On lui doit la grande majorité des 500 millions de dollars investis dans la production de films à grand déploiement à Montréal au cours des cinq dernières années.
Hutch Parker, producteur des films X-Men : Days of Future Past, Apocalypse et Dark Phoenix, tous tournés à Montréal, accorde pour la première fois une entrevue à un média québécois.
Ex-président de la production cinématographique à la 20th Century Fox, il nous livre ses conseils pour que la métropole tire davantage son épingle du jeu dans cette industrie mondiale en pleine transformation.
Bien que Montréal connaisse du succès auprès des producteurs étrangers, la ville traîne la patte derrière Toronto et Vancouver. Que manque-t-il à la métropole pour qu’elle accroisse sa part des investissements en cinéma ?
C’est d’abord une question d’habitude. Par exemple, l’équipe de Fox tourne ici depuis plusieurs années et a toujours aimé ce lieu. À mesure que d’autres entreprises cinématographiques goûtent à Montréal, elles vont y revenir plus souvent, notamment parce que c’est un emplacement polyvalent : on peut facilement y tourner des scènes en ville, à la campagne, ou qui semblent se passer en Europe.
L’autre facteur, c’est l’investissement en infrastructure. L’effort déployé par l’industrie du cinéma dans l’État de Géorgie, par exemple, a été spectaculaire. Atlanta est probablement le lieu de tournage le plus occupé au monde : la valeur des productions y atteint près de 3 milliards US par année ! La superficie des studios disponibles est assez grande pour que les producteurs puissent aisément y planifier un film.
Vous voulez avoir à Montréal assez d’espace pour accueillir plusieurs grandes productions simultanément. Par exemple, lorsqu’une production de la taille de X-Men débarque à Montréal, elle va monopoliser tout l’espace disponible dans les studios de MELS ou de Grandé. Or, c’est préférable d’avoir de la marge de manœuvre.
Du reste, les équipes locales accomplissent un superbe travail. Je ne peux que louanger leur apport.
Atlanta, reine de la production audiovisuelle
Nombre de films ayant atteint le top 100 du box-office nord-américain selon le lieu de production en 2017
Géorgie : 15
Colombie-Britannique : 11
Ontario : 7
Québec : 1
Source : FilmLA
À quel point les crédits d’impôt offerts par les gouvernements sont-ils importants dans vos décisions quant aux lieux de tournage ?
La question des crédits d’impôt est plus centrale que jamais.
Au-delà de la valeur de ce crédit, c’est sa prévisibilité qui est importante. Dès qu’il commence à y avoir de l’incertitude sur le plan politique quant à la pérennité de ces crédits, les majors vont planifier leurs tournages ailleurs. C’est aussi simple que cela. C’est fini.
Nous sommes des bohémiens, au fond. Et nous avons la capacité de nous adapter à de nouveaux lieux très facilement, en particulier depuis que les superproductions s’appuient en grande partie sur des effets visuels. Ça nous donne la flexibilité de tourner aisément n’importe où.
Disney vient de débourser 71 milliards US pour acquérir la 21th Century Fox, dont vous avez dirigé la production cinéma durant 13 ans. Une partie de cette acquisition vise à renforcer le contrôle de Disney sur le service de diffusion en ligne Hulu, dont Fox est copropriétaire avec Disney et Comcast. À quel point la concurrence dans la production de contenu entre Hulu et Netflix pourrait-elle bénéficier à Montréal ?
Je ne peux parler pour Disney, mais il est vrai que sa décision d’acquérir Fox est basée sur son intention d’augmenter sa production de contenu original, notamment pour concurrencer Netflix.
Ça ne peut qu’être bénéfique pour Montréal. Il y a beaucoup plus d’appétit maintenant pour du contenu audiovisuel. Hulu va accroître sa production ; bientôt, on verra Apple faire de même. Amazon s’y affaire déjà. Toutes ces entreprises vont en vouloir plus. Ça ne peut qu’être de bon augure pour les endroits dans le monde qui sont adéquatement équipés et prêts à recevoir de telles productions.
Il existe une perception dans l’industrie cinématographique que la collaboration entre les deux grands studios – MELS et MTL Grandé – n’est pas toujours au rendez-vous. Vous avez travaillé avec les deux entreprises sur la production de X-Men : Dark Phoenix. Quel est votre constat ?
Ça s’est très bien passé. Les deux studios comprennent que nos besoins dépassent parfois leurs capacités et qu’ils doivent collaborer.
Bien sûr, la concurrence peut parfois être féroce, mais ils commencent à reconnaître que d’avoir plus d’options de tournage ne fera qu’augmenter le volume d’affaires à Montréal.
Une question de taille
Superficie des studios disponibles
MELS Montréal 230 000 pi2
MTL Grandé Montréal 270 000 pi2
Mammoth Studios Vancouver 300 000 pi2
Medient Studioplex Géorgie 2 000 000 pi2