Courrier

Vos idées pour faire place à l’innovation

Si vous étiez ministre de la Science et de l’Innovation, que feriez-vous en priorité pour que le Québec prenne de l’avance sur les autres juridictions en matière scientifique et technologique ? Sur quoi miseriez-vous ?

Investir dans la recherche fondamentale

La solution est simple, il faut investir dans la recherche et principalement dans la recherche fondamentale. Regardez les sommes allouées à la recherche en Suisse, dont la population équivaut à celle du Québec : c’est vers ce niveau que le Québec doit se diriger s’il veut rester compétitif sur le plan technologique.

Il faut aussi arrêter d’exiger des résultats concrets (mise en marché d’un produit, etc.) dans des horizons de moins de cinq ans : c’est illusoire de penser que les choses puissent évoluer aussi rapidement. Présentement, la recherche appliquée exploite les découvertes fondamentales d’il y a 20-30 ans.

Cibler des domaines précis est aussi une erreur que l’on voit souvent et qui nuit à l’évolution des chercheurs. Qui peut prédire les domaines qui auront un impact d’ici 20-30 ans ? En misant sur la liberté de création, c’est ainsi que les découvertes les plus novatrices voient le jour. Sans la recherche fondamentale, il ne peut y avoir d’innovation technologique !

– Hélène Lebel, professeure titulaire, Université de Montréal

Favoriser l'industrie solaire et la voiture électrique

Bon an mal an, l’industrie solaire s’installe au Québec, ingénierie et fabrication. Le côté vert de l’énergie requise pour la fabrication est un atout précieux. Le développement devrait s’accélérer grâce au soutien temporaire de l’État (sous forme de promotion de toits solaires sur les bâtiments), afin que l’industrie se développe et en vienne à exporter.

L’industrie de production d’électricité solaire va de pair avec l’électrification des transports. Par conséquent, un projet de voiture électrique de conception québécoise devrait être mis sur pied sans hésiter, tout en n’excluant pas l’implication d’entreprises expérimentées dans le processus de fabrication, afin d’assurer le succès commercial de l’aventure.

– Luc LeBel, ing., Laval

Mettre en contact les jeunes allumés et les vieux routiers

Je suis un retraité de votre producteur provincial d’électricité et depuis pour tenir la forme je travaille pour un commerce de vente de produits électroniques très connu à Montréal et dans la région du 450. Chaque année, je me retrouve avec des professeurs du primaire et leur liste de matériel visant la réalisation d’expériences de science : petite lampe 12 volts, batteries, support, quelques DEL. C'est décourageant, il n'y a pas d’innovation, la loi d’Ohm dans sa plus simple expression. Je crois même que ces professeurs doivent payer de leur poche ce matériel.

Heureusement, il y a des jeunes allumés qui traînent leurs parents au magasin avec des projets intéressants et farfelus réalisables avec automates programmables, Arduino, internet des objets (IoT), etc. Je travaille au salaire minimum dans ce magasin avec 40 ans d’expérience en électronique et avec une maîtrise en gestion de projet technique parce que je rencontre ces jeunes et moins jeunes allumés.

Il faut ouvrir ces écoles, créer un cirque mobile avec des gens, du matériel (automates et autres) et des projets allumés sur l’internet des objets. Il n’y a plus de barrières, ces automates, senseurs, câbles, montages sont peu dispendieux et flexibles. Allez faire un tour sur hackster.io, il y a des milliers d’idées faciles. L'innovation passe par des jeunes allumés et le soutien tranquille de petits vieux routiers.

– Normand Daigle

Reconnaître la formation scientifique

Il faut que la formation scientifique générale (physique, biologie, mathématiques, etc.) soit reconnue et que l’accès à l’emploi soit facilité, surtout après un doctorat. Pour le moment, les scientifiques terminent des formations dures et laborieuses et se heurtent à un mur quand ils se cherchent du travail. Pas très encourageant pour favoriser la recherche…

Ensuite, au lieu de donner tous les pouvoirs de recherche aux ingénieurs et aux médecins, je favoriserais des programmes de collaboration ingénieurs-chercheurs fondamentaux.

Mais il faut absolument se pencher sur les conditions des stagiaires postdoctoraux et de leurs perspectives de carrière.

– Nicolas Groulx

Appuyer les inventeurs

Le gouvernement libéral a mis en place le programme Premier brevet pour aider financièrement les inventeurs québécois à obtenir, comme son nom l’indique, un premier brevet.

C’est une très belle initiative, qui aide à les faire bien paraître aux yeux du public. Le seul hic est qu’ils ont subtilement inséré un critère d’acceptation qui élimine automatiquement les inventeurs indépendants. En effet, pour être admissible à une subvention équivalente à 50 % du prix du brevet, il faut avoir créé une entreprise au moins 12 mois avant le dépôt du brevet officiel !

Connaissez-vous beaucoup de personnes qui fondent une entreprise avant d’avoir leur idée d’invention ?

Alors ma suggestion au MESI est de retirer ce critère ridicule afin d’encourager la créativité au Québec.

– Daniel Paquette, président, Inventarium

Offrir des camps scientifiques

Je miserais sur l’éducation des jeunes, sur l’accès à des camps scientifiques pour ceux qui seraient intéressés, peu importe leurs moyens financiers (pris en charge par l’État pour les démunis) et surtout sur l'embauche de professeurs qualifiés pour enseigner en les rétribuant à leur juste valeur.

– Marie Dubord

Encadrer l’intelligence artificielle

Je miserais sur le développement de valeurs éthiques face à l'intelligence artificielle, et pour bientôt, l'intelligence artificielle forte. Comment veut-on gérer les informations, la relation entre l’homme et la machine ? Quelle sera la place de l’humain dans une société gérée par des algorithmes ? Et surtout comment allons-nous inculquer une « conscience » à ces IA ? Quelles seront les valeurs intégrées à leur programmation ?

Vaste programme qui devrait être mis en place dès maintenant. Un système d’encadrement et de mise en place des IA doit être développé dès maintenant par nos gouvernements. Il ne faudrait pas attendre que notre monde soit entre les mains de super intelligences artificielles fortes avant de réagir.

– Dany Gagnon, Montréal

Rapprocher les géants des start-up

Dans la course à l’innovation, il faut rapprocher les grandes entreprises des start-up innovantes et des petites entreprises. En favorisant l’accès à leurs vastes ressources (marchés, capitaux et support), les grandes entreprises pourront en retour bénéficier de l’agilité, de la créativité et de l’inventivité de milliers d’entrepreneurs, à un moment où l’innovation bouleverse les chaînes de valeur des industries.

Le gouvernement pourrait faciliter ces liens, en favoriser le développement de fonds d’investissement spécialisés, en favoriser le développement de vitrines technologiques dans les grandes entreprises produites par les start-up, et en soutenant, en étroite collaboration avec les grandes entreprises, les incubateurs/accélérateurs qui s’adressent aux start-up et aux petites entreprises.

– Jean Lepage

Transformer nos défis en opportunités

Il faut faire l’inventaire des forces et faiblesses que nous avons au Québec et établir des opportunités pour l’innovation.

D’abord la santé. Nous sommes un bassin unique de population vieillissante, alors pourquoi ne pas utiliser nos deux mégahôpitaux et les centres spécialisés comme l’Institut de cardiologie, Sainte-Justine, etc., pour créer des solutions modernes et efficaces au phénomène du vieillissement. Le domaine privé pourrait certainement accélérer cette création de richesse. Il faut faire de la place pour des partenariats renouvelés !

Ensuite, l’environnement. Nous sommes confrontés à des déchets de recyclage qui n’en finissent plus de s’accumuler. Pourquoi ne pas canaliser notre savoir-faire et nos idées technologiques pour enrayer ce problème et créer de la valeur exportable ?

– Yves Rosconi, B.Sc. pharmacie, MBA, administrateur de sociétés

Choisir 10 grands projets

D’abord, je m’entourerais de sous-ministres adjoints très compétents en recherche et en innovation, ces deux postes exigeant des expertises et des compétences différentes pour répondre aux besoins de la recherche fondamentale universitaire et de l’innovation au sein des entreprises québécoises.

Puis, le Ministère devrait lancer un appel de propositions à des équipes de chercheurs/entrepreneurs, afin que 10 grands projets émergent de nos meilleures équipes de recherche. Ces appels de propositions nous permettraient de sélectionner les meilleurs grands projets qui nous permettraient de nous distinguer à l’échelle internationale.

Rapidement, ces propositions seraient soumises à des experts indépendants internationaux pour évaluation, selon des critères de sélection socioéconomique très bien définis.

Finalement, les meilleures propositions devraient être financées par l’émission de bons du Trésor, dédiés à la science et à la technologie. Il est grandement temps qu’on se prenne en main et qu’on investisse collectivement dans notre avenir scientifique et technologique et plus seulement dans des dépenses d’infrastructures qui doivent se renouveler chaque 30 ans.

– Martin Godbout, O.C., Ph. D., président des conseils d’administration, BioQuébec, Génome Québec, IRICOR

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D’autres idées

Miser sur l'éducation

D’abord, investir massivement en éducation dès le primaire pour s’assurer que les Québécois seront majoritairement en mesure d’occuper les nouveaux emplois qui ne cesseront de se développer grâce à la recherche et l’innovation. Pour ce faire, apprendre et implanter les méthodes pédagogiques utilisées ailleurs où les systèmes scolaires sont particulièrement performants. Il ne s’agit pas de former des « robots », mais plutôt des individus créatifs et capables de travailler en réseau avec des confrères de plusieurs disciplines.

Rappelons-nous le film Apollo 13, où tous sont mis à contribution pour littéralement inventer des solutions permettant de sauver les trois astronautes en perdition dans l’espace. C’est ce genre de formation qui fait avancer l’humanité : autonomie, initiative, inventivité, partage des connaissances.

Simultanément, octroyer plus de ressources au Ministère et créer un département qui anime et synthétise les observations et les réflexions d’un réseau de consultants spécialistes recrutés dans toutes les sphères d’activités : plusieurs cerveaux pour prévoir les avancées technologiques et être en mesure de les optimiser ici.

Enfin, ne pas négliger tout le potentiel innovant des individus qui sont sur le terrain, quel que soit leur domaine d’activités : les consulter régulièrement, leur faire confiance, les meilleures solutions viennent souvent de là.

– Hélène Duval, sociologue

Investir dans un monorail à grande vitesse

Le gouvernement du Québec devrait investir dans le développement et l’implantation du monorail à grande vitesse (MGV). Par le passé, le Québec a eu la vision et l’audace de développer et d’implanter les lignes à très haute tension de 750 000 volts ce qui a permis l’exploitation des ressources hydroélectriques du nord du Québec.

Aujourd’hui, grâce à ce développement, les Québécois jouissent du plus bas taux d’électricité en Amérique et les profits générés par cette hydroélectricité contribuent à payer nos programmes sociaux en plus de diminuer notre dépendance aux hydrocarbures. Le développement et l’implantation du monorail à grande vitesse au Québec serait une opportunité similaire à l’hydroélectricité au bénéfice de tous les Québécois.

– Jacques Morneau, Mont-Saint-Hilaire

Réunir Hydro-Québec et Bombardier

Je ferais tout en mon pouvoir afin qu’un partenariat soit instauré entre Hydro-Québec et Bombardier pour dessiner, créer et fabriquer au Québec deux modèles de véhicules électriques révolutionnaires, efficaces et performants, tout en étant abordables pour une famille plus modeste. Un VUS et une petite berline seraient proposés et vendus à travers le monde. La clé : l’honnêteté et la volonté  ! Si Bombardier fabrique des avions et des trains, pourquoi pas des autos.

– Yves Laflamme, Mascouche

Électrifier les transports en commun

Il faut que le gouvernement intensifie l’électrification des transports en commun. Il devrait subventionner les villes et même les transporteurs intercités, afin que d’ici 20 ans tous les autobus immatriculés au Québec soient électriques, tout en conservant leur efficacité. Nous connaissons déjà les technologies et il va sans dire que nous avons l’électricité accessible pour le faire.

– Jacques Lavallée

Viser l'autosuffisance alimentaire

Il faut innover en agriculture. Nous devons être autosuffisants toute l’année en cette matière. Nous sommes un pays nordique, alors trouvons des moyens pour faire pousser des légumes et des fruits durant toute l’année, ici sur nos terres. Nous développerons ainsi notre économie et nous arrêterons de polluer la planète. Découvrons des techniques de conservation, d’isolement, de chauffage, etc. Nous avons toutes les ressources nécessaires pour y arriver. Place à l’innovation localement et en région, sur les toits des immeubles, dans nos champs inoccupés, etc.

– Luc Saint-Louis

Favoriser les échanges

Je favoriserais les échanges entre différents groupes travaillant dans des domaines similaires ou différents. C’est en partageant les idées que l’on arrive à de nouvelles créations. C’est aussi ce qu’on doit faire dans les écoles, du primaire à l’université.

– Micheline Corbeil

Protéger l’environnement grâce à l'électricité

Je n’attends pas moins qu’une grande révolution à partir de ce que nous produisons le mieux, soit l’électricité, et de ce que nous devons protéger le plus, soit l’environnement. D’ici cinq ans, seuls les véhicules, autos, camions, autobus, motos, motoneiges, motomarines, tondeuses mus par l’électricité seront vendus sur le territoire québécois.

– Serge Hamel

Optimiser notre électricité

Ma priorité serait l’électrification des transports. Le Québec est riche en électricité et avant de vendre l’excédent non utilisé par les Québécois à l’étranger, j’essaierais d’optimiser cette ressource pour le transport. J’augmenterais donc le nombre de points de service ruraux et urbains, comme les stations-service actuelles, tout en diminuant progressivement le nombre de ces dernières. J’obligerais les fabricants de véhicules automobiles à modifier les moteurs pour une plus grande autonomie et une plus grande capacité de réserve d’énergie. Ainsi, les besoins énergétiques pétroliers et la pollution seraient réduits.

– Guy Ricard, ingénieur retraité

Rassembler des chercheurs de partout

L’innovation est en fonction de la recherche dans les universités et les centres de recherche. Je ne réduirais pas les budgets alloués aux chercheurs. Au contraire, je les augmenterais et je favoriserais la venue de chercheurs, de cerveaux et d’étudiants d’ailleurs, afin d’accroître et diversifier notre pool génétique.

– Claude Dufour

Connecter tous les Québécois

Il est primordial que tout le Québec ait accès à un réseau de téléphonie et de communication, ainsi qu’à un réseau internet à haute vitesse dans les plus brefs délais.

Le gouvernement a semblé bouger de ce côté en subventionnant les diverses entreprises de télécommunications. Malgré cela, après plusieurs années, de nombreuses municipalités n’ont toujours pas accès à un réseau adéquat.

Vivant à Shipshaw, je suis confrontée à cette situation. Donc, je suggère une amélioration du réseau internet à la haute vitesse pour tous les résidants du Québec, dans un délai rapide d’un an et une couverture de téléphonie mobile à la grandeur de la province, avec une réduction des tarifs pour améliorer l’accessibilité à toute la population québécoise. Au Québec, les prix des forfaits sont excessivement élevés, en comparaison à ceux d’autres pays. Pour pouvoir parler d’innovation, nous devons d’abord y avoir accès par un réseau adéquat !

– Marisa Potvin

Faire preuve d'imagination

Mettre vite en place après de nombreux tests un système pour dégrader les emballages plastiques existants ET les remplacer par des contenants réutilisables.

Présenter à l’ONU ou une autre organisation mondiale le plan de constituer une équipe pour chaque pays chargée de nettoyer certains lieux marins les plus pollués par les sacs plastiques.

Concevoir un système innovant permettant aux constructeurs de voitures électriques de rendre ces voitures plus abordables et donc en faire vendre plus pour moins polluer.

Créer des voitures volantes ! Et pourquoi pas ! Pour décongestionner les réseaux routiers ! Brainstormer ? Avec plaisir !

– Sandrine Dahan

Prioriser la recherche sur la recharge à induction

Pour déjà avoir eu une voiture électrique avec une autonomie limitée, je pense qu’investir dans la recherche sur la recharge par induction serait prioritaire afin de rendre plus accessible l’accès à la voiture électrique. Avec cette technologie qui est à l’étude dans plusieurs pays, les limites actuelles au transport seraient repoussées ou éliminées.

– Claude Panneton

Augmenter l'autonomie des véhicules électriques

On a une expertise électrique au Québec, enviable à travers le monde. On doit être précurseurs dans la R et D pour les batteries de véhicule électrique. Mission autonomie + 600 km pour tous les véhicules.

– Jean Paradis, Chambly

Développer la filière hydrogène

Sans énergie, le monde actuel n’est rien ! La filière hydrogène constitue vraisemblablement la meilleure façon d’exporter nos surplus énergétiques propres. En collaboration avec les grands manufacturiers automobiles, investissons massivement dans la recherche et développement afin de développer des technologies performantes et sécuritaires… et assurons-nous de conserver une bonne part de la propriété intellectuelle issue de ce labeur.

– Stéphane Carrier, Pierrefonds

Créér une Star académie des sciences

Pour semer le goût de l’innovation et de la recherche scientifique, je souhaiterais une compétition d’inventeurs dans une émission de télé hebdomadaire. Après Les chefs, Star académie et autres, pourquoi pas L’avenir est dans la science et l’innovation. Ça donnerait la piqûre à plusieurs à coup sûr. Comme l’émission Les dragons grâce à laquelle nous découvrons plein de jeunes entrepreneurs en mal de visibilité et de financement.

– Michel Favreault

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