Pensionnats

Les mauvais traitements infligés aux enfants autochtones mis en lumière

Une première enquête commandée par la secrétaire d’État à l’Intérieur, Deb Haaland, a répertorié certaines des conditions brutales que les enfants autochtones ont endurées dans plus de 400 pensionnats que le gouvernement américain les a obligés à fréquenter entre 1819 et 1969. Selon Mme Haaland, cette enquête constitue un premier pas vers la résolution du « traumatisme intergénérationnel » que cette politique a laissé derrière elle.

Le rapport publié mercredi a mis en lumière les mauvais traitements infligés à de nombreux enfants dans les écoles gérées par le gouvernement, tels les coups, la privation de nourriture et l’isolement. Il a également identifié des sites d’inhumation dans plus de 50 des anciennes écoles, un nombre qui, selon le département de l’Intérieur, devrait augmenter au fur et à mesure que l’examen va se poursuivre.

Le rapport est la première étape d’un examen complet que Mme Haaland, première personne issue des Premières Nations à occuper le poste de secrétaire à l’Intérieur, a annoncé en juin 2021 après que la découverte de centaines de tombes non marquées d’enfants ayant fréquenté des établissements similaires au Canada eut provoqué une réflexion nationale dans ce pays.

L’enquête initiale a révélé qu’« environ 19 pensionnats pour Autochtones fédéraux étaient responsables de plus de 500 morts d’enfants issus des Premières Nations, notamment en Alaska et à Hawaii ». Ce nombre devrait augmenter, selon le rapport.

Arrachés à leur famille

De 1819 aux années 1960, des centaines de milliers d’enfants issus des Premières Nations ont été arrachés à leur famille et placés dans des pensionnats gérés par le gouvernement et les églises.

En 1900, on comptait 20 000 enfants dans ces écoles ; en 1925, ce nombre avait plus que triplé, selon la National Native American Boarding School Healing Coalition.

La découverte de tombes non marquées au Canada l’année dernière – 215 en Colombie-Britannique, 750 autres en Saskatchewan – a conduit Mme Haaland à annoncer que son agence allait fouiller les terrains des anciennes écoles aux États-Unis et identifier les restes. Les grands-parents de Mme Haaland ont fréquenté de telles écoles.

« Les conséquences des politiques fédérales en matière de pensionnats indiens – notamment le traumatisme intergénérationnel causé par la séparation des familles et l’éradication culturelle infligée à des générations d’enfants âgés d’à peine 4 ans – sont déchirantes et indéniables. »

— Deb Haaland, secrétaire d’État à l’Intérieur, dans un communiqué

« Ma priorité est non seulement de donner une voix aux survivants et aux descendants des politiques fédérales en matière de pensionnats pour Autochtones, mais aussi d’aborder les legs durables de ces politiques afin que les peuples autochtones puissent continuer à grandir et à guérir », a-t-elle ajouté.

Assimilation

Le rapport de 106 pages, rédigé par Bryan Newland, secrétaire adjoint aux Affaires indiennes de l’agence, conclut qu’une enquête plus approfondie est nécessaire pour mieux comprendre les effets durables du système des pensionnats sur les Amérindiens, les Autochtones de l’Alaska et d’Hawaii. Selon le rapport, l’assimilation n’était que l’un des objectifs du système, l’autre étant « la dépossession territoriale des peuples autochtones par le déplacement forcé et la relocalisation de leurs enfants ».

Le gouvernement n’a toujours pas offert de forum ou de possibilité aux survivants ou aux descendants des survivants des pensionnats ou à leurs familles de décrire leurs expériences dans ces écoles.

Pour tenter d’assimiler les enfants amérindiens, les écoles leur donnaient des noms anglais, leur coupaient les cheveux et leur interdisaient de parler leur langue et de pratiquer leur religion ou leurs traditions culturelles.

M. Haaland a également annoncé le projet d’une tournée d’un an à travers le pays, appelée « The Road to Healing », au cours de laquelle les survivants du système des pensionnats pourraient faire part de leur histoire.

Le gouvernement canadien a lancé des efforts similaires et a alloué quelque 320 millions CAN pour les communautés touchées par le système des pensionnats, la recherche de lieux de sépulture et la commémoration des victimes.

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