Walmart met un pied dans le débat sur le salaire minimum
Walmart, premier employeur privé américain, va augmenter le salaire de 425 000 employés après une année où la pandémie a dopé ses ventes, une initiative de nature à raviver le débat sur la hausse du salaire minimum aux États-Unis voulue par Joe Biden.
L’enseigne Walmart a affiché des ventes « record » au quatrième trimestre, mais a été moins rentable que ne l’espéraient les marchés, selon un communiqué publié jeudi.
Le géant de la distribution, qui emploie 2,2 millions de personnes dans le monde, a aussi annoncé qu’il allait augmenter le salaire de près d’un demi-million d’employés « de première ligne » aux États-Unis pour atteindre « une moyenne supérieure » à 15 $US (19 $CAN) l’heure.
Cette cible de rémunération fait écho au débat national porté par le président démocrate Joe Biden qui veut généraliser au niveau fédéral un salaire minimum horaire de 15 $US, contre 7,25 $US (9,20 $CAN) actuellement.
Pour l’instant, le salaire minimum d’entrée chez Walmart reste à 11 $US (13,94 $CAN) l’heure.
Le groupe avait augmenté la rémunération de 165 000 employés l’automne dernier.
« Les changements ont accéléré en 2020 dans le secteur de la distribution », a indiqué le PDG Doug McMillon au cours d’une téléconférence avec des analystes.
« L’approche que nous essayons d’adopter depuis des années est de créer une échelle d’opportunités de carrière au sein de l’entreprise pour le personnel, comme en ont profité beaucoup d’entre nous. »
— Doug McMillon, PDG de Walmart, qui a lui-même commencé sa carrière comme stagiaire dans l’entreprise
Il a indiqué que la pandémie entraînait de nombreux changements, comme la hausse des retraits de commandes à l’entrée du magasin, ce qui implique une gestion des stocks et des tâches du personnel différentes.
La hausse des salaires vers cet objectif de 15 $US l’heure va se faire « sur la durée et selon les conditions géographiques, alors qu’il y a des parties du pays où le salaire d’entrée doit être inférieur à 15 $US », a encore indiqué le patron de 54 ans.
« Bien sûr, nous sommes très conscients du débat national autour des 15 $ US l’heure et nous pensons que c’est un objectif important », a-t-il ajouté.
« Mais nous pensons également que cela devrait être rythmé d’une manière qui soit bonne pour l’économie américaine », a-t-il observé.
L’initiative de Walmart intervient au moment où l’aile progressiste du Parti démocrate insiste, en dépit de l’opposition des modérés, pour faire figurer dans le futur plan de relance de 1900 milliards US en discussion au Congrès la proposition de Joe Biden de porter le salaire minimum fédéral à 15 $US.
Plongeon de l’action
Sur le plan des résultats, Walmart a enregistré une progression de 7,3 % de son chiffre d’affaires trimestriel à 152,1 milliards US, « un record », dopé par une croissance de 69 % de ses ventes en ligne aux États-Unis.
Mais en raison de charges et d’investissements exceptionnels liés à la pandémie, l’entreprise a essuyé une perte nette trimestrielle de 2,1 milliards US.
Hormis ces différents éléments exceptionnels, Walmart a été rentable, mais bien moins qu’espéré puisque le bénéfice par action ajusté, référence en Amérique du Nord, est ressorti à 1,39 $ US, bien en dessous du 1,51 $ US attendu.
À Wall Street, le cours de l’action de Walmart, un poids lourd de l’indice boursier vedette Dow Jones, a plongé jeudi de 6,4 %, à 137,66 $.
Le groupe a par ailleurs indiqué qu’il allait multiplier les investissements, portés à 14 milliards US pour l’exercice en cours afin d’automatiser et améliorer sa chaîne d’approvisionnement.
Sur l’année, Walmart a réalisé un chiffre d’affaires de 559,2 milliards US, en hausse de 6,7 %.
Le bénéfice net s’est inscrit à 13,5 milliards US, en repli de 9,2 %. Ajusté par action, le bénéfice ressort à 5,48 $US, en deçà des 5,59 $US espérés par les analystes.
Pour l’exercice 2021-2022 en cours, l’enseigne fait des prévisions prudentes, avec une croissance des ventes « faible à un chiffre ».
Tout dépendra « de la durée et de l’intensité de la crise sanitaire mondiale liée à la COVID-19, du calendrier et de l’efficacité des vaccins dans le monde, de l’ampleur et de la durée de la relance économique, des tendances de l’emploi et de la confiance des consommateurs », avertit Walmart.