La science et nous

J’aurai bientôt un petit-fils et cela m’amène à porter une attention inhabituelle à ce qui s’écrit sur les enfants en bas âge. Dans la dernière édition du Détecteur de rumeurs publié par l’Agence Science-Presse, j’ai appris que, contrairement à ce que beaucoup de parents pensent, les tout-petits sont capables de comprendre des phrases simples en forme d’interdiction. « Ne touche pas à la plante », c’est à la portée des enfants dès l’âge de 8 mois, apparemment. C’est ce que démontrent des études scientifiques sérieuses et je l’ignorais jusqu’à récemment.

Nous vivons une époque où la science infiltre tous les aspects de notre vie. Non seulement par les avancées qu’elle permet dans la connaissance, mais aussi par la place qu’elle occupe dans la vie des citoyens. Des gens qui, il y a 18 mois à peine, n’avaient aucune idée de ce qu’était un coronavirus s’informent aujourd’hui sur les mérites comparés des différents types de vaccins et discutent entre eux des stratégies adoptées par la Santé publique.

Tout cela, nous le devons à la collaboration étroite qui s’est nouée entre les hommes et femmes de science d’un côté, et les médias, petits et grands, de l’autre. Ce ne sont pas tous les universitaires qui ont vocation à devenir des communicateurs, mais ceux qui le font apportent une contribution inestimable à l’intelligence commune des problèmes de notre temps et, par ricochet, à l’affermissement des fondements de la démocratie.

Le travail de médiateur entre la science et nous, mené par nos chercheurs et chercheuses par le truchement des médias, doit être salué, reconnu, encouragé, respecté.

C’est ce travail que la Dre Caroline Quach-Thanh accomplit admirablement depuis les débuts de la pandémie, avec un talent et une générosité qui ont séduit le public partout au pays. Au fil de quelque 700 entrevues, la Dre Quach-Thanh est devenue l’un des visages les plus respectés du discours scientifique sur la situation sanitaire que nous vivons. Sans ses interventions, nous aurions moins bien compris ce qui nous arrive.

Voilà pourquoi j’ai été troublé par la pluie d’injures qui s’est abattue sur elle ces derniers jours, alors qu’elle exposait le plus simplement du monde une analyse scientifique sérieuse et utile. Elle ne faisait pourtant que ce qui est attendu de toute bonne chercheuse : donner la meilleure réponse, la plus éclairée possible.

La recherche scientifique apporte des réponses, fondées sur des faits mesurables, aux questions que l’on se pose. Le chercheur formule une hypothèse, en vérifie l’exactitude à partir de méthodes expérimentales éprouvées et communique ses résultats à la communauté scientifique. D’autres chercheurs et chercheuses peuvent alors reproduire l’expérience pour en valider ou en infirmer les résultats.

Ainsi va la science : à coups d’essais, d’erreurs et de réussites. L’étendue de nos connaissances grandit chaque fois que les idées reçues sont passées sous le microscope.

La vérité scientifique a ceci de particulier qu’elle est fragile, parce qu’elle est remise en question à mesure que notre pouvoir d’analyse se raffine.

Pour le dire autrement : la Terre n’est pas plate, on a terminé le séquençage du génome humain, mais l’avenir nous réserve encore beaucoup de surprises sur le fonctionnement de notre cerveau et sur les façons dont les sociétés tiennent ensemble.

Depuis plus d’un an, les universitaires sont sollicités comme jamais par les médias et les pouvoirs publics, et c’est tant mieux. Cela témoigne d’une soif de compréhension dans la population qui est de bon augure pour l’avenir. Dans ce cadre, les grandes universitaires comme la Dre Quach-Thanh sont une ressource extraordinaire dont nos concitoyens, du plus âgé jusqu’à mon petit-fils qui naîtra bientôt, ne peuvent se passer. C’est lorsque ces scientifiques de bonne volonté prononcent des vérités que certains auraient préféré ne pas entendre qu’ils ont le plus besoin de notre respect et de nos encouragements. Il nous faut apprendre à mieux accueillir le savoir dont ils nous ouvrent si généreusement les portes.

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