Un ex-joueur de soccer fraude son employeur Desjardins pour 243 000 $

Il écope de 6 mois de prison

Un employé d’une filiale de Desjardins qui aidait des clients à ouvrir un compte et à faire des placements en profitait en fait pour retirer des fonds de leurs comptes retraite. Cette fraude de 243 000 $ risque de lui coûter six mois de prison. Il a toutefois réussi à reporter sa peine pour suivre une formation d’entraîneur de soccer.

Avant de devenir technicien chez Desjardins Sécurité Financière (DSF), filiale de Desjardins, Cédric Carrié était à l’adolescence un joueur étoile du soccer québécois. En 2007, il s’alignait ainsi avec l’équipe canadienne U-17 aux championnats de la CONCACAF. Il a également remporté le Ballon d’or de la Première ligue de soccer du Québec en 2012.

Sa nouvelle carrière dans le milieu bancaire a cependant mal viré. Accusé de fraude en août 2020, l’homme de 32 ans a plaidé coupable en juillet dernier au palais de justice de Montréal.

À l’été 2019, les principales responsabilités de Cédric Carrié chez DSF étaient de répondre aux appels des clients pour les aider à s’inscrire en ligne, à faire des retraits ou à choisir des produits d’épargne. Il était également en contact « quotidien et régulier » avec des clients d’épargne retraite collective à la succursale de l’avenue McGill College à Montréal.

Mais pendant les appels, Cédric Carrié prenait parfois des captures de son écran et inscrivait des renseignements importants de ses victimes dans l’application Bloc-Notes. Il utilisait ensuite les dates de naissance de ses victimes pour arriver à ses fins. Quand il créait des comptes en ligne pour des clients, la plupart affichaient curieusement « Sophie » comme prénom de la mère, indique le résumé commun des faits déposé en cour.

Ainsi, en un mois seulement, 62 « retraits irréguliers » pour une somme de 547 000 $ ont été découverts dans le même « groupe transitoire » d’épargne retraite. Parmi ces retraits, 18 ont été consultés par Cédric Carrié.

D’autres « retraits irréguliers » totalisant 38 000 $ ont été effectués dans trois comptes provenant d’un autre « groupe » d’épargne.

Parmi les 36 victimes, Cédric Carrié a consulté les comptes de 27 d’entre elles. Ses consultations précédaient alors le retrait « irrégulier » dans les comptes. Les affaires internes de Desjardins ont découvert la fraude un mois après son amorce, le 29 juillet 2019. La perte totale de la fraude s’élève à 243 373 $.

Un ultime délai

Le document déposé à la cour ne détaille toutefois pas ce que Cédric Carrié a fait avec les fonds retirés frauduleusement. On indique seulement que cinq institutions bancaires ont été utilisées pour le transfert des sommes. À la dernière audience, le 4 octobre dernier, la procureure de la Couronne a brièvement abordé la question.

« Il est possible que monsieur ait pu bénéficier du quart des sommes qui ont été retirées, mais à ce stade, je ne pourrais jamais vous faire une preuve hors de tout doute des sommes dont M. Carrié a pu bénéficier. »

— MSandra Tremblay

C’est pourquoi le fraudeur n’a que 15 000 $ à rembourser à DSF en vertu de la suggestion commune.

Cédric Carrié devait en principe prendre la route de la prison, la semaine dernière, puisque les parties suggèrent une peine de six mois de détention, assortie de travaux communautaires. Or, le fraudeur a arraché un ultime délai de trois mois, malgré les préoccupations de la poursuite.

« Je ne voudrais pas que monsieur parte dans un autre pays et ne revienne jamais. Je ne voudrais pas qu’on reporte en janvier pour la même raison », a plaidé MTremblay, qui ne s’est toutefois pas opposée au report. La défense s’est ainsi engagée à déposer le passeport de Cédric Carrié.

« Coordonnateur sportif »

Ce report s’avère nécessaire pour permettre à Cédric Carrié de terminer sa formation visant à obtenir sa « licence » d’entraîneur de soccer pour enfants. « Il est également administrateur de l’Association [de soccer de Brossard]. Ils sont en pleine saison et en période d’inscriptions. Monsieur m’a dit que son travail est nécessaire », a fait valoir son avocat, MFrançois Létourneau-Prézeau. Il maintient d’ailleurs que la réhabilitation de Cédric Carrié est « complétée ».

Sur le site de l’Association de soccer de Brossard, on indique que Cédric Carrié est « coordonnateur sportif » au sein de l’équipe administrative, mais ne fait pas partie des administrateurs de l’organisation.

Après avoir émis quelques réserves, la juge Lori Renée Weitzman a finalement accepté de reporter une « dernière fois » la peine en janvier prochain compte tenu des « circonstances exceptionnelles » et du « bon cheminement de monsieur ».

« M. Carrié [n’est plus employé] de Desjardins. La vigilance de nos équipes a permis de détecter rapidement le stratagème mis en place par M. Carrié. Précisons qu’il n’y a eu aucune perte financière pour nos membres et clients. Il s’agit d’une situation isolée et des actions ont été prises afin de s’assurer qu’elle ne se reproduise plus », a indiqué Jean-Benoît Turcotti, porte-parole du Mouvement Desjardins.

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