Tennis Internationaux des États-Unis

La Québécoise Leylah Fernandez et la Biélorusse Aryna Sabalenka ont rendez-vous ce jeudi soir en demi-finale à New York.

Leylah Fernandez

La haine de la défaite

Le sourire. La détermination. Ce que Séverine Tamborero observe en ce moment chez Leylah Fernandez n’a rien de nouveau pour elle.

« Ce qu’on voit aujourd’hui, la fille souriante, qui tripe sur le tennis, qui embarque le monde, elle a ça depuis qu’elle est toute petite », raconte la directrice du développement U10 et des clubs de haute performance chez Tennis Canada depuis environ sept ans.

À 10 ans, Leylah Fernandez affirmait déjà vouloir devenir professionnelle. Et si ça ne fonctionne pas ? lui demandait-on.

Sa réponse : « C’est impossible que ça ne fonctionne pas », rapporte Mme Tamborero.

La semaine dernière, elle a croisé Fernandez à Flushing Meadows. Concentrée sur son accompagnement des jeunes joueuses du Centre national de tennis aux qualifications junior, elle ne savait pas que la Québécoise allait affronter Naomi Osaka, troisième au classement mondial et gagnante de quatre titres majeurs.

« J’ai entendu mon nom, je me suis retournée et c’était la mère de Leylah, relate Séverine Tamborero. Ça faisait longtemps qu’on ne s’était pas vues. On jasait de tout et de rien avec Leylah, et à un moment donné, j’ai dit ça à sa mère, que je trouvais que Leylah avait l’air bien. Vraiment. Elle avait l’air tellement heureuse d’être là, d’apprécier le moment.

« C’est quelqu’un qui drive par l’émotion. Et là, le fait d’être sur le central, avec tout ce qui se passe et les gens qui sont derrière elle, c’est clairement à son avantage. »

Un contexte propice

L’environnement des Internationaux des États-Unis et l’ambiance qui y règne semblent effectivement servir la joueuse de 19 ans en ce moment.

Il faut un ensemble de facteurs pour battre coup sur coup Naomi Osaka, Angelique Kerber et Elina Svitolina, fait valoir Séverine Tamborero. Le talent – bien qu’elle en ait beaucoup – ne suffit pas.

Pour quelqu’un qui carbure à la performance, l’énergie du tournoi new-yorkais peut contribuer, produire son effet.

« Elle déteste perdre. Elle détestait perdre à 10 ans, elle déteste encore perdre aujourd’hui. »

— Séverine Tamborero, directrice du développement U10 et des clubs de haute performance chez Tennis Canada

Sa grande volonté de réussir également n’a pas fléchi au fil des ans, alimentée par les doutes émis à son endroit.

« Combien de fois elle s’est fait dire qu’elle était trop petite pour réussir ou qu’elle allait être limitée… », souligne Mme Tamborero.

Prochaine cible : Sabalenka

Pour la joueuse de 5 pi 6 po, le prochain défi sera de taille : la Biélorusse Aryna Sabalenka, deuxième au classement mondial. L’affrontement débutera à 19 h ce jeudi.

Avant les Internationaux des États-Unis, Leylah Fernandez occupait le 73échelon. Elle sera, au pire, dans le top 40 après le tournoi.

Séverine Tamborero craint Aryna Sabalenka, « sa » joueuse depuis le début de l’année.

« Elle a une vitesse de balle, c’est quelque chose. Ça va aller vite. Mais encore là, elle va peut-être perdre les pédales. En ce moment, Leylah est tellement bien et calme dans son jeu et dans son type de tennis qu’elle ne va pas se laisser influencer par une Sabalenka qui va peut-être péter un plomb. Exactement ce qu’elle a fait contre Osaka, elle a profité de ça », analyse-t-elle.

« À la vitesse de balle que Sabalenka frappe, théoriquement, Leylah ne sera plus capable de jouer dans le terrain, frapper tôt et être tout le temps sur les balles. Mais si elle force une frappeuse comme ça à jouer à l’extérieur du centre, l’autre va faire beaucoup plus d’erreurs et là, anything can happen, comme on dit. »

Tout peut arriver. La semaine de Leylah Fernandez résumée en trois mots.

Internationaux des États-Unis

Après Fernandez, voici Raducanu !

New York — Emma Raducanu est devenue la deuxième adolescente en deux jours à se qualifier pour les demi-finales du simple féminin des Internationaux de tennis des États-Unis, surprenant la médaillée d’or olympique Belinda Bencic en deux manches de 6-3 et 6-4, mercredi après-midi à Flushing Meadows.

Du coup, la Britannique de 18 ans a rejoint la Québécoise Leylah Fernandez, qui avait réalisé le même tour de force mardi, au lendemain de son 19e anniversaire de naissance.

« Ça montre toute la force de la nouvelle génération, a dit Raducanu, qui est issue des qualifications. En même temps, chacune suit sa propre voie. Au bout du compte, je me concentre avant tout sur mon propre parcours. »

Raducanu s’est retrouvée face à un déficit de 1-3 en première manche, mais le vent a tourné lorsqu’elle a brisé le service de la Suissesse – qui n’avait perdu son service que trois fois en quatre rondes jusque-là – pour porter le score à 3-3.

« Ses balles revenaient avec beaucoup de vélocité, a dit Raducanu. J’ai dû m’adapter. »

Classée 150e au monde, Raducanu est aussi devenue la troisième joueuse hors du top 100 à atteindre les demi-finales des Internationaux des États-Unis, après l’Américaine Billie Jean King, en 1979, et la Belge Kim Clijsters, qui allait être couronnée championne, en 2009.

Il y a à peine trois mois, Raducanu n’était même pas classée à l’intérieur du top 350 avant de se rendre jusqu’à la quatrième ronde du tournoi de Wimbledon ; elle n’a pas encore perdu de manches à New York.

Elle affrontera ce jeudi soir la Grecque María Sákkari, qui a éliminé la Tchèque Karolína Plíšková, quatrième tête de série, en deux manches identiques de 6-4.

Quelque 48 heures après avoir été impliquée dans un marathon de 3 heures 30 minutes contre la Canadienne Bianca Andreescu – un match qui avait pris fin à 2 h 13 mardi matin –, Sákkari, 17e tête de série, n’a passé que 81 minutes sur le court, mercredi soir.

Sákkari n’a concédé que huit points à son service et n’a fait face à aucune balle de bris.

À compter du deuxième jeu de la manche initiale, Sákkari a gagné 22 points de suite à son service. La séquence a pris fin pendant le deuxième jeu de la deuxième manche.

« Je suis impressionnée », a réagi Sákkari, avec le sourire, lorsqu’elle a été informée de cette statistique lors de son entrevue menée sur le court après sa victoire.

« J’avais confiance en mon service, mais dorénavant, je vais y faire confiance encore plus. »

— María Sákkari

Par ailleurs, Sákkari a obtenu cinq balles de bris et en a converti deux, soit une lors du troisième jeu de la manche initiale et la seconde lors du septième jeu de la deuxième manche.

Sákkari a inscrit 23 coups gagnants et n’a commis que 12 fautes directes. Elle a obtenu quatre as, deux de moins que Plíšková, mais a également commis deux doubles fautes de moins (une contre trois) que la Tchèque.

Âgée de 26 ans, Sákkari en sera à une deuxième présence en demi-finale à un tournoi du Grand Chelem, après avoir réalisé ce tour de force lors des Internationaux de France, en juin dernier.

Au tour de Dabrowski

Par ailleurs, le Canada comptera sur trois représentants en demi-finales à la suite de la victoire de Gabriela Dabrowski et de sa partenaire brésilienne Luisa Stefani, 6-4, 4-6 et 6-1 contre le tandem tchèque formé de Marie Bouzková et de Lucie Hradecká.

Avant de participer aux Internationaux des États-Unis, Dabrowski et Stefani, cinquièmes têtes de série à Flushing Meadows, ont participé à trois tournois ensemble à compter du début du mois d’août, et chaque fois, elles ont atteint la finale.

Dabrowski et Stefani ont perdu les matchs ultimes à San Jose et à Cincinnati. Entre ces deux tournois, elles sont sorties victorieuses de l’Omnium Banque Nationale, à Montréal.

En demi-finale, elles affronteront le duo formé des Américaines Cori Gauff et Catherine McNally, qui ont éliminé les favorites Su-Wei Hsieh, du Taipei chinois, et Elise Mertens, de la Belgique, 6-3 et 7-6 (1).

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