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S’adapter aux besoins du marché sans perdre sa mission universelle

Le marché du travail a des besoins criants – et récurrents – d’ingénieurs, de médecins et d’informaticiens, notamment, et les universités doivent s’adapter pour mieux y répondre. Mais leur mission est beaucoup plus large : elles doivent développer le savoir dans tous les domaines, de la botanique à la philosophie en passant par la musique. Comment garder l’équilibre ?

« Nous faisons beaucoup pour répondre aux besoins du marché du travail, mais la mission sociale de l’université est de donner accès au savoir aux étudiants et de leur donner la possibilité d’étudier dans des domaines qui répondent à leur besoin de développement individuel », affirme Graham Carr, recteur de l’Université Concordia et historien.

Le financement de base des universités aide à garder une forme d’équilibre entre la mission universelle de l’université et les pressions du marché. Tous les cinq ans, le ministère de l’Enseignement supérieur fait un sondage dans les universités pour voir combien coûte la formation d’un étudiant dans les différents programmes. Par exemple, en raison de l’équipement nécessaire dans les laboratoires, former un dentiste coûte infiniment plus cher que former un sociologue.

« Nous recevons ensuite un financement en fonction de la répartition de nos étudiants dans les différents programmes, et c’est ce qui donne la plus grande partie de la subvention de base aux universités », explique Robert Beauregard, vice-recteur exécutif et vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes de l’Université Laval.

Il est d’avis que la plupart des revenus de l’université devraient venir de cette subvention de base, qui permet d’assurer sa mission de formation générale dans tous les domaines du savoir et de la création.

« Tous les programmes sont importants et nous avons besoin de têtes qui ont appris à apprendre et qui seront capables, grâce à une bonne base de connaissances et de compétences, d’évoluer tout au long de leur carrière en fonction des nouvelles réalités du marché du travail. »

— Louise Béliveau, vice-rectrice aux affaires étudiantes et aux études à l’Université de Montréal

S’adapter à la demande

De plus, même si elles souhaitent s’ajuster à la demande du marché du travail, les universités ont différentes contraintes lorsque vient le temps de jouer avec le nombre d’admissions. Pour certains domaines d’études, comme la médecine, le gouvernement du Québec contingente les admissions dans chaque université. « Le nombre maximum d’étudiants qu’on peut admettre a été augmenté cette année en raison de la pénurie de médecins de famille, mais former un médecin prend au minimum sept ans, donc l’effet ne sera pas immédiat », indique Robert Beauregard.

Parfois, c’est le nombre de places de stages obligatoires, avec les ressources nécessaires à l’encadrement, qui limitent l’enthousiasme. C’est le cas notamment en sciences infirmières, comme le soulignent plusieurs universités. Parfois, c’est l’espace. « Il y a une pénurie de vétérinaires en ce moment, mais notre campus de Saint-Hyacinthe est plein, alors nous avons comme projet de créer un programme délocalisé à l’Université du Québec à Rimouski », indique Louise Béliveau.

Mais au-delà de tenter de répondre aux besoins criants du marché du travail, les universités continuent de vouloir briller dans les différents domaines qui forgent leur réputation. Par exemple, à l’Université Concordia, les étudiants se bousculent pour tenter d’être admis au baccalauréat en production cinématographique.

« Pour ce programme, nous recevons chaque année entre 700 et 800 demandes pour 70 places, et nous ne pouvons accepter plus d’étudiants faute d’espace, affirme Graham Carr. Mais François Legault a montré de l’intérêt pour développer davantage l’industrie cinématographique à Montréal, alors pour former plus de gens, nous avons créé le microprogramme de scénarisation et de production cinématographique. Il est offert depuis l’été. »

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