Morin, reçoit cette année l’un des cinq prix Killam, remis à des chercheurs d’excellence au Canada. M. Morin a élaboré des thérapies pour l’insomnie et montré qu’elles pouvaient être aussi efficaces que les médicaments. Plus récemment, il a fait partie d’un consortium international documentant les effets de la pandémie sur le sommeil.

— Mathieu Perreault, La Presse

« Une psychologue plaide coupable, malgré l’inaction du syndic »

Dans notre numéro de mardi, le texte « Une psychologue plaide coupable, malgré l’inaction du syndic » attribuait par erreur à l’expert psycholégal Frédéric Laterrière des propos de la mère, Fanie Charbonneau, critiquant les décisions du syndic de l’OPQ dans ce dossier. Le texte mentionnait aussi que la mère avait demandé le placement de sa fille sous la protection de la DPJ, alors qu’elle avait plutôt demandé son hospitalisation en psychiatrie. Nos excuses.

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