Le pape reconnaît un « génocide »
Rome — Le pape François dit que les abus subis par les peuples autochtones alors qu’ils étaient forcés de fréquenter les pensionnats constituaient un génocide.
Le souverain pontife a fait ce commentaire vendredi aux journalistes sur son vol de retour d’Iqaluit à Rome après sa tournée de six jours au Canada.
François s’est excusé à plusieurs reprises au cours de la semaine pour le rôle joué par l’Église catholique romaine dans le système des pensionnats. Il a demandé pardon pour les abus commis par certains membres de l’Église ainsi que pour la destruction culturelle et l’assimilation forcée.
Certains Autochtones ont déclaré qu’ils étaient déçus que, lors de sa visite, le pape n’ait pas nommé les crimes et les abus auxquels les pensionnaires et les survivants ont été confrontés. Ils lui ont également reproché de ne pas utiliser le terme de génocide.
Lorsqu’on lui a demandé s’il utiliserait le mot génocide et accepterait de reconnaître que des membres de l’Église ont participé à ce génocide, François a répondu oui.
Le pape a souligné qu’il n’avait pas pensé à utiliser le mot génocide lors de son voyage, le qualifiant de terme technique.
« J’ai présenté mes excuses, demandé pardon pour ce processus qui est un génocide », a-t-il déclaré en espagnol.
François a dit qu’au lieu d’utiliser le mot génocide, il a décrit les tentatives de destruction des peuples autochtones par l’assimilation et la colonisation.
« J’ai aussi condamné cela : enlever des enfants à leurs familles, changer la culture, changer les esprits, changer les traditions, changer une race, disons, toute une culture. Oui, il y a un mot technique – génocide –, mais je ne l’ai pas utilisé, car il ne m’est pas venu à l’esprit. Mais je l’ai décrit, oui, c’était un génocide, oui », a-t-il conclu.
François songe à se « mettre de côté »
Âgé de 85 ans, et diminué par de vives douleurs au genou le contraignant à se déplacer en fauteuil roulant, le pape François a confié au retour de son voyage au Canada qu’il devrait réduire le rythme de ses déplacements, évoquant même la possibilité de se « mettre de côté ».
« Je ne crois pas que je puisse conserver le même rythme de voyage qu’auparavant. Je crois qu’à mon âge, et avec ces limites, je dois me ménager pour pouvoir servir l’Église, ou au contraire penser à la possibilité de me mettre de côté », a déclaré le souverain pontife lors d’une conférence de presse dans l’avion le ramenant au Vatican, dans la nuit de vendredi à samedi.
Lors de cette visite de six jours, son 37e voyage international depuis son élection en 2013, le pape s’est déplacé surtout en fauteuil roulant et est apparu affaibli, mais a toutefois salué la foule à bord de la « papamobile ».
« En toute honnêteté, ce n’est pas une catastrophe. On peut changer de pape. Ce n’est pas un problème. Mais je crois que je dois me limiter un peu, avec ces efforts », a ajouté le souverain pontife.