Budget fédéral 2022

Ottawa accorde 20 millions au nouveau Musée de l’Holocauste

Le gouvernement fédéral a annoncé dans son budget dévoilé jeudi qu’il verserait 20 millions de dollars en 2022-2023 au ministère du Patrimoine canadien pour appuyer la construction du nouveau Musée de l’Holocauste, à Montréal. Un nouveau musée plus vaste, plus interactif et plus moderne doit ouvrir ses portes à l’automne 2025 sur le boulevard Saint-Laurent, dans l’arrondissement du Plateau-Mont-Royal. Il sera situé à la jonction du corridor muséal et du Quartier des spectacles, sur un terrain de 20 000 pieds carrés. Il doit notamment être doté de plus grands espaces d’exposition permanente et temporaire, d’un espace jeunesse, d’une salle consacrée aux témoignages interactifs par hologramme, de salles de classe à la fine pointe de la technologie, d’un auditorium de 150 places, d’un espace commémoratif et d’un jardin mémoriel. — Laila Maalouf, La Presse

Cyril Dion

Pour la suite du monde

Demain, un long métrage documentaire que Cyril Dion a coréalisé avec Mélanie Laurent en 2015, a conscientisé le monde à la crise des changements climatiques et aux solutions qui s’offrent à l’humanité. Animal expose maintenant la grande crise écologique découlant de l’extinction d’espèces animales pour non seulement comprendre le phénomène, mais aussi pour trouver des solutions. Le cinéaste nous a accordé un entretien en visioconférence.

Au cœur de votre documentaire se trouvent deux jeunes militants âgés de 16 ans : Bella Lack, étudiante à Londres qui milite pour les droits des animaux, et Vipulan Puvaneswaran, qui s’est engagé dans des grèves pour le climat. Comment Animal est-il né ?

L’idée m’a d’abord été soumise par Walter Bouvais, qui cosigne le scénario avec moi. J’ai accepté de réaliser ce film à la condition qu’en tentant de comprendre le phénomène de la disparition des espèces, nous puissions aussi offrir des pistes de solution. Au même moment, j’ai participé à plusieurs manifestations pour le climat un peu partout sur la planète, et je me suis alors rendu compte à quel point les jeunes ont vraiment une vision apocalyptique de l’avenir, à travers laquelle ils n’entrevoient aucun futur pour eux. Voir la vie de façon aussi sombre à 16 ans, vous vous rendez compte ? J’ai donc eu envie de raconter une histoire où des adolescents d’aujourd’hui entreprennent eux-mêmes une réflexion en explorant le sujet d’un peu plus près. Mon pari était de leur faire vivre un voyage à la fois géographique et initiatique, et voir comment leur regard sur le monde a pu évoluer.

Cette génération ne semble pas encore avoir l’écoute réelle de la classe politique ni des générations qui l’ont précédée. Est-il possible que cette fracture générationnelle se résorbe ?

C’est comme ça depuis que le monde est monde. On n’a qu’à regarder ce qui s’est passé au cours des années 1960 et 1970. La vision des jeunes de l’époque était en rupture avec celle de leurs parents. C’est tout naturel. J’ai rencontré Vipulan pour la première fois lors d’une visite de Greta Thunberg à Paris, place de la République. Il y avait tellement de journalistes et de photographes qu’on se serait cru au Festival de Cannes ! La jeunesse a beaucoup pris la parole à ce moment-là, ce qui est une très bonne chose. Le problème est que leur parole n’est pas considérée ensuite pour mettre en œuvre des mesures sur le plan politique. Mais cet écueil n’est pas seulement vécu par la jeunesse ; il est commun aux militants de tous les âges.

Un projet de long métrage documentaire comme Animal n’est-il pas destiné seulement à ceux qui partagent déjà les convictions des mouvements écologistes ?

C’est un risque. Mais grâce à Demain, nous avons dépassé le cercle militant pour atteindre un très vaste auditoire. Le film a beaucoup été vu, a été présenté dans une trentaine de pays et a suscité une vraie discussion. À cause de la COVID-19, Animal n’a pas eu une carrière en salle similaire en France, mais la couverture médiatique a été si grande que même des gens n’ayant pas vu le film connaissent son existence et savent de quoi il s’agit. Il y a là une première victoire, car le message se rend d’une façon ou d’une autre.

En Amérique du Nord, tant aux États-Unis qu’au Canada, il existe un courant politique où l’on nie pratiquement l’existence des changements climatiques et des bouleversements écologiques. Ce courant climatosceptique est-il aussi important en France ?

Heureusement, pas vraiment. En tout cas, pas autant qu’en Amérique du Nord. Un politicien, même d’extrême droite, qui nierait la réalité des changements climatiques serait très mal vu. Nous devons plutôt mettre nos efforts à combattre le greenwashing, c’est-à-dire un phénomène à travers lequel de faux sympathisants écologistes font semblant de l’être par pur intérêt. Ils sont souvent incarnés par des politiciens dont les actions ne correspondent pas du tout à leur discours. On essaie de dénoncer ce double jeu, qui existe aussi chez vous. Un moment donné, il faut quand même choisir son camp !

Depuis quelques années, la forme du long métrage documentaire a connu un essor populaire considérable, particulièrement sur les plateformes numériques. Comment l’expliquez-vous ?

Je crois que les gens ont soif de réel. On observe aussi ce phénomène dans la fiction, grâce à des longs métrages basés sur des faits réels – par exemple Grâce à Dieu, de François Ozon –, reconstruits de façon très méticuleuse. Cet appétit bénéficie au documentaire. Les films qui traitent d’écologie obtiennent même un si beau succès qu’une section particulière leur a été consacrée l’an dernier au Festival de Cannes [où Animal a été lancé]. Cela dit, je crois que le genre subit actuellement une sorte d’essoufflement parce que les gens ont déjà l’impression d’avoir tout vu. À cet égard, le phénomène Don’t Look Up me fascine complètement.

Pourquoi ce long métrage d’Adam McKay, avec Leonardo DiCaprio et Jennifer Lawrence, offert sur Netflix, vous fascine-t-il autant ?

Je trouve qu’Adam McKay a trouvé une forme qui permet de réinventer le genre du film d’alerte de façon remarquable en utilisant la satire, l’humour, et une distribution composée de grandes vedettes. Voilà un sillon que j’aurais bien envie de creuser. Cela a provoqué chez moi une réflexion. Le rayonnement de Don’t Look Up est si grand que tout le monde est en train de regarder cette forme nouvelle du coin de l’œil. Elle prouve que, même en tenant un discours très engagé, il est possible de toucher un très large public. Voilà une stratégie pour le moins efficace.

Animal prendra l’affiche le 15 avril.

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