La Banque du Canada au secours des provinces

La Banque du Canada a lancé mercredi deux nouveaux programmes de rachat d’obligations des provinces et de titres de dette d’entreprises qui sont délaissés actuellement par les investisseurs.

Ces nouvelles mesures s’ajoutent à celles qui ont déjà été annoncées par la banque centrale au cours des dernières semaines pour assurer le fonctionnement des marchés financiers et l’accès au crédit, notamment pour les gouvernements qui en ont besoin pour financer les programmes d’aide à la population.

La Banque du Canada achètera jusqu’à 50 milliards de dollars d’obligations provinciales sur le marché secondaire, un programme qui s’ajoute à l’achat déjà annoncé de 40 % des nouvelles émissions provinciales. Ce coup de pouce devrait être particulièrement apprécié par Terre-Neuve-et-Labrador, dont la situation financière difficile s’est aggravée récemment à cause de la chute du prix du pétrole.

Le gouverneur de la Banque du Canada, Stephen Poloz, a annoncé mercredi que le taux directeur sera maintenu à 0,25 %. Le maintien du taux directeur à son plus bas niveau historique était attendu, parce que le gouverneur a déjà indiqué que le baisser davantage n’aurait aucun effet positif sur l’économie. La Banque considère qu’il s’agit de sa valeur plancher, a réitéré mercredi M. Poloz.

Preuve que la crise est plus profonde que prévu, la banque centrale aura encore recours à des outils qu’elle n’utilise jamais. En plus de l’augmentation des achats de titres émis par les provinces, la Banque du Canada achètera jusqu’à 10 milliards de dollars d’obligations d’entreprises de bonne qualité, soit celles qui ont une cote de BBB ou l’équivalent. Elle augmentera aussi ses achats de titres émis par le gouvernement fédéral.

« Tout considéré, la Banque du Canada a annoncé plus de mesures depuis un an et demi que pendant toute la crise financière de 2008-2009. »

— Sébastien Lavoie, économiste en chef de la Banque Laurentienne

Le gouverneur Poloz a indiqué que la banque centrale « est prête à faire plus si les conditions de marché le justifient ». Les titres municipaux et les obligations d’entreprises moins bien cotées pourraient être sa prochaine cible, estiment plusieurs économistes.

Depuis le début de la crise, les achats de la Banque du Canada s’élèvent à 200 milliards, soit 10 % du produit intérieur brut (PIB) canadien.

Pas de prévisions

Dans le Rapport sur la politique monétaire rendu public en même temps que la décision sur les taux, la banque centrale a choisi de ne pas faire de prévisions de croissance économique.

Dans son rapport précédent, en janvier, la Banque du Canada prévoyait une croissance économique de 1,6 % en 2020. Elle estime maintenant que « les perspectives sont trop incertaines en ce moment pour fournir une prévision complète ».

Elle envisage plutôt quelques scénarios très négatifs, qui indiquent que l’activité économique a chuté de 1 % à 3 % au premier trimestre et que l’économie pourrait plonger de 15 % à 30 % au deuxième trimestre par rapport à la fin de 2019.

Stephen Poloz dit avoir des raisons de croire que les scénarios les plus optimistes de reprise économique peuvent se réaliser. 

« Nous faisons du bon travail », a-t-il dit en parlant des mesures prises par les gouvernements et les autorités monétaires pour atténuer l’impact de la pandémie.

Le Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada, qui en est à sa 25e année d’existence, est le dernier publié sous la gouverne de Stephen Poloz, qui termine son mandat le 2 juin.

« Ironiquement, j’étais l’un des architectes de ce premier RPM, et celui d’aujourd’hui sera mon dernier, a-t-il dit. J’aurais souhaité que les circonstances soient plus favorables. »

Chute abrupte du PIB en mars

L’économie canadienne a reculé de 9 % en mars, la plus forte chute mensuelle jamais enregistrée depuis le début des statistiques en 1961. Selon les estimations de Statistique Canada, ce recul signifie que, pour le premier trimestre, le produit intérieur brut baissera de 2,6 %. Les chiffres officiels seront connus en mai.

Tous les secteurs d’activité ont ressenti l’impact de la crise de la COVID-19 en mars. Mais sans surprise, ce sont les secteurs touchés par les mesures de confinement qui ont souffert le plus, soit le tourisme, la restauration et l’hébergement.

Les ventes au détail (sauf l’alimentation) et les dépenses liées au divertissement ont aussi reculé. Par contre, et ce n’est pas une surprise non plus, les secteurs de la santé, de la distribution alimentaire, de la vente en ligne et de la diffusion sur l’internet ont progressé.

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