Quand Slafkovsky rêve aux séries
Juraj Slafkovsky est toujours candide et il en a offert une nouvelle preuve mardi. Le confrère Arpon Basu lui a demandé s’il avait été suspendu pendant ses années en Liiga finlandaise.
« Oh, oui. Six matchs. Un coup de coude directement au menton », s’est souvenu le nouveau vingtenaire, après la victoire de 5-3 du Canadien face aux Panthers de la Floride.
« Six matchs de suspension et c’était ta première offense ?
– Oui. Ils haïssent les étrangers là-bas. Le frère de Martin Pospisil [des Flames de Calgary] jouait là-bas aussi, il se battait et il était suspendu quatre matchs. Ils haïssent les étrangers là-bas. C’est mon opinion. »
Voilà qui a le mérite d’être clair.
Cela dit, sa suspension ne signifie pas pour autant que l’ado alors membre du TPS Turku était robuste. « La patinoire était plus grande, donc j’étais toujours en retard. Ici, c’est plus petit, donc j’arrive plus rapidement et je n’ai pas besoin de lever mon coude quand je frappe ! », a détaillé Slafkovsky.
On avance de deux ans et voici Slafkovsky, dans un vestiaire de la LNH, quelques éraflures au visage, sans doute en raison de sa prise de bec avec Aaron Ekblad.
La robustesse, ce ne sont toutefois pas que des empoignades. Bêtement, les mises en échec sont l’élément le plus quantifiable ; il en a distribué trois mardi, et depuis son déclic de la mi-décembre, il en totalise 79 en 44 matchs, le deuxième total chez les attaquants du CH. Ça peut aussi être une implication physique qui lui permet de repartir avec la rondelle, ce qu’il a fait contre le gros Niko Mikkola (6 pi 5 po, 206 lb) en milieu de match.
« Je regarde mes présences, je remarque quand je peux frapper ou pas. Parfois, c’est Martin [St-Louis] ou Adam Nicholas qui me disent que je peux finir plus de mises en échec et quand ça se présente dans un match, je m’en souviens. »
« C’est un jeune qui apprend à jouer avec ses atouts, a ajouté St-Louis. Quand utiliser quoi, comment. J’ai côtoyé plusieurs joueurs qui ont tous ses atouts, mais ils ont un marteau quand ils ont besoin d’un tournevis. Il a atteint un point où il initie plus qu’il reçoit. Il prend un hit s’il le faut. Son jeu physique le sert en forecheck [échec avant] pour gagner des rondelles. Il couvre beaucoup de glace avec son physique. »
Pour la troisième année de suite, le Tricolore amorce le printemps en jouant des matchs sans enjeu – pour lui – au classement. Les fameux « matchs significatifs », ce sera pour l’an prochain, au mieux. On comprend que Slafkovsky a hâte d’y arriver. Deux fois plutôt qu’une, il a fait un lien entre le style de jeu qu’il apprivoise et les séries.
« Quand je suis robuste, ça crée plus d’espace pour moi aussi, estime le premier choix du repêchage de 2022. S’ils savent que je serai dur, ils ne viendront peut-être pas aussi proche et j’aurai plus d’espace sur la patinoire. C’était tout un match et c’est ce que j’aime, quand ça ressemble à un match de séries. »
Puis, quelques réponses plus tard : « À mes premiers matchs, je n’étais pas robuste du tout. J’ai appris à force de jouer ici, car tu dois être robuste dans cette ligue. C’est ce qui fait la différence en séries. Et on veut jouer tous les matchs comme si c’était en séries. »
Voilà qui est de bon augure pour le jour où le CH se rehissera parmi les bonnes équipes de la LNH.
Montembeault éclipse Stolarz
Les Panthers étaient peut-être privés de Matthew Tkachuk et de Carter Verhaeghe, mais la bête noire des Montréalais, et plus spécifiquement de Samuel Montembeault, y était : Aleksander Barkov.
Le grand Finlandais a été fidèle à lui-même. Il a servi une superbe feinte à Montembeault pour inscrire un 6e but en 21 tirs sur le gardien québécois.
Sauf que Montembeault a généralement connu une forte soirée de travail, qu’il a terminée avec 37 arrêts. Mais cette victoire était spéciale parce que c’était sa première, après six tentatives, face à son ancienne équipe. Sa fiche contre les Panthers avant la rencontre : 0-4-1, moyenne de 5,04, efficacité de ,871. Il était bien au fait des statistiques.
« C’est la première fois que je gagne contre eux. Les gars ont super bien joué. Ils m’ont donné cinq buts. Je suis vraiment content.
« J’ai été sorti deux fois d’un match l’an passé et les deux fois, c’était contre eux. Mais c’est le fun de voir qu’on compétitionne avec eux. »
Derrière ses allures de bon gars très décontracté se cache visiblement un athlète plus orgueilleux qu’on ne le croit. « C’est l’équipe qui m’a repêché. Je veux toujours les battre. Les années précédentes, j’essayais peut-être d’en faire trop contre eux », note-t-il.
Montembeault vient d’aligner trois solides performances contre trois puissances : Floride, Caroline, Colorado, des clubs qui ont aussi en commun de représenter un État plutôt qu’une ville. Tout ça au moment où son adjoint, Cayden Primeau, monte en grade. C’est à Primeau qu’on a remis la prestigieuse tranche du mois de mars de la Coupe Molson avant le match.
La fameuse compétition à l’interne, ça vaut aussi devant le filet.
Prochain match : Lightning de Tampa Bay c. Canadien, jeudi à 19 h au Centre Bell