OPINION JEUX OLYMPIQUES

Nous sommes prêts !

Les Jeux révèleront une nation dont la démocratie est consolidée et qui est l’une des principales économies mondiales

À un mois de l’ouverture du plus grand événement sportif du monde, le Brésil peut le dire avec assurance : nous sommes absolument prêts pour recevoir les Jeux olympiques et paralympiques, les premiers à être réalisés sur le continent sud-américain.

Le Village olympique, qui recevra la plupart des 17 000 athlètes participant aux Jeux dans l’un des plus beaux décors de Rio de Janeiro, a déjà été inauguré. Les installations sportives, notamment le Parc olympique, à Barra da Tijuca, ont également toutes été livrées.

Le pays a préparé un programme de sécurité solide, qui mobilise 85 000 professionnels des différentes forces des gouvernements fédéral, de l’État de Rio et municipal. Et ce, de manière à garantir que la fête du sport se déroule dans un climat de tranquillité et de paix totales. Ces forces agiront de façon coordonnée pour veiller à la protection des athlètes, des commissions techniques, des chefs d’État, des autorités, des touristes, des habitants et des journalistes.

Ce ne sera pas la première fois que nous montrerons au monde notre capacité d’organisation, d’accueil et de réception sûre et chaleureuse de visiteurs. Ces dernières années, le pays a accumulé du savoir-faire en termes d’organisation de grands événements de niveau mondial. Nous avons reçu la Coupe du monde, les Jeux panaméricains, les Jeux mondiaux militaires, les Journées mondiales de la jeunesse et la Coupe de la confédération. Tous ont remporté un franc succès, et ont été réalisés avec l’excellence, la responsabilité et la joie qui caractérisent les Brésiliens. Nous renouvellerons ce succès une fois de plus.

Les Jeux révèleront au monde une nation dont la démocratie est consolidée et qui est l’une des principales économies mondiales. Un pays à fort potentiel d’affaires et une référence en matière de réduction des inégalités. Rio de Janeiro recevra des centaines des milliers de touristes brésiliens et étrangers pendant les Jeux. Les cinq autres villes sièges des compétitions de football – São Paulo, Salvador, Manaus, Brasília et Belo Horizonte – accueilleront également de nombreux partisans brésiliens et étrangers. Organiser un événement de cette dimension est une réussite considérable du peuple brésilien et une source de fierté nationale.

Il est important de souligner que 60 % des investissements dans les équipements olympiques, qui s’élèvent à 7,07 milliards de réais, sont financés par le secteur privé ; et que les ressources affectées et les efforts déployés laisseront un héritage à l’ensemble du pays.

Les Jeux diffusent à travers le Brésil les valeurs du sport : la coopération, la solidarité, la discipline et le dépassement de soi.

Plus concrètement, ils lègueront aussi aux Brésiliens un réseau national de centres d’entraînement, avec des installations d’excellente qualité dans les cinq régions du pays, axées aussi bien vers l’initiation au sport que vers la pratique de haut niveau.

À Rio de Janeiro, les Jeux ont eu des retombées importantes sur la mise en œuvre des politiques publiques. Le fait qu’elle organise cet événement a permis à la ville d’accélérer, d’amplifier ou de viabiliser l’exécution de certains de ses projets d’infrastructures et de mobilité urbaine. L’incidence positive directe de ces actions sur la qualité de vie de ses habitants est évidente.

Ces dernières semaines, on a évoqué à travers le monde la possibilité d’épidémies de maladies tropicales infectieuses pendant le déroulement de la compétition. Nous pouvons garantir, comme l’a déjà fait l’Organisation mondiale de la Santé, que le risque d’apparition de cas de Zika au cours des Jeux olympiques est pratiquement inexistant.

Historiquement, le taux de maladies transmises par l’aedes aegypti pendant l’hiver austral est très faible. Le nombre de cas de Zika a considérablement baissé au cours des dernières semaines au Brésil et à Rio de Janeiro. Souvenons-nous que pendant la Coupe du monde de football, en 2014, lorsque 1,4 million de visiteurs étrangers s’étaient rendus au Brésil, une épidémie avait aussi été annoncée, mais qu’elle n’a jamais eu lieu. D’un point de vue sanitaire, le contexte sera favorable au tourisme pendant la période des Jeux.

Le Brésil est prêt à recevoir tous les visiteurs qui se réjouiront de suivre les compétitions où se retrouveront les athlètes de l’élite sportive internationale. Et, certainement, nous émerveillerons les cinq milliards de personnes dans le monde qui regarderont les Jeux olympiques. Le Brésil vous attend à bras ouverts.

OPINION JEUX OLYMPIQUES

Le casse-tête olympique

Souhaitons que la population locale ne soit pas laissée pour compte une fois les célébrations conclues

Il y a sept ans, la proclamation de la tenue des Jeux olympiques de 2016 à Rio de Janeiro avait captivé l’imaginaire de la population du Brésil, qui y voyait l’occasion de montrer au reste du monde les remarquables progrès sociaux et économiques accomplis en quelques années par ce géant émergeant du Sud.

La situation est tout autre aujourd’hui, la morosité s’étant installée à la suite des crises successives qui frappent le pays de plein fouet depuis 2014. Une question s’impose donc : quelle est la situation à Rio à quatre semaines de l’ouverture des Jeux olympiques ?

En général, les Jeux de Rio s’inscrivent dans un contexte de double crise politique et économique.

D’abord, un scandale de corruption aux proportions inégalées affecte depuis plusieurs mois l’élite politique brésilienne, sans égard aux appartenances partisanes. Ce scandale a mené à la suspension en mai par le Congrès fédéral de la présidente élue Dilma Rousseff, première étape d’une destitution que plusieurs considèrent comme inévitable. Le processus conduisant à cette suspension a fortement polarisé les Brésiliens : certains l’applaudissent, d’autres le considèrent comme un coup d’État par détournement de voies légales.

Cette situation politique tendue est compliquée par un ralentissement marqué de l’économie brésilienne, avec des taux de croissance économique de 0 % en 2014 et - 3,8 % en 2015. Cette récession est accompagnée par un taux d’inflation de 6 % en 2013 et 2014 et de 10,7 % en 2015 – du jamais vu en plus de 12 ans. La population du Brésil a été durement touchée par cette crise, qui a entraîné une hausse du taux de chômage, une restriction de l’accès au crédit, une augmentation des prix, et la chute de la valeur du real, la monnaie nationale.

C’est dans ce contexte que l’État de Rio de Janeiro (dont la ville de Rio est la capitale) a déclaré l’état d’urgence à la mi-juin. Cette décision résulte de l’effondrement des finances publiques de l’État et de la conséquente impossibilité de défrayer les frais de fonctionnement de plusieurs secteurs de la police et des services sociaux. Ce développement faisait suite à l’émergence d’une crise sanitaire reliée à l’éclosion d’importants foyers d’infection du virus Zika et de la fièvre dengue au cours de la première moitié de 2016.

Les soucis de l’État de Rio sont aggravés par la dégradation de la situation sécuritaire dans la ville de Rio. Les policiers dénoncent un manque de ressources et menacent de recourir à la grève, alors que plusieurs favelas (bidonvilles) sont aux prises avec une recrudescence de la violence entre bandes rivales de trafiquants de drogue.

Malgré ce portrait sombre de la situation qui prévaut actuellement au Brésil, il reste peu probable que les Jeux de Rio se soldent par un échec.

Le gouvernement fédéral brésilien a consenti une aide d’urgence de 1,14 milliard à l’État de Rio, qui pourra ainsi assurer le paiement des salaires de ses employés et consolider le dispositif sécuritaire encadrant la tenue des jeux.

Les installations olympiques sont essentiellement terminées. La prolongation du métro, qui reliera le centre de la ville aux installations olympiques en périphérie, doit être complétée dans les temps. Il s’agit aussi d’un des seuls projets d’investissement en infrastructure découlant des Jeux qui bénéficiera directement à la population pauvre de Rio. La propagation du Zika et de la dengue semble être contenue.

Enfin, les autorités misent sur la résilience et la cordialité des Cariocas pour assurer le succès des jeux, eux qui ont déjà accueilli avec brio la Coupe du monde de soccer de 2014 et les Jeux panaméricains de 2007. Il semblerait en effet que la ville de Rio et ses habitants aient trouvé un « jeitinho » (une manière informelle) pour résoudre le casse-tête de la tenue des Jeux olympiques. Il reste à souhaiter que la population locale (et spécialement les secteurs défavorisés) ne soit pas laissée pour compte une fois les célébrations conclues, comme cela a trop souvent été le cas par le passé.

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