Chronique techno

La saison de la moto s’en vient… Pensons au modèle intelligent !

La neige est aussitôt fondue que spontanément, pour ne pas dire viscéralement, de nombreux amateurs de moto commencent à rêver de liberté et du souffle chaud de la saison estivale... Ils sont nombreux à attendre le jour J (le 16 mars au Québec) pour sortir leur engin et entamer la saison qu’ils espèrent la plus longue possible. Je ne suis malheureusement pas du nombre. Très tôt, j’ai compris que la moto n’était pas pour moi.

Et pourtant, j’ai toujours aimé les motos et les courses de motos sur piste. Mais en 1985, j’ai compris que la moto et moi ne faisions pas une saine combinaison sur la route. Ce jour-là, mon meilleur ami m’avait offert d’essayer sa moto. Une FJ 1100. Une bombe. Or, mon premier réflexe a été de sonder sa vitesse de pointe. Sans réfléchir. L’émotion à la une. Chanceux, vous dites ? Je sais. Et avisé d’avoir compris que la moto n’était pas faite pour moi à cette époque.

Quelques années plus tard, je l’ai réalisé d’autant plus. Je faisais alors un match comparatif avec des collègues. Moi au volant d’une T-Rex, un collègue pilote américain à bord d’une Porsche Carrera et Miguel Duhamel sur une moto CBR 900. Miguel Duhamel et son palmarès de victoires ! Ce jour-là, toutefois, c’est une autre facette qui m’a impressionné chez lui.

Je l’ai regardé évoluer sur la piste. En douceur, il étudiait son terrain de jeu. Prenait le temps de comprendre ce qu’il était possible de faire avec sa moto, et ce qui ne l’était pas. En contrôle total de ses émotions. Respect de la machine, respect de la piste. Humilité d’un grand champion.

Le jour J approche pour les motocyclistes et c’est Miguel Duhamel qui me revient en tête. C’est le modèle que je souhaite à tous ceux qui reprendront leurs guidons cette saison.

Le modèle éclairé

En moto comme dans une voiture de course, les similarités sont nombreuses, à commencer par la vigilance nécessaire. Sur le plan de l’attention, c’est du multitâche. Observer son environnement, anticiper les usagers de la route que l’on rencontre, étudier la qualité du revêtement de la chaussée, coordonner les freinages et les trajectoires lors des virages. Tout est attention et concentration.

À cet égard, j’aime rencontrer le modèle intelligent. Du côté des motocyclistes, on le reconnaît au fait qu’il porte un casque bien ajusté avec visière, sinon des lunettes protectrices, ce qui est une obligation, soit dit en passant, et ce, dans toute zone où la limite de vitesse est supérieure à 50 km/h.

Le modèle intelligent porte des vêtements et des accessoires de protection adéquats, adaptés aux conditions climatiques, assez résistants pour se protéger et, idéalement, sertis de couleurs claires ou fluorescentes pour être bien vu. Il sait par ailleurs que plus la vitesse est élevée, plus son champ de vision est réduit.

Mais encore, il connaît la route et ses pièges. Il sait repérer les nids-de-poule et les fissures. Il a appris que les marquages au sol deviennent très glissants quand ils sont humides ou mouillés, et que les plaques d’huile représentent carrément un danger, surtout en début de pluie ou par temps très chaud.

Il sait que le sable et le gravier peuvent faire déraper une moto, d’autant plus dans les courbes, les montées et les descentes. À surveiller tout particulièrement au printemps, quand la chaussée n’est pas complètement débarrassée des détritus de l’hiver. Il fait aussi attention à deux autres facteurs de risque à éviter à l’issue de l’été, j’ai nommé les feuilles mortes et le gel d’automne !

Le conducteur d’expérience est conscient du fait que le vent, la pluie, le brouillard et la chaussée humide peuvent influencer sa conduite. Il sait que sous la pluie, la distance de freinage est plus longue, que l’adhérence des pneus est moins grande, que par temps venteux, il faut tenir les guidons fermement et diminuer sa vitesse ; qu’il sera important de faire un léger contre-braquage pour combattre la poussée de vents latéraux et que, par grands vents, il faut carrément aller se mettre à l’abri.

Évidemment, le modèle intelligent ne consomme pas. Il sait pertinemment ce que l’alcool peut faire sur ses réflexes, sa concentration et son champ de vision, tout comme la fatigue d’ailleurs, que l’on ne devra jamais sous-estimer.

Fini, les préjugés

J’avoue, comme plusieurs, j’ai souvent mis les motocyclistes dans le même groupe, influencé par un profil en particulier, celui qui utilise la route pour épater la galerie. J’avais tort. Ce printemps, de votre voiture, observez les motocyclistes et vous verrez que la grande majorité d’entre eux utilisent leur engin de manière consciencieuse et prudente.

Et tant qu’à les regarder, profitez-en donc pour augmenter votre distance avec eux. Car le modèle intelligent, ça existe chez les automobilistes aussi... Sur ce, bonne saison et bonne route à tous !

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