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Le recyclage, c’est l’affaire de tout le monde

Il y a environ 25 ans, les Québécois ont pris conscience des répercussions de leur consommation sur l’environnement et, assez rapidement, les municipalités ont mis en place des systèmes de collecte permettant de récupérer des matières premières. Celles-ci, une fois recyclées, retrouvaient un usage et une valeur. La boucle du recyclage était née, symbolisée par ces grosses cloches dans lesquelles les Montréalais déposaient leurs contenants ou encore les fameux bacs qui bordaient les trottoirs au petit jour.

Alors que le récent rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement sur les résidus ultimes tire des conclusions prometteuses, il est temps de se réapproprier cette boucle. Il faut réapprendre comment les gestes que nous faisons individuellement ont des conséquences, passer du réflexe au véritable geste vert et conscient.

En juillet dernier, Ricova a publié un rapport soulignant les risques que représentent les piles au lithium et autres déchets électroniques lorsqu’on les met nonchalamment au recyclage. En novembre dernier, un incendie a paralysé les activités du centre de tri de Lachine et a mis gravement à risque la sécurité des travailleurs. Une démonstration choquante des objets mis au recyclage qui ne devraient pourtant pas s’y retrouver !

Chaque jour, d’autres objets difficilement recyclables, voire pas du tout, nuisent aussi aux activités des centres de tri québécois. Parmi eux, les fameux sacs de plastique, qui bloquent les équipements de tri. Depuis des années, les municipalités tentent tant bien que mal de réduire leur usage ou de les interdire ; des commerçants ont contribué à l’effort de guerre en cessant de les offrir. Comment se fait-il que les interdictions ne soient jamais formalisées alors qu’il y a peu d’options pour les recycler ? Je suis nostalgique des sacs de papier kraft du passé, faciles à recycler.

L’économie circulaire – cette idée qui devra être plus qu’une mode –, c’est plus compliqué que la boucle du recyclage. On s’étonne que les ballots de matières récupérées traversent la planète pour être transformés en Asie. Nous les envoyons là-bas parce que c’est là que sont produites les boîtes pour emballer les produits manufacturés là-bas.

Des voix s’élèvent, au Québec, pour une consommation plus responsable. Voilà la voie vers l’économie circulaire. Achetons des produits manufacturés ici et dont les emballages sont produits à l’aide de matières recyclées ici – pas à l’autre bout du monde. Réglementons l’emballage, pour simplifier les matières utilisées. J’ai récemment entendu un exemple éloquent : comment voulez-vous que nos coéquipiers des centres de tri puissent intercepter, à haute vitesse, une boîte de ces croustilles emballées dans un tube de carton arborant un moustachu, dont le fond est en métal, et le couvercle, en plastique ? Trois matières qu’on peut difficilement séparer manuellement dans nos centres de tri québécois, de manière productive.

En consommant mieux, en mettant les bons articles au recyclage et, oui, en séparant, par exemple, le bouchon de plastique de la bouteille de verre, nous arriverons tous ensemble à nous rapprocher du zéro déchet. Tout un chacun, des centres de tri aux manufacturiers en passant par les consommateurs, doit jouer son rôle dans la grande boucle du recyclage.

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