Vie de quartier  Boucherville

La banlieue chic familiale

Située à quelques minutes de Montréal et bordée par le fleuve Saint-Laurent et un parc national, Boucherville, avec ses quartiers cossus, ses installations sportives et son programme sport-études, est une ville de choix pour de nombreux couples de professionnels désirant fonder une famille. Avec tant d’atouts, la municipalité cherche aujourd’hui à préserver sa qualité de vie sans être victime de son succès.

En 1967, c’était l’année de l’Expo et le début d’un temps nouveau, chantait-on, et c’était particulièrement vrai à Boucherville. Cette année-là, le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine a été inauguré à sa frontière, transformant cette ville agricole de la Rive-Sud en banlieue. En 50 ans, le nombre d’habitants est passé de 8000 à plus de 41 466.

Aujourd’hui, Boucherville n’a plus rien de la banlieue-dortoir. Elle est juste assez grande pour offrir tous les services, mais encore assez petite pour conserver une certaine uniformité.

« Compte tenu des prix des habitations, la plupart des acheteurs sont aujourd’hui des couples de professionnels, la communauté est assez homogène », explique Marc-André Bourdon, courtier immobilier chez ReMax et lui-même Bouchervillois.

Par rapport à Longueuil, les prix des habitations sont plus élevés. Le prix médian d’une maison unifamiliale à Boucherville en 2014 était de 352 000 $ (le prix moyen, lui, est de 424 221 $), contre un prix médian de 260 000 $ chez son voisin.

« Il y a vraiment une demande pour Boucherville, mais pour quelqu’un qui peut acheter dans ces gammes de prix, il y a plusieurs propriétés à vendre, il y a du choix », souligne M. Bourdon.

La ville est encore accessible aux premiers acheteurs, selon le courtier immobilier. Les maisons du quartier La Seigneurie, construites dans les années 60-70, se vendent à partir de 300 000 $. Mais il faut souvent prévoir un budget supplémentaire pour les rénovations.

« C’est certain qu’il faut avoir un bon salaire pour habiter à Boucherville. Même si les maisons sont relativement abordables, ça reste plus cher que d’autres secteurs. »

— Benoit Thibault, un Français installé dans la municipalité depuis 2008

M. Thibault en sait quelque chose. Comme il a investi ses économies dans un nouveau commerce, la boulangerie Les Enfarinés, ouverte il y a quelques mois, il est locataire avec l’espoir de devenir propriétaire dès qu’il le pourra.

« Même si les prix sont assez élevés, il reste que je pense avoir beaucoup plus de superficie de terrain qu’à Montréal », dit-il.

BOURGEOISE, MAIS PAS TROP

Boucherville a acquis la réputation de banlieue chic avec la croissance, depuis une quinzaine d’années, de quartiers plus cossus tels que le Boisé, où des vedettes québécoises comme Véronique Cloutier, Gino Chouinard ou Mahée Paiement ont élu domicile.

« On parle de maisons de superficie habitable de 4000 pieds carrés, de terrains de 30 000 à 40 000 pieds carrés et d’un prix de vente moyen de 1 million, souligne M. Bourdon. Les gens ne viennent par contre pas à Boucherville pour le côté bourgeois, mais pour la qualité de vie familiale. »

Le classement annuel du magazine MoneySense des villes où il fait bon vivre au Canada plaçait d’ailleurs Boucherville au premier rang des villes québécoises et au sixième rang au pays, en 2014. La ville a aussi obtenu, ces deux dernières années, les certifications « ami des aînés » et « ami des enfants ».

Cette qualité de vie s’explique notamment par la présence sur son territoire du parc des Îles-de-Boucherville, qui propose des sentiers cyclables et pédestres et même un terrain de golf. Les Bouchervillois profitent pleinement de la proximité du fleuve ; d'ailleurs, les deux marinas et le club d’aviron en témoignent.

Les familles ont aussi accès à de nombreuses installations sportives (voir encadré), en plus du réputé programme sport-études de l’école secondaire De Mortagne. La ville compte également neuf écoles primaires, dont une anglophone et une privée.

LA QUALITÉ DE VIE AVANT LA CROISSANCE IMMOBILIÈRE

Les attraits de Boucherville n’ont pas échappé aux promoteurs immobiliers. « Il y a quelques années, le développement était devenu trop rapide, on voyait pousser des tours à étages et on a dit non », explique le maire Jean Martel, qui a fait campagne en 2009 pour une croissance immobilière plus lente et harmonieuse. La Ville a depuis été poursuivie par deux entrepreneurs, notamment pour des changements de zonage.

Après un jugement favorable à la Ville et des ententes à l’amiable, le maire est plus déterminé que jamais à préserver les paysages de la ville où il a grandi. Il mise notamment sur un fonds vert pour protéger les parcs, les champs, et les milieux humides.

« Environ 50 % du territoire de Boucherville demeure une zone agricole, souligne M. Martel. Il nous reste encore beaucoup de potentiel de construction dans l’autre moitié et on peut recevoir jusqu’à 20 000 personnes de plus, mais ce n’est pas un objectif, prévient-il. La priorité est la qualité de vie et on ne fera pas du développement juste pour faire du développement. »

ATTRAITS

Idéalement située

Boucherville est enserrée entre le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, la route 132 et les autoroutes 20 et 30. Le pont Jacques-Cartier est aussi accessible en 10 minutes. « On dit parfois que Boucherville est une ville cossue, mais c’est surtout une des villes les mieux situées », affirme le réputé chef Ian Perreault qui a choisi cette ville pour établir son restaurant Chez Lionel en 2013. Plusieurs autres entreprises ont voulu profiter de cet atout et ce n’est pas un hasard si le parc industriel, avec ses quelque 575 entreprises, dont Sandoz, Danone, Rona, est devenu l’un des plus importants dans la province.

Paradis des sportifs

Pour maintenir la qualité de vie des citoyens, la Ville mise depuis 2010 sur un plan sportif. Le centre Gilles-Chabot a ainsi été rénové et compte maintenant quatre patinoires pour y accueillir le hockey, le patinage artistique, le curling et la ringuette. Le Centre sportif Pierre-Laporte sera bientôt transformé en complexe aquatique avec deux nouvelles piscines intérieures en plus de celle extérieure. Une salle de judo sera aménagée pour son club qui est considéré comme l’un des meilleurs au Canada. La Ville souhaite éventuellement construire un complexe multisports pour le tir à l’arc, le soccer, le football et le baseball. On trouve aussi à Boucherville des terrains de tennis publics et privés, un club d’aviron, deux marinas et deux terrains de golf.

Histoire

Boucherville a été fondée en 1667 par Pierre Boucher, ce qui en fait une des plus vieilles villes de la province. La Ville fêtera d’ailleurs son 350e en 2017. Un quartier patrimonial avec des maisons ancestrales et des monuments historiques témoigne de son passé. En 1807, la ville a vu naître Louis-Hippolyte La Fontaine, premier ministre du Canada-Uni au milieu du XIXe siècle. Sa maison existe toujours et est ouverte au public. Dans son histoire récente, Boucherville a brièvement fait partie de la ville fusionnée de Longueuil avant de voter pour les défusions en 2004. Elle fait maintenant partie de l’agglomération de la ville de Longueuil, à l’instar de Brossard, Saint-Lambert et Saint-Bruno-de-Montarville. Ces villes partagent donc certains services comme la police, les transports en commun, l’alimentation en eau, l’évaluation municipale ou les services de sécurité incendie.

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