Elon Musk s’est dit prêt mardi à lever la suspension définitive du compte de Donald Trump sur Twitter, suscitant des réactions contrastées entre défenseurs de la liberté d’expression à tout crin et militants craignant un déferlement de propos haineux sur la plateforme.
« Je pense que [la mise à l’écart de l’ancien président] était une erreur, car cela a aliéné une grande partie du pays et n’a finalement pas empêché Donald Trump de se faire entendre » puisqu’il est maintenant sur son propre réseau social, a souligné l’entrepreneur lors d’une conférence organisée par le Financial Times.
La décision de Twitter était « mauvaise moralement », et les interdictions définitives devraient être « extrêmement rares » et réservées par exemple aux faux comptes, a-t-il affirmé lors de son intervention par vidéo.
Jusqu’à sa mise à l’écart le 8 janvier 2021, Donald Trump utilisait Twitter comme son principal outil de communication et comptait plus de 88 millions d’abonnés.
La plateforme a décidé de l’ostraciser quelques jours après l’attaque violente du Capitole vouée à contester l’élection de Joe Biden, estimant que ses tweets pouvaient inciter à la violence.
Des réactions mitigées
S’il autorise Donald Trump à revenir, « Elon Musk ouvrirait les vannes aux propos haineux et à la désinformation sur Twitter », redoute Angelo Carusone, directeur de l’ONG Media Matters for America.
Pour l’association de défense des droits civiques ACLU, autoriser l’ancien président à revenir sur Twitter serait au contraire « la bonne décision à prendre ».
« Que ça nous plaise ou non, [Donald] Trump est l’une des personnalités politiques les plus importantes du pays » et doit à ce titre pouvoir se faire entendre, a affirmé son directeur Anthony Romero.
M. Trump a lui-même exclu de revenir sur le réseau social, affirmant vouloir rester sur la plateforme Truth Social qu’il a lancée en février. Celle-ci peine toutefois à prendre de l’ampleur.
« Plus impartial »
Lever le bannissement de l’ancien président « ne veut pas dire que n’importe qui peut dire ce qu’il veut, s’ils disent quelque chose d’illégal ou de destructeur pour le monde », a souligné M. Musk.
« Mais je pense que les bannissements permanents sapent fondamentalement la confiance dans Twitter en tant que place publique où tout le monde peut exprimer son opinion », a-t-il relevé en évoquant sa préférence pour des suspensions temporaires ou la suppression des tweets les plus problématiques.
M. Musk a aussi estimé que Twitter était « politiquement biaisé à gauche », car établi à San Francisco, et devrait être « plus impartial ».
— Agence France-Presse