Les BIXI en hiver devront encore attendre

Malgré des données d’utilisation pour le moins éloquentes à l’approche de l’hiver, BIXI Montréal fermera de nouveau les livres le 15 novembre cette année. L’idée d’une saison hivernale des vélos en libre-service (VLS) fait son chemin, mais il reste encore trop de « détails importants à ficeler » avec la Ville, selon l’organisme.

Depuis le début du mois de novembre, les données ouvertes de compteurs automatiques font état de dizaines de milliers de trajets à BIXI chaque jour. Mardi, on en recensait tout près de 30 000, et la veille, plus de 31 000. Au début du mois, des sommets ont même été atteints avec plus de 41 000 vélos en libre-service sur les routes de la métropole. En août, au plus fort de la saison estivale, on comptait approximativement 50 000 déplacements quotidiens, en moyenne, montrent les chiffres officiels de BIXI.

Les chiffres en données ouvertes de novembre se produisent alors que la météo se rafraîchit et, surtout, au moment où la saison touristique est terminée, ce qui fait dire à des observateurs qu’il est maintenant plus qu’urgent de prolonger les VLS durant la saison hivernale, d’autant plus que les axes cyclables comme le Réseau express vélo (REV) sont déneigés tout l’hiver.

« Cette année, BIXI atteint des niveaux d’utilisation en novembre semblables aux niveaux de juin et juillet l’an dernier. Vivement un projet pilote de BIXI toute l’année », a dit cette semaine Chris McCray, spécialiste en science du climat et professeur à l’Université McGill.

Prolonger les services de BIXI au-delà du 15 novembre fait débat depuis déjà plusieurs années à Montréal. En 2020, le directeur général de l’organisme, Christian Vermette, avait affirmé que la saison hivernale 2021-2022 pourrait être la bonne, mais cela ne s’est jamais produit.

D’autres priorités

Jointe par La Presse, la porte-parole de BIXI Montréal, Bérengère Thériault, affirme que « l’électrification du réseau et l’ajout de vélos électriques ont été la priorité des dernières années ». « La possibilité d’offrir le service 12 mois sur 12 fait toutefois partie des dossiers prioritaires, et s’inscrit dans la volonté de la Ville et de BIXI d’offrir un service toujours plus accessible pour les citoyens », énumère-t-elle.

« Malheureusement, cela n’aura pas lieu cet hiver, puisqu’il reste encore des détails importants à ficeler avant de pouvoir aller de l’avant avec ce projet. On travaille toutefois avec la Ville à ce que le projet se concrétise », insiste Mme Thériault.

Au cabinet de la mairesse Valérie Plante, on évoque aussi le fait que certains « détails » restent à préciser. « Concernant la possibilité de rendre les BIXI disponibles à l’année, il reste effectivement des détails importants à préciser, mais on y croit », dit la responsable de la mobilité, Sophie Mauzerolle.

« On peut penser à l’entretien nécessaire pour assurer des déplacements sécuritaires, le déneigement des stations, le territoire couvert, les coûts impliqués, entre autres. Toutefois, nous travaillons activement avec notre partenaire pour rendre ce projet possible. »

— Sophie Mauzerolle, responsable de la mobilité, Ville de Montréal

Le président et directeur général de Vélo Québec, Jean-François Rheault, est d’avis qu’il faut accélérer les démarches. « L’hiver de l’an prochain, il faut au moins y aller avec un projet pilote, peut-être avec moins de stations ou une couverture plus petite, mais ça vaudrait la peine d’essayer. Ça serait une bonne cible à se donner. L’avantage, avec BIXI, c’est qu’on a les données pour voir quelles stations sont plus utilisées, surtout aux abords du transport collectif », fait-il valoir.

« Sinon, ça serait souhaitable de prolonger la saison au moins un peu. On comprend qu’il y a des défis opérationnels importants, mais il faut miser sur l’idée de s’adapter de façon intelligente. Cette technologie, on le sait, s’utilise aussi l’hiver, comme la ville de Toronto l’a déjà fait, poursuit M. Rheault. On est rendus à un moment où on doit trouver une solution. À un moment donné, il va falloir prendre un risque, entre guillemets. »

Le double à Longueuil

Pour « encourager les déplacements actifs » toute l’année, Longueuil a annoncé jeudi qu’il déneigera cette année environ 60 kilomètres de voie cyclable sur son territoire, soit le double de ce qui était fait lors de la dernière saison. La Ville compte augmenter la cadence dans les prochaines années, pour atteindre environ 120 kilomètres d’ici 2025.

Depuis l’an dernier, le « réseau blanc » de la municipalité totalise déjà 27,5 kilomètres de voies cyclables. En 2020, avant l’arrivée de l’administration Fournier, seulement 5 kilomètres étaient déneigés. Le réseau bénéficiera cette année d’un ajout de 32 kilomètres de voies déneigées. En 2023-2024, on prévoit ajouter 17,5 kilomètres supplémentaires, tout comme en 2024-2025.

En 2025-2026, la Ville ajoutera 22 kilomètres pour les cyclistes hivernaux, qui sont de plus en plus nombreux au Québec. D’ici quatre ans, ce seront donc 116,5 kilomètres de voies cyclables déneigées qu’on retrouvera à Longueuil. C’est plus de la moitié des pistes qui sont jusqu’ici réservées aux vélos.

Dès cette saison, plusieurs grands axes cyclables seront déneigés, dont les pistes situées en site propre et séparées de la circulation sur les boulevards Roland-Therrien et Jacques-Cartier, dans le Vieux-Longueuil. La passerelle Edna-Maricourt, qui passe au-dessus de la route 112-116 dans Saint-Hubert, sera aussi déneigée.

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