Que ferez-vous pour les enfants en difficulté ?

Les signataires s’adressent aux chefs des partis politiques provinciaux.

Force est de constater que le bien-être et les droits de nos enfants est un thème très peu soulevé dans la course électorale en cours. Encore moins le sort réservé aux enfants et aux jeunes vivant les pires contextes de vulnérabilité… notamment, ceux qui sont victimes de maltraitance.

Il faut renverser la tendance et accorder plus d’importance à ce que la société compte faire pour les jeunes placés et ex-placés afin de leur assurer des conditions de vie décentes et une transition saine à la vie adulte. La protection de la jeunesse étant une importante fonction de l’État et la responsabilité de toute une société, nous enjoignons aux partis politiques d’expliquer à la population ce qu’ils comptent faire pour les jeunes en difficulté.

Chaque année, de plus en plus d’enfants et de jeunes sont signalés au Directeur de la protection de la jeunesse : c’était 132 632 en 2021, soit un bond de presque 40 % en quatre ans !

Plus de 40 000 enfants et jeunes étaient pris en charge pour la même année. Tout près de la moitié de ceux-ci étaient placés hors de leur milieu familial (bilan des DPJ/DP 2022).

Pourquoi s’en préoccuper ?

L’efficacité de nos politiques sociales et de nos institutions dépend ultimement de l’impact qu’elles ont sur la santé et le bien-être des jeunes qu’elles doivent aider. Nous devons impérativement nous poser certaines questions en continu. Quelles sont les conditions de vie des jeunes dans notre société ? Sont-ils isolés et marginalisés ou sont-ils heureux et bien entourés ? S’ils ont besoin d’aide, ont-ils accès aux services dont ils ont besoin ? Est-ce qu’ils réussissent leur scolarisation ? Sont-ils aptes à intégrer le marché du travail ? Sont-ils préparés à la citoyenneté ? Contribuent-ils à la société ?

Des recherches récentes de l’Étude sur le devenir des jeunes placés au Québec et en France (EDJeP) révèlent une situation désastreuse pour les ex-jeunes placés au Québec. Les jeunes sortent de leurs placements peu préparés pour faire face à la vie et très peu soutenus par la suite. Beaucoup trop de jeunes vivent des situations d’itinérance, de sous-scolarisation, d’isolement, de marginalisation et des problèmes de santé physique et mentale.

Vers l’équité pour nos jeunes vulnérables !

Il est très évident pour l’ensemble des soussignés que les jeunes placés et ex-placés requièrent, à juste titre, des politiques et des programmes qui tiennent compte de leurs besoins. Pour atteindre l’équité, les jeunes ayant un parcours en protection de la jeunesse ont besoin de plus d’aide concrète et de services, non seulement compte tenu des traumatismes qu’ils ont subis durant le cours de leur enfance, mais également du fait qu’ils n’ont souvent pas de parents ou de proches pour les aider à subvenir à leurs besoins.

Nous enjoignons aux partis de décrire concrètement ce qu’ils comptent faire pour assurer l’équité des chances à ces jeunes pour ce qui est du revenu, de la scolarisation, du logement, de l’intégration au travail et pour assurer des services psychosociaux et de santé appropriés à leurs besoins.

Le rapport de la commission Laurent a recommandé plusieurs mesures intégrées pour soutenir les jeunes en difficulté de façon à leur permettre de se réaliser malgré les obstacles qu’ils ont à surmonter.

Les partenaires pour le bien-être des jeunes placés et ex-placés sont un groupe de personnes et organismes concernés par les conditions de vie difficiles auxquelles font face les jeunes pendant et après leur placement de la DPJ. Ce regroupement est constitué d’instances diverses, dont des associations de jeunes ex-placés, des organismes communautaires, des fondations, des alliés et des chercheurs qui travaillent au bien-être de ces jeunes.

* Cosignataires : Nancy Audet, auteure, conférencière, ex-placée et marraine de la Fondation des jeunes de la DPJ ; Fabienne Audette, directrice générale, Fondation des jeunes de la DPJ ; Anick Charland, ex-placée et membre du conseil d’administration, Centre amitié, ressources et entraide pour la jeunesse (C. A. R. E. Jeunesse) ; Jessica Côté-Guimond, ex-placée et directrice du Collectif Ex-Placé DPJ ; Melanie Doucet, ex-placée, chef de recherche et projets, Ligue pour le bien-être de l’enfance du Canada et professeure adjointe, Université McGill, École de travail social ; Caroline Dufour, coordinatrice de la Coalition Jeunes+ ; Stéphanie Gagné, présidente du conseil d’administration, Fondation pour l’enfance et la jeunesse, Saguenay–Lac-Saint-Jean ; Martin Goyette, cotitulaire de la Chaire-réseau de recherche sur la jeunesse du Québec ; directeur du partenariat EDJeP, École nationale d’administration publique ; Talina Henseleit, directrice générale, Centre amitié, ressources et entraide pour la jeunesse (C. A. R. E. Jeunesse) ; Catherine Ippersiel, instigatrice et porte-parole, Bagages de vie ; André Lebon, consultant et ex-vice-président de la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse ; Sonia Lombart, directrice générale, Déclic ; Jayne Malenfant, postdoctorante M3C, Université McGill, cofondatrice du réseau d’étudiants LivEx ; Varda Mann-Feder, professeure titulaire, Applied Human Sciences, Université Concordia ; Christine Stich, professeure adjointe, School of Population and Global Health, Université McGill ; Mikah Youbi, directeur général et fondateur de Renaître de la Rue et ex-placé de la DPJ ; Nicolas Zorn, entrepreneur social et ex-placé de la DPJ

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