Données des compteurs des pistes cyclables

Le Réseau express vélo cartonne

L’engouement pour le nouveau Réseau express vélo (REV) se confirme, montrent des données captées par des compteurs sur les pistes cyclables de la Ville de Montréal et analysées par La Presse. L’affluence des cyclistes sur la portion centrale du principal axe nord-sud du REV, rues Saint-Denis, Berri et Lajeunesse, s’approche du niveau de fréquentation observé dans les rues Clark et Saint-Dominique, l’un des axes nord-sud les plus utilisés auparavant.

C’est autour de la mi-mai que le REV a commencé à être aussi fréquenté et même à devancer la piste cyclable Clark, selon l’analyse des données du 1er janvier au 6 juin 2021 des compteurs au centre de l’île de Montréal. Ceux-ci se trouvent à la hauteur de la rue de Bellechasse et de la piste des Carrières. L’année 2021 est la première où le compteur Saint-Laurent–de Bellechasse, entre les rues Clark et Saint-Dominique, ne remporte pas la médaille d’or, selon Jean-François Rheault, président-directeur général de Vélo Québec.

En effet, La Presse a observé que le mercredi 2 juin, 6220 cyclistes sont passés sur le REV, près de 200 personnes de plus que dans la rue Clark. Cette journée est donc la plus achalandée de 2021, selon les données publiées par la Ville.

Les appareils de l’entreprise Éco-Compteur enregistrent les passages à plusieurs endroits clés sur les pistes cyclables ; La Presse a analysé les dizaines de milliers de lignes de données diffusées le 9 juin par le Service de l’urbanisme et de la mobilité de la Ville de Montréal.

Retour à la normale prépandémique

Jean-François Rheault explique que ces journées records du REV représentent un retour à la normale prépandémique. « En 2020, pour la première fois à Montréal, les jours les plus occupés étaient surtout les week-ends, ce qui était du jamais vu. Normalement, c’était surtout les jours de semaine », affirme-t-il.

Un phénomène semblable a été observé plus au nord, à la hauteur de la rue Sauvé. Les données analysées du 7 janvier au 6 juin 2021 montrent que le REV est plus fréquenté que son prédécesseur, la piste cyclable de l’avenue Christophe-Colomb. Les compteurs pour cette portion de l’axe nord-sud du REV ont détecté que 3454 cyclistes y sont passés le lundi 24 mai (Journée nationale des Patriotes), soit 1100 personnes de plus que sur l’avenue Christophe-Colomb le même jour.

La Ville considère que le REV est un succès. Elle prévoyait d’ailleurs qu’une affluence de 4000 personnes par jour sur la portion Berri-Lajeunesse de l’axe nord-sud serait un achalandage exceptionnel.

« Le REV nord-sud est un nouvel axe cyclable, comparativement à la piste sur Clark qui a longtemps fait partie du trajet quotidien de plusieurs milliers de cyclistes, un trajet encore ancré dans les habitudes des gens », explique par courriel Marikym Gaudreault, attachée de presse au cabinet de la mairesse de Montréal.

« La hausse constante du nombre de cyclistes depuis le début du printemps nous permet de conclure que les Montréalais-es sont de plus en plus nombreux à l’adopter pour leurs déplacements. »

— Marikym Gaudreault, attachée de presse au cabinet de la mairesse de Montréal, par courriel

Commerçants partagés

L’annonce de l’installation du REV a suscité beaucoup de plaintes de la part de commerçants de la rue Saint-Denis.

Le propriétaire du restaurant L’Évidence, quant à lui, a obtenu un permis spécial de la Ville pour agrandir sa terrasse et empiéter sur le REV.

« Depuis qu’ils ont installé le REV, je vois de plus en plus de gens qui viennent à vélo sur Saint-Denis », remarque Mourad Fhal.

« Je pense que la terrasse va nous aider pour cet été. Mais pour l’hiver, je ne sais pas comment ça va se passer, avec la neige et moins de stationnement. Est-ce que les gens vont continuer à venir à vélo ? »

— Mourad Fhal, propriétaire du restaurant L’Évidence

« On attendait ça depuis longtemps »

En ces beaux jours de juin, la forte affluence de cyclistes sur le REV indique que cette nouvelle piste est populaire.

« Le REV sur Saint-Denis est très bien, on attendait ça depuis longtemps », dit Yvon Dinel, cycliste qui emprunte le REV pour aller au travail.

« Avant le REV, c’était difficile pour les cyclistes, on roulait près des autos et il y avait le danger des portières qui s’ouvraient. »

— Yvon Dinel, utilisateur du REV

« Au niveau de la sécurisation pour les piétons et les cyclistes, avec les aménagements protégés on peut croire qu’il y aura moins de collisions et possiblement moins de décès », pense Jean-François Rheault. Ce n’est que le début du REV et les habitudes prennent du temps à s’installer, explique aussi cet ancien directeur d’Éco-Compteur pour l’Amérique du Nord.

Le REV, véritable autoroute de vélos aux pistes unidirectionnelles d’une largeur de 2,3 à 3 m, vaut en effet le détour, estime la cycliste Chantal Bouchard. Il est selon elle plus efficace, plus sûr et plus confortable qu’une piste ordinaire, et lui permet de se rendre au travail plus rapidement. « Plus il y a de pistes cyclables, le mieux c’est. Plus il y en a, plus c’est sécuritaire pour les cyclistes », affirme-t-elle.

— Avec Thomas de Lorimier et Myriam Boulianne, La Presse

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