Résidences secondaires

Acheter un chalet écologique certifié

« Ce que les gens recherchent avant tout, c’est de pouvoir faire des économies d’énergie », remarque Robin Gauthier-Ouellet, président d’Écohabitations Boréales, une des entreprises pionnières au Québec en matière de construction écologique et nommée constructeur de l’année au dernier concours Domus.

Selon une étude menée en 2013 et 2014 par Écohabitation, un organisme à but non lucratif qui promeut l’habitat écologique, les acheteurs se dirigent vers les maisons écologiques en second lieu pour des raisons de santé et de qualité de vie, mais aussi pour l’utilisation de matériaux à faible impact environnemental et pour la durée de vie de la maison.

« Une maison certifiée est un gage de qualité, car la maison est inspectée. Et qui dit durabilité accrue dit diminution des coûts d’opération. C’est aussi un plus marketing pour les gens qui souhaitent louer leur chalet », ajoute M. Gauthier-Ouellet.

« Côté prix, les gens ont souvent l’idée qu’une maison écologique est beaucoup plus chère qu’une maison conventionnelle, constate Emmanuel Cosgrove, directeur d’Écohabitation. Ils ont la perception d’un surcoût de 10 %, voire plus, mais en réalité, c’est plutôt aux alentours de 2 %. » Les surcoûts tourneraient en moyenne entre 0 et 5 %, selon la propriété.

UN MARCHÉ DE NICHE

« Au Québec, on en est encore au stade embryonnaire », estime Guylaine Forbes, courtière immobilière et ÉcoCourtier Via Capitale. L’enseigne est pour l’instant la seule à avoir des ÉcoCourtiers formés en collaboration avec Écohabitation et familiarisés avec les maisons écologiques. « Il y a un intérêt croissant, les gens sont de plus en plus sensibles aux questions environnementales et d’économie énergétique, ils posent de plus en plus de questions, mais ils sont en général mal informés. Et pour la majorité, ils ne sont pas prêts à mettre de 2 à 5 % de plus pour des économies futures éventuelles. Ils vont vers le moins cher. »

Depuis quelques années, les unités certifiées Novoclimat représentent moins de 15 % des mises en chantier et environ 1,5 % dans le cas de LEED.

« Ça reste un marché de niche. Mais si la croissance n’est pas fulgurante, elle reste constante. »

— Robin Gauthier-Ouellet, président d’Écohabitations Boréales

Sur le marché de la revente, les chalets certifiés Novoclimat se trouvent facilement, mais vous aurez plus de mal à acheter un chalet LEED. « LEED est très récent au Québec, et sur toutes les propriétés que nous avons construites, aucune n’a été mise en vente jusqu’à présent. »

AVANT D’ACHETER

Un avantage à acheter un chalet LEED ou Novoclimat sur le marché de la revente est la garantie que la propriété aura été inspectée à plusieurs reprises par des inspecteurs indépendants, avant et après la pose des murs. « Vous êtes sûr qu’il n’y aura pas de fuites importantes qui pourraient mener à de la moisissure, par exemple, explique Emmanuel Cosgrove. La maison est testée et inspectée, le système d’échange de l’air a été calibré et vérifié par un tiers, ce qui n’est jamais le cas autrement. »

Et ces maisons sont très « documentées ». Exigez de voir les certifications, les résultats au test d’infiltrométrie et, dans le cas d’un chalet LEED, la fiche de vérification et le manuel de l’occupant, qui explique entre autres comment utiliser et entretenir les systèmes de la maison.

« La certification est un portrait de la maison le jour de l’inspection finale. Il faut être très attentif sur la manière dont le chalet a été entretenu, davantage même que pour une maison sans certification. Quand on construit en se souciant peu de l’étanchéité de la maison, l’air pénètre et se renouvelle naturellement à cause des fuites. Dans le cas d’une maison certifiée, tout dépend du système de ventilation, qui doit être entretenu. »

Il faut aussi bien se renseigner sur les spécifications de la propriété, car aucune maison LEED n’est identique à une autre. « Pour Novoclimat, c’est une prescription, on sait donc ce qui a été fait. Dans le cas de LEED, il se peut que les constructeurs et l’ancien propriétaire aient misé sur la qualité de l’air, alors que votre priorité est plutôt l’efficacité énergétique, par exemple. »

LES CERTIFICATIONS EN MATIÈRE D’HABITAT ÉCOLOGIQUE AU QUÉBEC

Novoclimat

Novoclimat est en place depuis une quinzaine d’années et est gérée par le gouvernement du Québec. Le programme se concentre sur l’isolation, l’étanchéité et la ventilation de maisons neuves et vise des économies d’énergie d’environ 20 à 25 % par rapport à une habitation conventionnelle. Depuis 2013, Novoclimat est remplacée par Novoclimat 2.0, qui ajoute entre autres des exigences en matière de développement durable, dont certaines sont obligatoires et d’autres au choix, comme l’utilisation de matériaux recyclés.

Leadership in Energy and Environmental Design (LEED)

Présent au Canada pour les habitations depuis 2009, LEED s’adresse aux maisons neuves, mais aussi aux rénovations majeures. Le but est d’obtenir un certain nombre de points pour atteindre l’un des quatre niveaux de certification (de base, argent, or et platine). Très flexible, le programme impose des exigences de base obligatoires, mais une fois ce seuil de points atteint, vous choisissez les éléments que vous voulez parmi huit catégories, dont les matériaux ou la gestion de l’eau. Chacun donne un certain nombre de points.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.