« une course contre la montre »
Le premier ministre François Legault a confirmé mercredi que la très grande région de Montréal resterait en zone d’alerte maximale après la relâche. Outre Montréal et Laval, cette mesure frappe la Montérégie, les Laurentides et Lanaudière.
Ce sont des régions, a expliqué le premier ministre, où il n’y a « pas de marge de manœuvre » et où il y a un risque d’augmentation du nombre des infections et d’une surcharge dans les hôpitaux.
En revanche, le 8 mars, la Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches, la Mauricie–Centre-du-Québec et l’Estrie basculeront en zone orange.
Selon que l’on regarde le verre à moitié vide ou le verre à moitié plein, on pourra dire que 62 % de la population vivra toujours en zone rouge, à partir du 8 mars, ou encore, comme l’a souligné le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, que 30 % des Québécois s’ajoutent au contingent de ceux qui pourront profiter d’un environnement moins contraignant.
En zone orange, les gyms pourront rouvrir, tout comme les salles à manger des restaurants. Le couvre-feu passera de 20 h à 21 h 30, et les lieux de culte pourront accueillir jusqu’à 100 personnes.
Le premier ministre a aussi fait savoir que, dès le 15 mars, les activités et les sports parascolaires pourront reprendre partout au Québec. Les discussions se poursuivent, entre autres avec les fédérations sportives et la ministre Isabelle Charest, pour permettre la reprise progressive des sports d’équipe.
« On vous promet, la semaine prochaine, d’arriver avec un plan complet de déconfinement progressif dans le secteur du sport, qui est tellement important pour la santé mentale de tous les Québécois, mais en particulier [celle] des jeunes. »
— François Legault, premier ministre du Québec
Lors de cette conférence de presse, on a en quelque sorte soufflé le chaud et le froid, avec des messages d’espoir, sur l’optimisme que permet la vaccination, avec les nombreuses doses attendues en mars, mais aussi avec des avertissements plus sombres sur les menaces qui planent toujours.
« Dans le passé, a expliqué M. Legault, on disait que les mesures vont permettre de réduire le nombre de cas. Il fallait compter sur la collaboration de tous les Québécois. Là, la vaccination, c’est du concret. […] On voit la lumière au bout du tunnel, mais il reste encore un petit bout à faire. »
Toutefois, le premier ministre a lancé un avertissement : « Il y a un risque de troisième vague. »
« On ne relâche pas », a insisté de son côté le directeur national de santé publique du Québec, le Dr Horacio Arruda.
« On assouplit avec un risque calculé. Le couvre-feu est maintenu, ce n’est pas pour rien. C’est pour éviter les rassemblements et la transmission communautaire. »
— Le Dr Horacio Arruda, directeur national de santé publique du Québec
Les craintes proviennent de l’effet de la relâche, des progrès des variants qui pourraient créer une surcharge dans les hôpitaux. Ce sont ces facteurs, couplés à la progression de la campagne de la vaccination, qui ont permis de déterminer les régions où la situation s’était assez stabilisée pour qu’on assouplisse les règles.
« Il y a des régions, où on peut voir une certaine stabilité et une petite marge de manœuvre, mais il y a d’autres régions où il n’y a aucune marge de manœuvre. »
C’est pour la même raison que le premier ministre s’est fait prudent quant aux perspectives et à la levée du couvre-feu dans toutes les zones.
« On sait qu’on a quelques semaines difficiles devant nous. Après ça, les personnes vulnérables vont être vaccinées. Puis, là, on va pouvoir enlever le couvre-feu », a dit M. Legault.
« Il y a un bloc de deux à quatre semaines qui est difficile devant nous », a-t-il ajouté.
« Dans les prochaines semaines, on se retrouve un peu comme dans une course contre la montre où s’opposent, d’un côté, les effets de la relâche, les effets des nouveaux variants britanniques et, de l’autre côté, bonne nouvelle, la vaccination. »
— François Legault, premier ministre du Québec
Le premier ministre a par ailleurs noté avec une satisfaction non déguisée que la décision de Québec de prolonger le délai entre la prise des deux vaccins, qui avait été critiquée à Ottawa, a été confirmée par les autorités fédérales, qui acceptent maintenant un délai de quatre mois.
« On était un peu seuls dans cette école de pensée. Mais là, la Colombie-Britannique et le Canada disent maintenant, non seulement on peut attendre trois mois, mais même quatre mois. Bravo à la Santé publique. La décision, c’était la bonne. Puis, là, les autres prennent exemple sur le Québec. On n’haït pas ça. »
Questionné par La Presse sur l’arrivée du vaccin d’AstraZeneca, dont l’efficacité est moindre que celle des autres vaccins, le ministre de la Santé, Christian Dubé, a été catégorique : « Si je suis dans la catégorie d’âge où on l’offre, je suis prêt à le prendre, le vaccin. »
« On n’a pas les moyens, en ce moment, de ne pas considérer 100 000 vaccins supplémentaires lorsqu’on a de la difficulté à vacciner les gens parce qu’on manque de vaccins. »
Un message repris par le Dr Arruda : « Je ne recommanderais pas à la population québécoise un vaccin que je ne prendrais pas moi-même. »
Pour ce qui est de l’entente avec les pharmaciens qui contribueront à l’effort de vaccination, à compter du 15 mars, le ministre Christian Dubé a précisé que cela représentait une somme de 30 millions pour administrer 2 millions de doses.
« C’est le fédéral qui paye les vaccins, mais pour la vaccination elle-même, c’est 30 millions sur 2 millions de doses. »