Justin Trudeau en France pour commémorer les héros canadiens

Ottawa — Le premier ministre Justin Trudeau a foulé mercredi le sol français afin de participer à la commémoration du 80anniversaire du jour J et de la bataille de Normandie, où 5500 soldats canadiens ont fait le sacrifice ultime pour libérer l’Europe occupée par les nazis.

« Le sacrifice des hommes qui ont servi lors de ces missions est énorme », a insisté en entrevue avec La Presse Canadienne la ministre des Anciens Combattants, Ginette Petitpas Taylor, qui dirige la délégation canadienne.

Plusieurs des anciens soldats qui l’accompagnent, dont bon nombre sont centenaires, étaient au nombre des 14 000 Canadiens, qui, le 6 juin 1944 au matin, ont investi la plage normande à laquelle était donné le nom de code « Juno ».

Avec les Américains et les Britanniques, ils étaient en tout 156 000 soldats à prendre d’assaut cinq plages longeant 100 kilomètres de côtes et derrière les lignes ennemies.

Aux premières loges, Marcel Ouimet, reporter de guerre de Radio-Canada, raconte avec précision le paysage alors que les soldats du Régiment de la Chaudière, basé au Québec, se précipitaient sur la plage à Bernières-sur-Mer (Juno Beach), qui sera la première localité libérée par les Canadiens.

Mais la nuit tombée, 359 soldats canadiens étaient morts, selon les plus récentes données de la Défense nationale. Ce n’était pas en vain. De l’autre côté de l’océan, le Toronto Daily Star titrait : « Une fissure dans le mur de l’Atlantique », rappelle l’Encyclopédie canadienne.

« C’est un débarquement amphibie qui n’a jamais été vu dans l’histoire et qu’on n’a jamais revu après non plus », résume Marie Eve Vaillancourt, une Québécoise qui dirige les expositions du Centre Juno Beach, un musée visant à rendre hommage à la contribution canadienne durant la Seconde Guerre mondiale.

La délégation dirigée par la ministre Petitpas Taylor s’est rendue mercredi au cimetière militaire canadien de Bény-sur-Mer pour prendre part à une cérémonie durant laquelle les vétérans pourront se recueillir près des tombes de 2049 de leurs compagnons tombés au combat.

Une statue du Royal Regina Rifles a également été dévoilée à la plage Juno pour rendre hommage à ceux qui ont été les premiers à prendre d’assaut cette plage.

Ce jeudi, le Canada tiendra une grande cérémonie à Juno Beach à laquelle prendront part le premier ministre Trudeau et de nombreux dignitaires. Suivra la cérémonie internationale à Omaha Beach à laquelle le président américain, Joe Biden, a annoncé sa présence.

Libérés par des Québécois

À la veille de l’anniversaire du jour J, les villages autrefois libérés par les Canadiens sont décorés de drapeaux canadiens qui pendent des fenêtres ou qui sont installés dans des commerces, a témoigné sur place Mme Vaillancourt.

D’ailleurs, cette libération, elle s’est aussi faite en français. Au fil des batailles, les civils normands ont découvert que des soldats parlaient leur langue. En fait, 20 % des troupes canadiennes étaient francophones, a-t-elle souligné.

Non seulement le Régiment de la Chaudière était présent dès le débarquement, mais d’autres camarades canadiens-français sont arrivés en renfort, dont ceux des Fusiliers Mont-Royal et du Régiment de Maisonneuve.

Ce sont en fin de compte pas moins de 90 000 Canadiens qui serviront de façon volontaire entre le jour du débarquement jusqu’à la fin de cette bataille, à la fin du mois d’août.

Macron loue « l’esprit de sacrifice »

Le président français, Emmanuel Macron, a rendu hommage mercredi aux victimes civiles des bombardements alliés et loué « l’esprit de sacrifice » des libérateurs de la France en lançant les commémorations du débarquement allié du 6 juin 1944, auxquelles vont notamment participer ses homologues américain et ukrainien, dans une démonstration d’unité sur fond de guerre en Ukraine. « Je sais notre pays fort d’une jeunesse […] prête au même esprit de sacrifice que ses aînés », a déclaré le chef de l’État lors d’un premier hommage à Plumelec. C’est à cet endroit que « tomba le premier soldat français du Débarquement », le caporal Emile Bouétard, qui avait rejoint l’Angleterre, a rappelé Emmanuel Macron. Le Royaume-Uni commémore également l’évènement. Le roi Charles III, actuellement traité pour un cancer, a présidé une cérémonie à Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre. « Engageons-nous une nouvelle fois à toujours nous souvenir, chérir et honorer ceux qui ont servi », a-t-il déclaré devant une foule agitant des milliers de petits drapeaux britanniques.

— Agence France-Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.