Volodymyr Zelensky aux étudiants canadiens

« Ne nous oubliez pas »

Le président de l’Ukraine, Volodymyr Zelensky, s’est adressé mercredi matin par vidéoconférence à des centaines d’étudiants d’universités canadiennes, dont l’Université de Montréal, et leur a demandé de ne pas se lasser de la guerre et de ne pas cesser d’en parler.

« Par vos actions, par vos interventions dans les médias sociaux, par vos échanges avec vos amis, par vos manifestations pour l’Ukraine, merci de faire en sorte que personne n’oublie la guerre. Ne devenez pas lassés par la guerre. Ne nous oubliez pas. C’est ainsi que vous pouvez nous aider », a dit M. Zelensky en répondant à la question d’un étudiant d’origine ukrainienne de l’Université de l’Alberta sur les meilleures façons d’aider l’Ukraine.

Portant une veste militaire de style camouflage, droit et sérieux derrière son bureau, faisant quelques blagues (il a remercié l’étudiant albertain pour son costume traditionnel), M. Zelensky s’est adressé à ses compatriotes, à savoir les étudiants ukrainiens de passage au Canada, pour leur demander de ne pas oublier leur patrie.

« Sans vous, jeunes gens partis étudier à l’étranger, le processus de reconstruction sera très lent. Alors, s’il vous plaît, revenez. Revenez avec les connaissances de pointe que vous acquérez et avec la volonté de vivre et bâtir une Ukraine indépendante. »

Message entendu pour Anastasiia Dombrovska et Anastasiia Soshenko, deux étudiantes ukrainiennes de 18 ans récemment arrivées au Québec et inscrites en science politique à l’Université de Montréal.

« Mais oui, nous voulons retourner dans notre pays, confie Anastasiia Soshenko, résidante de Kharkiv. Tout le savoir que nous accumulons ici, nous voulons l’utiliser, l’appliquer en Ukraine. Nous désirons construire un nouveau pays libre lorsqu’il sortira de la guerre. »

« C’est un grand honneur pour nous de participer à cette rencontre. Cela a une grande signification, dit sa condisciple Anastasiia Dombrovska, de la région de Kirovograd. M. Zelensky est devenu un héros dans le monde. »

Triste transparence

Ponctuée de plusieurs questions pertinentes, la rencontre a été organisée par la Munk School of Global Affairs and Public Policy de l’Université de Toronto.

Des étudiants des universités de l’Alberta, de Calgary, de l’Île-du-Prince-Édouard, de Kingston (Queens), du Manitoba, de la Saskatchewan, de Waterloo, de London (Western), de la Nouvelle-Écosse (Dalhousie) et de Montréal y participaient.

En guise d’introduction, M. Zelensky a rappelé son passage à Toronto à l’été 2019, alors que son pays mettait en place plusieurs mesures destinées à améliorer la démocratie et que la population était remplie d’espoir.

Les choses ont bien changé en trois ans et personne ne s’attendait à cela, a-t-il noté.

« À l’été 2019, nous construisions un pays d’institutions transparentes, de règles équitables et honnêtes, de gens prospères et libres. Aujourd’hui, ce sont les murs de nos bâtiments qui sont transparents, dans le sens le plus littéral qui soit, parce qu’ils ont été détruits par des missiles et des bombes russes. »

— Volodymyr Zelensky, président de l’Ukraine, aux étudiants canadiens

Un étudiant de l’Université de Montréal, Vincent Perras, qui vient de terminer son baccalauréat en histoire, a posé une question au président ukrainien. « Selon vous, comment les institutions internationales comme le Conseil de sécurité de l’ONU pourraient-elles être réformées pour prévenir d’autres guerres et agressions ? », a-t-il demandé.

« Toutes ces institutions sont importantes, mais elles doivent s’améliorer, a répondu M. Zelensky. Les choses ont bien changé et tout va plus vite aujourd’hui. En ce sens, les institutions internationales ne peuvent plus, comme autrefois, s’engoncer dans des longues discussions alors que des gens meurent. Elles doivent être très énergiques dans leurs interventions, en arriver à des résultats. Elles doivent être comme le service 911. Vous vous sentez mal, alors elles viennent à votre rescousse. »

Les RÉSEAUX sociaux comme des « armes »

M. Perras, qui amorcera une maîtrise en histoire l’automne prochain, était heureux du résultat. « Ce fut une belle expérience, a-t-il dit à La Presse. Dans ce genre de discussion formelle, on ne s’attend pas à avoir une dissertation très intense, mais j’ai trouvé que la réponse donnée sur la rapidité de la réponse des institutions était intéressante. »

Au sujet, justement, de ce monde qui a changé, le président ukrainien a dit que les réseaux sociaux et l’internet pouvaient être des outils formidables pour « réduire les distances entre nos pays » et « faire connaître la vérité ». « Dans notre cas, ils ont pratiquement été comme des armes, car ils ont permis de montrer au monde entier ce qui se passait en Ukraine. L’information peut parfois être très percutante. »

Mais des armes, l’Ukraine en a encore besoin et M. Zelensky l’a répété dans une autre intervention. « Nous avons besoins d’armes, d’aide humanitaire et financière, et nous avons besoin que les pays maintiennent des sanctions permanentes contre la Russie. »

22 juin 1941

En ce 22 juin 2022, le président Volodymyr Zelensky a rappelé qu’il y a 81 ans commençait le bombardement de Kyiv par les forces allemandes. « Aujourd’hui, nous nous battons encore pour les même raisons, la liberté et notre territoire. »

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