Passeport vaccinal

Des portes se ferment pour les non-vaccinés

Devant l’urgence, Québec donne plus de poids au passeport vaccinal pour inciter les personnes non vaccinées à relever leur manche. Celui-ci deviendra conditionnel à l’obtention de trois doses, et non deux comme c’est le cas actuellement.

« La vague Omicron, c’est vraiment comme un raz-de-marée qui est en train de déferler sur tous les pays occidentaux, et le Québec n’y échappe pas », a tonné le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, en point de presse jeudi matin.

Afin de surmonter la cinquième vague qui frappe durement le système de santé, la troisième dose sera exigée pour que le passeport vaccinal demeure valide. La nouvelle exigence devrait entrer en vigueur au cours des prochains mois, mais pas avant que la population ait eu la chance de se faire vacciner, a assuré M. Dubé.

Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal, a salué la décision de Québec, soulignant que la dose de rappel est une arme dont on ne peut se passer dans le combat contre le variant Omicron.

« Je pense qu’on n’a pas le choix d’aller vers là dans la mesure où notre capacité hospitalière est très restreinte et que l’efficacité vaccinale à deux doses est insuffisante pour contrer Omicron », affirme Mme Borgès Da Silva.

« On n’a pas le choix d’aller vers un passeport vaccinal à trois doses, si on veut revenir à un [semblant] de vie normale. »

— Roxane Borgès Da Silva, professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal

La professeure soulève toutefois des doutes sur l’application de cette nouvelle exigence.

C’est que les experts recommandent aux personnes qui ont contracté la COVID-19 d’attendre au moins huit semaines après l’infection avant de recevoir leur dose de rappel. Or, depuis mardi, les tests PCR ne sont plus accessibles à la population générale. « Comment savoir qui a été infecté ou non quand on a une capacité de dépistage qui ne fournit plus ? Comment on va valider qui aura besoin de la [troisième dose] ? », se questionne Mme Borgès Da Silva.

Vers un passeport pour le salon de coiffure

Pour faire pression sur les personnes non vaccinées, qui comptent pour 50 % des hospitalisations aux soins intensifs alors qu’elles ne représentent que 10 % de la population, le passeport vaccinal a aussi été élargi. À compter du 18 janvier, il sera exigé à l’entrée des succursales de la SAQ et de la SQDC. Il sera par la suite étendu à l’ensemble des commerces non essentiels, comme les salons de coiffure et les centres commerciaux, a prévenu M. Dubé. Les détails seront annoncés dans les prochains jours.

« J’espère que ce sera un incitatif additionnel pour certains pour aller chercher leur première dose », a déclaré le ministre.

« On doit malheureusement protéger [les personnes non vaccinées] contre elles-mêmes et protéger notre réseau de la santé. Si les non-vaccinés sont mécontents de cette situation, il y a une solution très simple : c’est de se faire vacciner. »

— Christian Dubé, ministre de la Santé et des Services sociaux

Un avis que partage la professeure Roxane Borgès Da Silva. « Il faut quand même rappeler que c’est important de protéger ces personnes-là, qui sont très à risque de développer des symptômes graves de la COVID-19 et de se retrouver aux soins intensifs, ce qu’on ne veut surtout pas, et pour eux et pour notre système de soins », explique-t-elle.

Plus de 100 000 doses par jour

Québec a ajusté jeudi son calendrier pour accélérer l’administration de la troisième dose. Les personnes de 45 ans et plus seront appelées à prendre rendez-vous dès ce vendredi, les 40 ans et plus dès lundi prochain. Ce sera au tour des 35 ans et plus le 12 janvier, puis des 25 ans et plus le 14 janvier. Enfin, les 18 ans et plus pourront prendre rendez-vous pour leur dose de rappel à partir du 17 janvier.

En point de presse, Christian Dubé a assuré que la province mettait les bouchées doubles afin d’être en mesure d’administrer plus de 100 000 doses par jour, principalement des doses de rappel. Il a appelé les Québécois à accepter le vaccin qui leur serait offert au centre de vaccination. « On est chanceux, au Québec, il ne nous manque pas de vaccins, mais on n’est pas capables d’avoir [les vaccins] de Pfizer et de Moderna dans tous nos centres. Les deux vaccins sont excellents. Si on vous offre du Moderna, il est aussi bon que le Pfizer. »

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