Le hijab, symbole de quoi au juste?

Mahsa Amini, 22 ans, est morte le 16 septembre dernier à la suite de son arrestation par la police des mœurs iranienne pour avoir « mal porté » son hijab, en laissant paraître quelques mèches de cheveux. Sa mort a provoqué une onde de choc qui dépasse les frontières. Ce drame a suscité la colère populaire en Iran et des manifestations de protestation contre l’obligation du hijab embrasent le pays. Ces dernières sont réprimées dans la violence policière, multipliant ainsi les morts et les arrestations.

Malheureusement, ce cas est loin d’être unique. L’histoire contemporaine nous montre que dans plusieurs pays à majorité musulmane, des milliers de femmes qui refusent le hijab sont battues, violées, défigurées par l’acide, répudiées, emprisonnées ou assassinées si elles osent se montrer en public sans voile. Le plus souvent, ce sont des hommes de la famille ou bien dans la rue qui s’en chargent plutôt que l’État.

Par quel miracle ce symbole sexiste se transforme-t-il soudain en « libre choix » qui mérite la protection de nos chartes, comme l’affirment les solidaires, les libéraux, les fédéralistes et même des féministes, qui s’opposent à la loi québécoise sur la laïcité de l’État (PL21) ? Faut-il parler ici de miracle ou d’un manque de jugement ? Peut-être un peu des deux. Il s’agit surtout d’une ignorance et d’un aveuglement face à l’idéologie qui accompagne le hijab.

Peut-on honnêtement défendre le hijab comme symbole de liberté quand on voit l’ampleur de la répression associée à ce symbole ?

S’il faut bien sûr croire celles qui disent le porter par choix, la signification de ce symbole sexiste demeure la même. La sacralisation ou la banalisation du hijab, conçu comme obligation religieuse ou symbole de pudeur féminine, a pour corollaire la stigmatisation de toutes les femmes non voilées. Ces dernières sont alors perçues comme des femmes impudiques ou de petite vertu, qui méritent le harcèlement et les violences qu’elles subissent. C’est d’ailleurs ce message misogyne que ne cesse de marteler le discours dominant qui prône le hijab. 

C’est pourquoi il est aberrant de mettre sur le même pied l’obligation et l’interdiction du hijab, en renvoyant dos à dos ceux qui l’imposent et ceux qui souhaitent son interdiction dans certains lieux. Cette position mitoyenne, défendue par les solidaires, les libéraux, les fédéralistes et même des féministes croyant ainsi défendre un droit fondamental, est un non-sens. Il n’y a aucune commune mesure entre l’obligation du hijab, quelle qu’en soit la justification (religieuse, morale ou autre), et sa restriction dans certains lieux au nom du principe de la neutralité religieuse. Il est grand temps de rejeter cette supercherie qui repose sur une logique boiteuse !

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