Campement à l’Université McGill

Vives tensions entre police et manifestants propalestiniens

Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont été vifs jeudi soir sur le campus de l’Université McGill et dans les environs, alors que des militants propalestiniens se sont barricadés pendant près de deux heures dans le pavillon de l’administration James.

Des dizaines de manifestants se sont réunis sous une pluie battante devant l’immeuble en soutien à ceux qui occupaient le pavillon. La tension a ensuite progressivement monté, poussant le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) à faire usage de gaz irritant et à charger la foule.

« Les étudiants ont occupé et bloqué le pavillon de l’administration James pour protester contre l’escalade actuelle à Rafah et le génocide qui a lieu à Gaza », dit Sandra*, venue manifester avant l’arrivée de la police.

Elle explique que les étudiants n’ont « pas eu le choix » de prendre des « mesures exceptionnelles » face au refus de McGill de répondre aux demandes des occupants du campement sur le campus.

Zeyad, lui, fait partie du regroupement Solidarité pour les droits humains des Palestiniens et Palestiniennes de l’Université Concordia. Comme beaucoup de manifestants, il a répondu à l’appel lancé sur les réseaux pour venir soutenir les étudiants barricadés.

« L’esprit étudiant et du monde ne s’arrêtera jamais tant que l’Université est complice, dit-il. La complicité avec le génocide ne sera jamais normalisée. »

Les étudiants souhaitaient occuper l’immeuble aussi longtemps que l’Université ne s’engagerait pas à rompre ses liens financiers avec l’État israélien. Des policiers ont alors été dépêchés sur les lieux à la demande de l’Université McGill, selon Radio-Canada.

« Des manifestants occupent présentement le pavillon principal de l’administration, situé sur le campus du centre-ville, s’est contentée de déclarer l’Université. Les forces de l’ordre ainsi que [notre] service de sécurité […] sont sur place. »

« Nous n’arrêterons pas »

Les manifestants ont ensuite joué au chat et à la souris avec la police sur le campus avant de se répandre dans les rues avoisinantes jusqu’au boulevard Saint-Laurent. Des tirs d’engins pyrotechniques ont par ailleurs visé les forces de l’ordre.

« Tant que notre administration ne nous écoutera pas, nous n’arrêterons pas, explique Jay*, venue manifester sur le campus. On restera toute la nuit s’il le faut pour protéger les élèves [barricadés]. »

« Les étudiants voient qu’il y a une escalade à Rafah, ça ne peut donc que commencer à [s’intensifier] ici aussi, ajoute Jay*. Tant que l’on verra la violence [s’intensifier] et des bombes qui tombent en toute impunité, nous allons devenir de plus en plus passionnés à l’égard de la cause. »

Cet évènement s’inscrivait dans le cadre de l’appel mondial #escalate4rafah qui vise à accentuer la mobilisation en soutien au peuple palestinien.

Selon le SPVM, la manifestation s’est terminée aux alentours de 22 h 30. La police entendait procéder à des arrestations.

* Noms fictifs. Ces personnes ont réclamé l’anonymat par crainte de représailles.

Des élus s’allient pour ressusciter le troisième lien à l’est de Lévis

Boischatel — Une coalition d’élus de la banlieue et des régions proches de la capitale ont fait une sortie jeudi pour réclamer un nouveau lien interrives à l’est, un vieux projet qui avait été enterré par la CAQ.

La Coalition de l’Est, qui regroupe des élus de la Côte-de-Beaupré et de Chaudière-Appalaches, veut mettre de la pression sur le gouvernement dans un contexte singulier : la CDPQ-Infra va présenter la semaine prochaine son rapport sur la mobilité à Québec, qui doit normalement se pencher sur la pertinence d’un troisième lien.

Il faut en finir avec « le fameux fer à cheval », a martelé Alain Vallières, directeur général de Développement économique Bellechasse, lors d’une conférence de presse à Boischatel. M. Vallières faisait référence au détour que doivent faire les automobilistes qui arrivent de l’est pour emprunter dans l’ouest l’un des deux ponts qui relient Québec à Lévis.

La Coalition ne veut rien savoir d’un nouveau lien de centre-ville à centre-ville, comme le défendait la CAQ avant d’abandonner le projet autoroutier. Elle réclame trois choses : que le lien soit à l’est, qu’il permette le transport de marchandises et que le gouvernement garantisse sa réalisation « afin d’éviter un nouveau cycle de politisation du dossier ».

La Coalition ne demande pas formellement du transport collectif sur le nouveau lien, bien qu’elle assure « ne pas être contre ». Le groupe, composé de 25 MRC, villes et municipalités, n’a pas chiffré le nombre d’automobilistes qui pourraient emprunter ce futur lien.

« Ce projet est soutenu par une très, très forte majorité de la population dans nos régions, je crois qu’il est temps qu’on les entende », a insisté le maire de Thetford Mines, Marc-Alexandre Rousseau, qui est aussi président de la Table régionale des élus de Chaudière-Appalaches.

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, a tenu à assister à la sortie des élus. M. Duhaime milite pour un troisième lien qui emprunterait l’île d’Orléans.

« On vient d’annoncer un pont entre l’île d’Orléans et la Rive-Nord […] à 2,7 milliards de dollars qui va profiter essentiellement à 8000 personnes », a indiqué M. Duhaime, lequel estime qu’il ne reste plus qu’à relier l’île à la Rive-Sud.

À noter que la préfète de la MRC de L’Île-d’Orléans n’était pas aux côtés des élus de la Coalition jeudi.

Éric Duhaime pense que peu importent les recommandations de la CDPQ-Infra, le gouvernement québécois doit réaliser ce nouveau lien à l’est.

« Ce ne sont pas des technocrates à Montréal qui vont décider quel type de lien il va y avoir entre la Rive-Sud et la Rive-Nord de Québec. Ça appartient aux gens de Québec », a-t-il dit.

Rappelons que le gouvernement de la CAQ avait annoncé en 2019 privilégier un troisième lien à l’est. Un an plus tard, Québec s’était rangé derrière un scénario de centre-ville à centre-ville. Puis en avril 2023, coup de tonnerre, la CAQ renonçait à un nouveau lien autoroutier entre les rives, brandissant l’absence de données pour justifier un tel projet estimé à 10 milliards de dollars.

Meurtre de Jannai Dopwell

Au moins 13 ans de détention pour le tueur

Jannai Dopwell Bailey n’a eu aucune chance. Deux assaillants se sont rués sur lui avec un couteau. Il avait seulement 16 ans. Un meurtre « violent et déloyal », selon la juge Annie Émond, qui a condamné jeudi Andrei Donet à la prison à vie sans possibilité de libération conditionnelle avant 13 ans.

« Je suis satisfaite de la sentence. Mon fils n’est plus là. On se souviendra pour toujours de lui. Je l’aime. Je m’ennuie de lui. C’est une victoire salvatrice pour moi. Mon fils est toujours dans mon cœur. Il est toujours avec moi. Il est en moi en tout temps », a commenté en mêlée de presse Charla Dopwell, la mère de la victime.

Interrogée sur l’absence de réaction d’Andrei Donet pendant l’audience, Mme Dopwell a qualifié le meurtrier de « démon ». Le tueur de 21 ans – qui en avait 18 à l’époque – est resté impassible, comme toujours, au moment de l’imposition de sa peine jeudi au palais de justice de Montréal.

Le mois dernier, un jury a reconnu coupable Andrei Donet du meurtre au second degré de Jannai Dopwell dans une cour d’école de Montréal. Par conséquent, il était automatiquement condamné à la prison à vie. Il restait à la juge Émond de fixer la période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle. La défense espérait 10 ans, le minimum, contre 15 ans pour la Couronne.

Le drame est survenu le 18 octobre 2021, à la sortie des classes d’une école secondaire située sur l’avenue Van Horne. Le groupe d’Andrei Donet rôdait près de l’école. Jannai Dopwell et ses amis se sont déplacés dans leur direction. Soudainement, du gaz poivre a été lancé par l’un des groupes.

« Violent et déloyal »

Paniqué, Jannai Dopwell s’est mis à courir. Il a été rattrapé par Andrei Donet et un adolescent de 16 ans. Les deux assaillants ont asséné au moins six coups de couteau à la victime, au sol. La preuve ne permet pas de déterminer qui a utilisé le couteau. L’assaillant de 16 ans a par ailleurs été reconnu coupable de meurtre en Chambre de la jeunesse. Il n’a pas encore reçu sa peine.

« C’était un meurtre violent et déloyal à deux contre un, à l’endroit d’un garçon incommodé par le gaz et couché par terre », a résumé la juge.

Selon la juge Émond, le mobile du meurtre est « nébuleux », puisque les protagonistes ne se connaissaient pas. La juge n’a pas été convaincue par la thèse de la Couronne, à savoir qu’un conflit entre les secteurs de Notre-Dame-de-Grâce et de Côte-des-Neiges était à l’origine de l’affaire.

Après le meurtre, Andrei Donet et l’adolescent de 16 ans ont célébré leur crime en publiant des vidéos à « l’ambiance joyeuse » sur les réseaux sociaux. Il a ensuite écrit dans son cellulaire des chansons rap dénigrant Jannai Dopwell. En détention, Andrei Donet a poignardé à 10 reprises un codétenu, le tuant pratiquement.

Facteurs aggravants

La juge a retenu de nombreux facteurs aggravants pour déterminer la peine : la propension de l’accusé à la violence, les conséquences dramatiques sur la famille de la victime, les publications Instagram et le manque « flagrant » d’empathie de l’accusé. Elle a souligné également la « brutalité de l’attaque, alors que la victime a tenté de fuir ».

Comme facteurs atténuants, la juge a relevé le jeune âge de l’accusé, le soutien de sa famille et son absence d’antécédents judiciaires de nature violente. Compte tenu du nombre élevé de facteurs aggravants, la juge a déterminé qu’une période d’inadmissibilité à la libération conditionnelle de 13 ans était adéquate.

MKaterine Brabant a représenté le ministère public, tandis que MMartin Latour et MBenoit Demchuck ont défendu l’accusé.

Est du centre-ville

La police envisage de fusionner deux postes

La Presse a appris que le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) étudie sérieusement la possibilité de fusionner ses deux postes de l’est du centre-ville, qui couvrent des secteurs au cœur de la crise de l’itinérance.

Les policiers du poste 22, situé près des bureaux de Radio-Canada, seraient intégrés au poste 21, installé dans l’îlot Voyageur, selon le scénario actuel. La décision est toutefois délicate, puisque le conseil municipal a voté un moratoire sur la fermeture de postes.

La police n’a pas directement confirmé les informations de La Presse, mais a indiqué avoir « entrepris une réflexion sur la façon d’assurer la couverture policière dans le secteur ». Le bail du poste 22 arrivera « à échéance au début de 2025 ».

« Différentes options sont à l’étude en ce moment pour répondre aux besoins de la population, tout en tenant compte des réalités du secteur », a affirmé la chargée de communications Anik de Repentigny, par courriel.

« Des échanges sont en cours avec les instances municipales », a-t-elle ajouté. « Dès qu’une proposition complète sera disponible, le SPVM s’adressera à la Commission de la sécurité publique, comme il s’est engagé à le faire en avril dernier. Le projet proposé pourra ainsi faire l’objet de consultations. »

Le cabinet de la mairesse Valérie Plante n’a pas voulu faire de commentaire. « On a pleinement confiance en notre chef de police pour mener à bien la mission et les opérations du SPVM pour veiller sur la sécurité des Montréalaises et Montréalais », a indiqué l’attaché de presse Simon Charron.

« Mes policiers devraient être sur la route »

La question des fusions de postes de quartier du SPVM revient périodiquement dans l’actualité.

En 2022, le chef Sylvain Caron avait surpris les élus en annonçant qu’il ne croyait « plus à la structure actuelle » du corps policier avec ses 30 postes de quartier. « Actuellement, je maintiens des bâtiments et je mets des policiers dans des bâtiments […], alors que mes policiers devraient être sur la route », dénonçait-il, affirmant qu’il déposerait un plan incluant des fermetures de postes.

Valérie Plante avait rapidement fermé la porte à ce scénario. M. Caron a quitté ses fonctions trois mois plus tard.

Dans la foulée, l’élu de l’opposition Abdelhaq Sari avait fait voter par le conseil municipal un moratoire sur la fusion de postes en l’absence d’un plan d’ensemble soumis à la consultation, moratoire déjà adopté par la même instance en 2020.

« Je suis outré d’apprendre que le SPVM considère fusionner à nouveau deux postes de quartier, en particulier le PDQ 22 situé dans le Village considérant les besoins criants en matière de sécurité dans ce quartier », a réagi M. Sari, cette semaine, dans une déclaration écrite.

« D’autant plus que les élus du conseil municipal, y compris les membres de l’administration Plante, ont adopté à l’unanimité trois motions au cours des dernières années demandant que le SPVM présente un schéma de couverture policière avant de procéder à toutes nouvelles modifications concernant le nombre de postes de quartier ou leur emplacement. Nous attendons d’ailleurs ce nouveau schéma. »

— Avec la collaboration de Daniel Renaud, La Presse

Maltraitance au CHSLD Robert-Cliche

« Des cas isolés », assure la ministre Sonia Bélanger

Ce qui s’est produit au CHSLD Robert-Cliche est « inadmissible », a déploré Sonia Bélanger, qui s’attend maintenant à des « mesures fortes » pouvant aller jusqu’à des sanctions pénales. La ministre assure malgré tout qu’il s’agit de « cas isolés ». « Quand j’ai vu le rapport, j’ai été stupéfaite de voir ça », a lancé la ministre déléguée à la Santé et ministre responsable des Aînés, à son arrivée à la période des questions. « J’ai de la difficulté à imaginer, au Québec, avec tout le travail qu’on fait pour améliorer nos CHSLD, qu’il y ait des situations comme ça qui puissent survenir », a-t-elle ajouté. La Presse révélait jeudi les conclusions dévastatrices de la commissaire aux plaintes du CIUSSS de l’Est-de-l’Île-de-Montréal qui a enquêté sur le CHSLD Robert-Cliche. Le cabinet de la ministre Sonia Bélanger a confirmé jeudi que les équipes du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) menaient actuellement une enquête. Le dossier pourrait alors être soumis au Directeur des poursuites criminelles et pénales.

— Fanny Lévesque avec Ariane Lacoursière, La Presse

Politique fédérale

Échanges corsés sur l’ingérence étrangère

Le rapport voulant que des parlementaires aient aidé des États étrangers à s’ingérer dans la politique canadienne continue de faire des flammèches, alors que les conservateurs ont pressé le ministre Dominic LeBlanc de révéler le nom des députés qui seraient à la solde d’entités étatiques étrangères. La comparution du ministre de la Sécurité publique, Dominic LeBlanc, au Comité permanent de la sécurité publique et nationale a donné lieu à des échanges acrimonieux, jeudi matin. Avec insistance, et à répétition, le député conservateur Frank Caputo l’a exhorté à révéler l’identité des élus qui auraient commis des gestes répréhensibles avant la prochaine campagne électorale fédérale. Excédé de talonner le ministre LeBlanc, il est allé jusqu’à accuser ce dernier de dissimuler l’information à des fins partisanes. Pendant l’échange, la députée libérale Jennifer O’Connell s’est mise à bruyamment chahuter ses adversaires conservateurs. Et lorsque le conservateur Garnett Genuis a demandé au président de la rappeler à l’ordre, on l’a entendue crier : « Bou hou, revenez-en ! »

— Mélanie Marquis, La Presse

Destruction de milieux humides

Un producteur de pot sanctionné

Deux entreprises ont écopé jeudi d’amendes salées après avoir été déclarées coupables de plusieurs infractions aux lois environnementales, dont des interventions en milieux humides sans autorisation officielle. Le producteur de cannabis Hexo Opérations inc. a été déclaré coupable par la Cour du Québec d’avoir réalisé des travaux dans des milieux humides à Gatineau sans avoir obtenu d’autorisation du ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP). L’entreprise a ainsi été condamnée à verser 138 371 $ pour avoir enfreint la Loi sur la qualité de l’environnement. Les travaux illégaux avaient été réalisés en 2018 et 2019 sur le site de l’entreprise situé à Gatineau, en bordure de la rivière du Lièvre. Pour sa part, Ferme Joliet inc., dans Lanaudière, a été déclarée coupable de cinq infractions à la Loi sur la qualité de l’environnement. L’entreprise a été condamnée à une amende totalisant tout près de 125 000 $ pour plusieurs travaux illégaux, dont des activités en milieux humides sans autorisation du MELCCFP.

— Éric-Pierre Champagne, La Presse

Coteau-du-Lac

Un enfant se noie dans une piscine

Un enfant de 3 ans s’est noyé mercredi soir dans une piscine résidentielle de Coteau-du-Lac, en Montérégie. Le drame est survenu vers 19 h 30 dans la piscine d’une résidence située rue des Merles. Les services d’urgence ont alors été appelés à intervenir auprès de l’enfant, qui était en arrêt cardiorespiratoire. Des manœuvres de réanimation ont été tentées sur place. Le bambin a ensuite été transporté dans un état critique à l’hôpital, où son décès a été constaté. La Sûreté du Québec, qui est désormais chargée de l’enquête, tente toujours de faire la lumière sur les circonstances exactes de l’évènement.

— Jean-Philippe Arcand, La Presse

Inspections de salubrité

Montréal « augmente la pression », dit la mairesse

Montréal serre la vis aux propriétaires qui entretiennent mal leurs immeubles locatifs, a assuré jeudi Valérie Plante, à l’issue d’un « blitz » d’inspections. Les fonctionnaires municipaux ont visité ce printemps 91 édifices de plus de 100 logements, décelant environ un millier de problèmes. À peine six amendes ont été imposées jusqu’à maintenant, un chiffre qui est appelé à augmenter si certains correctifs demandés ne sont pas effectués rapidement. « On augmente la pression, a dit la mairesse. On voulait envoyer un message très fort qu’on allait talonner les propriétaires. »Mme Plante a aussi annoncé une augmentation du budget d’inspection d’un million de dollars par année pendant trois ans.

— Philippe Teisceira-Lessard, La Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.