Le fonds pour aider les pays vulnérables finalement adopté

Après de longues négociations en période de prolongation, les délégués de 200 pays à la COP27, en Égypte, ont convenu d’un accord historique afin de soutenir les pays pauvres victimes des changements climatiques.

L’entente permettrait la création d’un fonds pour les pays les plus pauvres qui subissent de plein fouet les conséquences des changements climatiques alors qu’ils ont très peu contribué au réchauffement planétaire depuis l’ère préindustrielle.

Le texte adopté appelle également à une réduction « rapide » des émissions de gaz à effet de serre (GES) tout en réaffirmant l’objectif de contenir le réchauffement planétaire à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. Les promesses actuelles, à la condition qu’elles soient respectées, limiteraient le réchauffement planétaire à 2,4 °C d’ici la fin du siècle.

Signalons que les coûts économiques des pertes dans les pays en développement sont estimés à entre 250 et 580 milliards de dollars par année d’ici à 2030, indique le Réseau action-climat. Selon la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), les évènements météorologiques extrêmes ont tué plus de 410 000 personnes et affecté 1,7 milliard d’humains au cours de la dernière décennie.

Il ne faut pas confondre ce fonds avec l’engagement pris en 2009 par les pays riches de fournir une aide de 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement dans leur transition énergétique. Promesse qui n’a pas encore été remplie en totalité 13 ans plus tard.

« Moment historique »

L’entente ratifiée par les délégations des 200 pays présents en Égypte constitue « un moment historique », affirme Caroline Brouillette, directrice des politiques nationales au Réseau action-climat Canada. Présente à Charm el-Cheikh, Mme Brouillette rappelle que les pays en développement demandent depuis plusieurs années la mise sur pied d’un tel fonds pour les aider à faire face aux conséquences des changements climatiques.

« C’est une énorme réussite que d’obtenir un accord après 30 ans passés à essayer de mettre cela à l’ordre du jour, » se réjouit Tasneem Essop, directrice du réseau d’ONG Climate Action Network, en entrevue avec l’Agence France-Presse.

« Historique. Je crois vraiment que c’est historique », abonde Collins Nzovu, ministre de l’Environnement de la Zambie.

« C’est un résultat très positif pour 1,3 milliard d’Africains. »

— Collins Nzovu, ministre de l’Environnement de la Zambie

Le texte adopté propose « de nouveaux accords de financement pour aider les pays en développement » à « mobiliser des ressources nouvelles et supplémentaires ». Celle-ci permettrait de « créer un fonds de réponse aux pertes et dommages », dont le fonctionnement et les financements devront être élaborés par un « comité de transition » d’ici la prochaine COP28 aux Émirats arabes unis en 2023.

Rappelons que les pays riches étaient très réticents depuis plusieurs années à l’idée d’un tel financement, mais l’Union européenne a créé une ouverture jeudi en acceptant le principe d’un « fonds de réponse aux pertes et dommages », réservé aux « plus vulnérables » sur une « base de contributeur élargie », sous-entendu à la Chine, qui s’est considérablement enrichie en 30 ans.

Pour les pays pauvres, cette entente représente une victoire importante, signale Caroline Brouillette. « Les petits pays et les États insulaires demandent depuis des années d’avoir des espaces où ils ont une voix égale à celle des États-Unis et de la Chine pour négocier sur les questions climatiques. Le Tuvalu n’a pas accès au G20 et n’a pas de siège au conseil d’administration de la Banque mondiale. »

Selon Mme Brouillette, la facture ne cessera d’augmenter dans les prochaines années et elle sera d’autant plus importante si la tendance actuelle n’est pas renversée.

Par exemple, la Banque mondiale a estimé à 30 milliards de dollars le coût des inondations qui ont laissé un tiers du Pakistan sous l’eau pendant des semaines et fait des millions de sinistrés.

Conclusions du texte final

Contrairement à l’engagement pris à Glasgow, en 2021, la COP27 n’a pas réussi à revoir à la hausse le niveau des engagements pour réduire l’utilisation des énergies fossiles, responsables en très grande partie des émissions de GES d’origine humaine.

Le texte adopté réaffirme les objectifs de l’accord de Paris de 2015, qui vise à limiter le réchauffement de la planète « nettement en dessous de 2 °C » par rapport à l’ère préindustrielle, et si possible à 1,5 °C.

Le texte souligne que les impacts du dérèglement climatique seraient bien moins importants à 1,5 °C et affiche l’importance de poursuivre les « efforts » pour respecter cette limite.

Côté énergie, le texte évoque la fin des « subventions inefficaces aux carburants fossiles », mais pas la sortie du pétrole ou du gaz.

Pour ne pas dépasser la cible de 1,5 °C, la planète doit réduire ses émissions de GES de 45 % d’ici 2030. Or, selon les dernières prévisions officielles, celles-ci devraient plutôt augmenter de 10 % d’ici la fin de la décennie.

— Avec l’Agence France-Presse

2,4 °C

Les engagements internationaux actuels pour réduire l’utilisation des énergies fossiles permettent au mieux de limiter le réchauffement à 2,4 °C d’ici la fin du siècle.

Source : ONU

417,55 ppm

Vendredi, la concentration de CO2 dans l’atmosphère pointait à 417,55 parties par million (ppm). Selon le GIEC, celle-ci ne devrait pas dépasser 350 ppm afin de limiter le réchauffement mondial à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle.

Sources : NOAA et GIEC

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