Grand Montréal

Le nombre d’inscriptions d’élèves allophones augmente

Après avoir connu une baisse du nombre d’inscriptions en raison de la fermeture des frontières, les écoles de la région de Montréal accueillent depuis le début de l’année de plus en plus de nouveaux élèves nés à l’étranger. Ceux qui ne maîtrisent pas le français fréquentent pour la plupart des classes d’accueil, le temps de se familiariser avec la langue.

Les nouveaux élèves plus nombreux

Dans deux centres de services scolaires de l’île de Montréal, on confirme que le nombre d’admissions d’élèves nés à l’étranger a augmenté dans les dernières semaines. Alors que le centre de services scolaire de Montréal (CSSDM) inscrivait environ 30 nouveaux élèves par semaine en janvier dernier, il comptait 65 nouvelles inscriptions à la première semaine d’avril.

Depuis le début de l’année, 543 enfants allophones se sont joints aux classes du CSSDM, « soit l’équivalent d’une grosse école primaire », illustre Alain Perron, porte-parole du centre de services.

Au centre de services scolaire de la Pointe-de-l’Île (CSSPI), dans l’est de Montréal, le directeur général adjoint, Martin Duquette, explique que les demandes pour de nouveaux élèves nés à l’extérieur du pays augmentent « à un rythme effréné ». Ils sont environ 40 par semaine à intégrer les écoles du CSSPI. Les trois quarts de ces élèves ont passé par le chemin Roxham et proviennent principalement d’Haïti, du Mexique, du Chili, du Brésil et du Guatemala.

Les jeunes Syriens bien présents

Parmi les élèves québécois nés à l’extérieur du pays, c’est le nombre d’élèves originaires de la Syrie qui a connu la plus forte croissance dans les écoles du Québec depuis une décennie. Le ministère de l’Éducation note qu’ils étaient 497 élèves au cours de l’année scolaire 2010-2011, alors qu’ils sont cette année près de 4200 jeunes originaires de la Syrie à fréquenter les écoles de la province, une hausse de 741 %*.

Le nombre d’élèves en provenance du Cameroun a quant à lui connu une augmentation de plus de 500 % ; ils sont aujourd’hui plus de 4700 sur les bancs d’école, tandis que ceux nés en Côte d’Ivoire sont cette année plus de 3700, une augmentation de plus de 400 % par rapport à 2020-2021.

« Viennent ensuite les élèves originaires de la Tunisie, d’Iran, de l’Inde et du Brésil, dont les effectifs ont tous connu une croissance supérieure à 200 % entre les années scolaires 2010-2011 et 2020-2021 », écrit Bryan St-Louis, porte-parole du ministère de l’Éducation.

Née au tournant des années 1970 : la classe d’accueil

Le portrait des élèves nés à l’étranger change au fil des années, mais une chose demeure : certains de ces enfants débarquent au Québec sans parler un mot de français, et il faut leur apprendre la langue pour aller à l’école.

Les classes d’accueil ont fait leur apparition à Montréal en 1969, mais l’adoption de la loi 101 en 1977, qui a enchâssé l’obligation de fréquenter l’école en français, a fait grimper le nombre de ces classes.

Le modèle le plus utilisé à Montréal

Au centre de services scolaire de Montréal, le plus gros au Québec, il y a actuellement 40 classes d’accueil au préscolaire, 109 classes au primaire et 58 classes au secondaire.

« Les classes d’accueil sont le modèle le plus utilisé à Montréal. On fait une évaluation des élèves en langue et en mathématiques [à leur arrivée]. Après une année scolaire, on vérifie si l’élève est prêt à sortir ou non », dit Roberta de Oliveira Soares, étudiante au doctorat en fondements de l’éducation à l’Université de Montréal, qui a choisi pour sujet d’étude les classes d’accueil.

Combien de temps les élèves demeurent-ils en classe d’accueil en moyenne avant de réintégrer une classe ordinaire ? Au CSSDM, on nous répond ne pas produire d’analyse statistique sur le sujet parce que « chaque parcours est unique ».

Autres régions, autres pratiques

Il n’y a pas qu’un modèle de classe pour accueillir les élèves issus de l’immigration. Dans certains centres de services scolaires, les élèves qui arrivent d’un autre pays sont intégrés dans une classe ordinaire, où ils ont du soutien pour apprendre le français.

Tous les modèles ont leurs limites, observe Roberta de Oliveira Soares. « Ici, à Montréal, je pense que la décision a été prise parce que c’est pratique : il y a beaucoup d’élèves, c’est plus pratique de les mettre tous ensemble », dit la chercheuse.

* Toutes les données de 2021-2022 sont provisoires, précise le ministère de l’Éducation.

— Avec la collaboration de Louise Leduc, La Presse

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